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QU'EST-CE QU'ÊTRE MAITRE DE SOI ?

Publié le 04/10/2010

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- Qu’est-ce que maîtriser un processus quel qu’il soit ? C’est organiser une stratégie vitale pour soumettre à une force ce processus. Or, qu’est-ce que le soi, dans la question “qu’est-ce qu’être maître de soi” ? On entend par là le sujet lui-même, la conscience du sujet. Ce sujet exige une maîtrise ou un pouvoir, c’est-à-dire l’exercice d’une force. Mais pour quelle raison ? Que serait ce “soi”, s’il n’était pas maîtrisé ? Il serait perdu dans le chaos ou le vide, dans l’écoulement incessant du temps, des pulsions, des désirs ou des passions. Si je n’agis pas sur le “soi”, alors je me perds moi-même, je m’égare : la non maîtrise de soi représente la forme même de l’aliénation, de l’esclavage, de l’intempérance, de l’homme esclave de lui-même et du monde (voir le discours de Calliclès donné en devoir et la figure de l’intempérance que Platon décrit et compare volontiers à un tonneau percé; voir également la première partie du cours sur le désir). L’intempérance consiste, pour le soi, à se laisser emporter dans un flux et un flot irrationnels, à vivre passivement, à être possédé par des forces qui aveuglent et produisent désordre et incohérence.   

« (par la technique, le travail, par exemple), du pouvoir politique (l'Etat, le gouvernement) et social (le pouvoir desclasses sociales, des groupes, etc.), on peut parler, en effet, d'un pouvoir sur soi : pour se gouverner soi-même, semaîtriser, trouver une règle de conduite harmonieuse et résister aux forces de dislocation (les troubles passionnels,l'angoisse de la mort, l'usure du temps, etc.), il convient d'abord de se connaître, c'est-à-dire de savoir qui noussommes et ce que nous sommes. A) La non maîtrise de soi : l'exemple des passions - Qu'est-ce que maîtriser un processus quel qu'il soit ? C'est organiser une stratégie vitale pour soumettre à uneforce ce processus.

Or, qu'est-ce que le soi, dans la question “qu'est-ce qu'être maître de soi” ? On entend par là lesujet lui-même, la conscience du sujet.

Ce sujet exige une maîtrise ou un pouvoir, c'est-à-dire l'exercice d'uneforce.

Mais pour quelle raison ? Que serait ce “soi”, s'il n'était pas maîtrisé ? Il serait perdu dans le chaos ou le vide,dans l'écoulement incessant du temps, des pulsions, des désirs ou des passions.

Si je n'agis pas sur le “soi”, alors jeme perds moi-même, je m'égare : la non maîtrise de soi représente la forme même de l'aliénation, de l'esclavage, del'intempérance, de l'homme esclave de lui-même et du monde (voir le discours de Calliclès donné en devoir et lafigure de l'intempérance que Platon décrit et compare volontiers à un tonneau percé; voir également la premièrepartie du cours sur le désir).

L'intempérance consiste, pour le soi, à se laisser emporter dans un flux et un flotirrationnels, à vivre passivement, à être possédé par des forces qui aveuglent et produisent désordre etincohérence. - Ainsi, pour toute la tradition antique et classique, les passions désignent-elles tous les phénomènes passifs del'âme, c'est-à-dire tout ce qui est subi par l'individu, échappe à sa volonté et à sa raison.

Dans cette perspective,la passivité n'est - elle pas la marque première de l'esclavage et de la non maîtrise de soi ? La passion renvoie à laservitude que peut entraîner le désir; elle est ce qui enchaîne l'homme à un objet; le désir ne s'accomplit pas, il sefixe ou se pervertit : Harpagon aime l'or, il accumule ce métal qui n'est qu'un signe ou un intermédiaire; le désird”Harpagon, au lieu de se porter sur le plaisir lui-même, s'arrête sur ce qui n'en est que le signe.

Le désir est ainsiperverti, détourné de son but.

Le passionné poursuit un but qu'en réalité il n'a pas choisi.

Il est en effet incapabled'en rendre raison : le pouvoir, l'argent, le jeu s'imposent comme des absolus dont il est inadmisssible de rendreraison.

Seul le froid raisonneur peut justifier le bien-fondé du but qu'il poursuit.

Celui qui ne sait pas pourquoi il agit atoutes les chances d'être en réalité contraint par des causes qui lui échappent : ce n'est que dans la mesure où lesmotifs de mon action sont conscients que je sais pourquoi j'agis, que je suis l'auteur de mon acte.

Dans le cascontraire, je suis déterminé; je ne me détermine pas : les circonstances choisissent à ma place. B) Connaître ses passions pour les maîtriser et avoir un pouvoir sur soi - L'ignorance ou la méconnaissance de soi sont, dès lors, les premières causes de la non maîtrise de soi, del'intempérance, de l'aveuglement et de l'esclavage.

C'est dire que la connaissance constitue un véritable pouvoir etqu'elle est la condition sine qua non de la liberté, de l'autonomie, voire du bonheur.

En effet, qu'est-ce qu'êtremaître de soi ? N'est-ce pas d'abord se saisir, se connaître, appréhender ses passions, mesurer leur impact et leursens, les interpréter, les comprendre ? Si l'on entend par connaissance, la fonction ayant pour effet de rendre unobjet présent aux sens et à l'intelligence, elle constitue un authentique pouvoir, c'est-à-dire une capacité de fairetriompher la volonté et d'atteindre un but, une possibilité effective de faire quelque chose, une faculté d'action etd'affirmation de soi (en ce sens, le pouvoir est synonyme de puissance, à condition de ne pas réduire cette dernièreà la seule puissance physique).

Connaître revient donc à agir, maîtriser, dominer, voire posséder, ce qui est del'ordre de l'inconnu, de l'irrationnel; c'est véritablement aller de l'opaque au transparent. - Ici la philosophie spinoziste des passions et du désir pouvait servir de fil directeur.

Nous développerons iciexceptionnellement cette partie pour faire un rappel sur la philosophie de Spinoza et reprendre un certain nombre depoints qui avaient été abordés dans le cours sur le désir. - En effet, une passion cesse d'être une passion quand nous en formons une idée claire et distincte.

Etre maître desoi consiste à se connaître de mieux en mieux, à forger des idées adéquates du soi, à interpréter le sens de nosconduites, de sorte que l'interprétation est d'abord connaissance.

Le but de Spinoza est de rechercher un bienabsolu, éternel, infini.

Apprendre à penser doit nous permettre de trouver le souverain Bien, un bien véritable quipuisse se communiquer et donner les suprême contentement ou “béatitude” : ce bien, c'est la vie selon la raison,qui nous sauve du trouble des passions.

La vie de l'homme dépend de la nature de sa connaissance.

Sa servitudeest due à l'infirmité de sa conscience, à ses erreurs dans la connaissance de ses rapports avec le tout.

Laconnaissance vraie est salvatrice : la libération de l'homme est due à une purification de l'entendement, rendantpossible son accès à la connaissance vraie et au bonheur.

Voir, à ce sujet, dans le cours sur le désir, la distinctionqu'établit Spinoza entre les trois genres de connaissance.

C'est la connaissance qui détermine notre moded'existence et, notamment, la qualité de nos sentiments : la connaissance du second et du troisième genre est leprincipe de nos vertus, conduisent à une régénération de l'être, et lui assurent puissance et liberté. - Nos sentiments sont des passions lorsqu'ils ont leur source dans la connaissance du premier genre, c'est-à-diredans des idées confuses, mutilées, partielles ou inadéquates.

Ce sont des actions lorsqu'ils expriment le dynamismede nos idées adéquates, lesquelles procèdent de la connaissance du deuxième et troisième genre.

La passion estainsi ce que nous éprouvons quand nous ne sommes pas la cause de nous-mêmes, lorsqu'une activité étrangère ànotre nature limite notre propre activité, lorsque nous sommes déterminés par des causes extérieures.

Ces passionss'expliquent par des causes naturelles, par la finitude de notre être lorsque celui-ci est inconscient de lui-même.. »

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