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Être libre, est-ce seulement exercer son libre-arbitre ?

Publié le 29/01/2004

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libre arbitre
L'homme est ainsi cet être qui, compte tenu de ce pouvoir d'auto-détermination qui définit sa liberté, n'est relatif à rien d'autre qu'à lui-même. Cette dernière proposition nous laisse toutefois assez circonspects : l'homme n'est-il pas toujours effet de quelque chose ? Pour voir le jour, il ne s'est pas tiré du néant comme le Baron de Münchhaussen se tirant par les cheveux pour sortir de son trou, il a été conçu, éduqué durant son âge juvénile, et cette éducation a sans doute déterminé pour une part les choix qu'il fera étant adulte. Or pourquoi ce qui vaut quant à son existence (elle est relative à quelque chose qui n'est pas lui et lui reste extérieur), ne vaudrait pas aussi en ce qui concerne ce qu'il veut ? En outre, l'immédiateté de l'évidence est suspecte : ce qui est immédiat est irréfléchi et certaines choses que nous prenons pour des évidences peuvent se révéler fausses (ainsi d'une évidence sensible par exemple). Spinoza insiste particulièrement sur ces différentes objections à la thèse du libre arbitre : « Il n'y a dans l'âme aucune volonté absolue ou libre ; mais l'âme est déterminée à vouloir ceci ou cela par une cause qui est aussi déterminée par une autre, et cette autre l'est à son tour par une autre, et ainsi à l'infini. »" En d'autres termes, nous croyons abusivement libres parce que nous sommes ignorants des causes qui nous font agir et vouloir : nous avons immédiatement conscience de ce que nous voulons, des fins que nous visons, et avons à prendre conscience de ce qui nous fait vouloir ceci ou cela, des causes de nos désirs. Notons en outre que ce manque de savoir n'est pas en fait susceptible d'être comblé puisque la recherche des causes va, comme le dit Spinoza, à l'infini. Pourquoi les hommes restent-ils la plupart du temps dans l'irréflexion et ne cherchent pas à connaître ces causes ? car ils aiment, explique Spinoza, se représenter comme un « empire dans un empire » : l'orgueil et la crainte de devoir subir sa vie plutôt que de la vouloir les inclinent à cette croyance en l'illusion du libre arbitre, étant entendu que nous croyons toujours davantage à ce que nous désirons.
libre arbitre

« Pour chacun, la liberté est une évidence dont témoignent les résistances que nous opposons spontanément àquiconque veut nous contraindre.

Qu'un élève soit sommé de quitter le cours par un enseignant qui lui signifie uneexclusion, aussitôt il manifeste son mécontentement en claquant violemment la porte : il s'exécute mais témoignesimultanément que sa volonté reste hostilement disposée, libre, irréductible.

C'est qu'on peut bien contraindre autruià faire et beaucoup plus difficilement à vouloir.

La volonté reste libre, quelques que soient les entraves à l'action.Descartes souligne cette évidence de ce qu'on appelle le libre arbitre, cette liberté intérieure qui se rapporte à notrevolonté : « La liberté de notre volonté se connaît sans preuve, par la seule expérience que nous en avons.

» Descartes: Car, par exemple, si je considère la faculté de concevoir qui est en moi, je trouve qu'elle est d'une fort petite étendue, et grandement limitée [...].

En même façonsi j'examine la mémoire, ou l'imagination, ou quelque autre faculté qui soit en moi, jen'en trouve aucune qui ne soit très petite et bornée, et qui en Dieu ne soit immense etinfinie.

Il n'y a que la volonté seule ou la seule liberté du franc [libre] arbitre quej'expérimente en moi être si grande que je ne conçois point l'idée d'aucune autre plusample et plus étendue, en sorte que c'est elle principalement qui me fait connaître queje porte l'image et la ressemblance de Dieu.

Car encore qu'elle soit incomparablementplus grande dans Dieu que dans moi, soit à raison de la connaissance et de lapuissance, qui se trouvent jointes avec elle et qui la rendent plus ferme et plus efficace,soit à raison de l'objet, d'autant qu'elle se porte et s'étend infiniment à plus de choses,elle ne me semble pas toutefois plus grande, si je la considère formellement etprécisément en elle-même.Car elle consiste seulement en ce que nous pouvons faire une même chose, ou ne lafaire pas, c'est-à-dire affirmer ou nier, poursuivre ou fuir une même chose ; ou plutôtelle consiste seulement en ce que, pour affirmer ou nier, poursuivre ou fuir les chosesque l'entendement nous propose, nous agissons en telle sorte que nous ne sentonspoint qu'aucune force extérieure nous y contraigne.Car afin que je sois libre, il n'est pas nécessaire que je sois indifférent à choisir l'un ou l'autre des deux contraires, mais plutôt,d'autant plus que je penche vers l'un, soit que je connaisse évidemment que le bien et le vrai s'y rencontrent, soit que Dieudispose ainsi l'intérieur de ma pensée, d'autant plus librement j'en fais choix et je l'embrasse ; et certes la grâce divine et laconnaissance naturelle, bien loin de diminuer ma liberté, l'augmentent plutôt et la fortifient ; de façon que cette indifférence que jesens lorsque je ne suis point emporté vers un côté plutôt que vers un autre par le poids d'aucune raison, est le plus bas degré dela liberté, et fait plutôt paraître un défaut dans la connaissance qu'une perfection dans la volonté, car si je connaissais toujoursclairement ce qui est vrai et ce qui est bon, je ne serais jamais en peine de délibérer quel jugement et quel choix je devrais faire ;et ainsi je serais entièrement libre, sans jamais être indifférent. Avez-vous compris l'essentiel ? 1 Quelle conception de la liberté Descartes défend-il ?2 L'indifférence est-elle la condition d'un véritable choix ?3 Pourquoi la liberté selon Descartes est-elle liée à la volonté ? Réponses: 1 - Celle du libre arbitre, c'est-à-dire de la liberté de choix.2 - L'indifférence est l'état où nous sommes quand aucune raison ne nous éclaire sur le choix à faire.

En ce cas, nous sommessans doute libres de dire oui ou non à ce qui nous est proposé, mais nous le restons aussi quand nous ne sommes pas indifférents,et par conséquent cet état n'est nullement nécessaire.3 - Parce qu'être libre, c'est pouvoir dire oui ou non, et qu'affirmer ou nier ne peuvent être des actes de l'imagination, ni del'entendement, mais de la volonté seule. Excédant toute preuve, le libre arbitre s'atteste par sa seule manifestation.

Dire qu'elle se connaît sans preuvesignifie à la fois qu'il est inutile de la prouver tant elle se manifeste avec évidence, et qu'il est impossible de laprouver tant elle excède l'intelligence que nous pouvons avoir de tout mouvement naturel.

On dira alors que laliberté de la volonté comporte une dimension proprement métaphysique (littéralement : qui est au-delà de la nature): tous les mouvements naturels, en effet, sont susceptibles d'être expliqués par un rapport de cause à effetdéterminé et qui veut que la cause précède l'effet et est extérieur à lui.

Avec le libre arbitre, ce qui se donnecomme une évidence, c'est, à l'inverse, le pouvoir d'auto-détermination de l'homme qui en fait un être, sinon hors. »

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