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Être ou ne pas être

Publié le 02/05/2012

Extrait du document

 \"Etre ou ne pas être, c'est là la question \", est une formule culte que Shakespeare met dans la bouche d'un de ses personnages, nommé Hamlet, dans un drame du même nom. A priori, rien ne pourrait faire de Shakespeare un philosophe. C'est un simple écrivain anglais, célèbre pour ses pièces de théâtre. Pourtant, cette phrase est profondément philosophique. Elle interroge l'existence et sa valeur. Elle demande pourquoi vivre, à quoi bon vivre ? Mieux vaut-il être ou ne pas être ?

La question ne peut émerger que lorsque la lascivité est à son comble, et que la vanité du monde se fait sentir dans toute sa pesanteur. Il faut avoir mis le doigt sur les souffrances insupportables de la vie (« les flagellations et les dédains du monde, l'injure de l'oppresseur, l'humiliation de la pauvreté, les angoisses de l'amour méprisé, les lenteurs de la loi, l'insolence du pouvoir, et les rebuffades que le mérite résigné reçoit d'hommes indignes ») avant que cette question ne se pose.

Hamlet est accablé par son destin, et se demande s'il ne ferait pas mieux de mettre fin à sa vie. Mais il se résigne vite à continuer de vivre, parce qu'il sait, au fond, pourquoi il vaut mieux être que ne pas être : ce qui doit inciter les hommes à vivre est la crainte de l'au-delà. En effet, qui sait si les souffrances de l'autre côté ne sont pas beaucoup plus fortes ? Qui sait si un hypothétique Dieu n'en voudrait pas à celui qui a la faiblesse de mettre fin à sa vie ? Personne n'est jamais revenu de l'au-delà pour en témoigner.

La réponse de Hamlet au problème de l'existence est tout à fait ancrée dans son temps. Elle suppose la présence d'un Dieu-juge qui rendrait la vie infernale pour les suicidés n'ayant pas assumé leur existence terrestre. En ayant mis fin trop tôt à leurs souffrances, ils n'auraient pas réussi les épreuves qui leur étaient envoyées par Dieu. Derrière « être ou ne pas être ? » se profile donc une autre question, plus primordiale : « Dieu existe-t-il ? » La réponse de Hamlet est une réponse chrétienne, et elle est finalement peu satisfaisante. D'ailleurs, Hamlet n'hésite pas à la qualifier de « lâche » : en effet, seule la peur ou l'ignorance nous empêche de mettre fin à nos jours ; il n'y a aucun argument raisonnable, aucune conviction non plus.