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"Etre de son temps, c'est vivre à la pointe de l'histoire, mais en se souvenant qu'il y a derrière nous ce prodigieux, cet infini passé." Expliquer cette pensée de Maurois, en montrant dans quelle mesure : respect du passé et désir de nouveauté, de progrès, semblent légitimes et conciliables.

Publié le 22/02/2012

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Introduction : ■ Toute génération nouvelle a tendance à brûler ce qui l'a précédée. ■ Que penser de la prise de position de Maurois à ce propos ? Envisager ses 2 aspects. Première partie : ■ Recherche du nouveau = condition de progrès. ■ Ceci implique : lutte, destructions ; mais aussi « bâtisses «, attitude constructive, révolte bénéfique, attaque du dogmatisme et des systèmes clos. Deuxième partie : ■ Il serait dangereux cependant d'oublier le Passé. ■ Un respect profond du passé est le vrai point de départ du Progrès.

■ La dette des hommes envers leurs prédécesseurs est considérable, même lorsqu'ils la nient. Conclusion : ■ Sans diviniser le Passé (danger de Routine), il faut s'appuyer sur lui pour préparer l'avenir.   

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« classiques d'humeur indépendante.

...Le Romantisme l'a fait renaître, lui a donné essor et forme nouvelle, comme il aété le triomphe de l'individualisme et des deux facultés les plus personnelles : sensibilité et imagination.

Il a ouvertainsi des voies insoupçonnées et sans lui toutes les écoles modernes — même celles qui l'ont nié — n'auraient pasexisté de même façon.

Thibaudet l'a bien affirmé : «le Romantisme est la grande révolution littéraire moderne ».

Onvoit qu'« être de son temps », c'est « vivre à la pointe de l'histoire » ; c'est avoir l'audace en tous domaines derejeter les adages acceptés trop respectueusement ; c'est, comme Pascal, ne plus admettre que « la nature ahorreur du vide », quand on se rend compte que cette formule n'a pas été vérifiée ; c'est rejeter les stupidités quipendant des siècles furent la rançon d'une vénération abusive des principes d'Aristote ; c'est combattre ledogmatisme, les systèmes clos, qui ne font pas avancer la pensée et qui sont particulièrement néfastes pour lascience : Freud édifia la psychanalyse en se dressant contre les psychiatres, tandis que la géométrie de l'atome sedétourna d'Euclide, comme la chimie, de Lavoisier et la mécanique, de Newton. * * * Mais si le disciple risque de stagner et de rendre possible une théorie qui fut vivante, en se contentant de la suivretrop fidèlement, il ne faudrait pas tomber dans l'excès inverse.

Il fut une époque, celle du « surrationalisme » (termeforgé par Bachelard) où l'on crut que la science allait ne conserver que le principe d'incertitude, donc abdiquer.C'était aller trop loin dans le désir de remettre en question la pensée des aînés.

S'il ne s'agit pas d'un respect troppoussé du passé qui endort l'esprit d'examen pour le remplacer par celui d'autorité, (( ce prodigieux, cet infini passé» n'en est pas moins « derrière nous » et il serait dangereux de l'oublier.

Il n'est pas question, comme La Bruyère,d'affirmer : « Tout est dit, depuis 2000 ans qu'il y a des hommes et qui pensent »...

Remarquons d'ailleurs que cespartisans des Anciens, lors de la célèbre querelle, ces La Bruyère, La Fontaine, Racine et autres ...

faisaient preuvedans leur « imitation » de l'Antiquité, de qualités infiniment créatrices et se révélaient de réels « Modernes » dansleurs œuvres.

Ne doit-on pas réfléchir sur la profondeur de cette formule de Renan : « Les vrais hommes de progrèssont ceux qui ont pour point de départ un respect profond du passé » ? En effet, faire table rase totalement est-ilpossible ? Si Babinski fait progresser la psychiatrie en démontrant que Charcot avait commis des erreurs, trompé par desmalades de la Salpêtrière, il lui a bien fallu d'abord s'appuyer sur les découvertes de son vieux maître pour avancerlui-même.

Les théories de Newton sont désormais insuffisantes et doivent être complétées par celles d'Einstein,certes.

Mais sans elles ? ...

Le véritable homme de progrès ne peut négliger ce qui fut fait avant lui ; Archimède,pour les physiciens, Lavoisier pour les chimistes, Pythagore pour les géomètres ne peuvent être supprimés d'un traitde plume.

« Apprendre les sciences, c'est apprendre l'histoire des sciences ».

Les chercheurs ne font dedécouvertes qu'après avoir étudié les découvertes de leurs prédécesseurs, même si celles-ci sont dépassées par lasuite.

— De plus, même pour ceux qui prétendent le plus s'en passer ou s'élever contre lui, le passé joue un rôlecertain dans l'élaboration de la pensée, des sentiments, des automatismes même.

Freud a insisté sur l'addition defaits, d'habitudes, de mécanismes souvent ancestraux qui modèlent notre être.

Mais les influences directes sontplus nettement décelables ! Rabelais s'affirme homme de la Renaissance ? C'est vrai ; il renie tout le Moyen Age ! Làil se trompe, en toute sincérité ; que d'influences médiévales peuvent être décelées dans le Gargantua, lePantagruel et leur suite telles que la satire traditionnelle de la justice, des couvents, des femmes !...

Le surréalismeest un mouvement de révolte et de rupture ? mais il ranime une tradition qui remonte jusqu'au romantisme, sesrecherches ont tourmenté la poésie française depuis Baudelaire ; et Nerval, Lautréamont, Rimbaud, avaientpressenti cette « poésie pilote » à laquelle Breton assigne le rôle « d'expérimenter et d'exprimer [...] la vraie vie».Ainsi, même lorsqu'elle est niée, la dette des hommes envers leurs prédécesseurs est considérable.

L'étude desdivers types de l'architecture grecque ou des cintres d'une cathédrale montre combien chaque nouvelle audace n'apu être tentée que grâce aux apports précédents et prouve à elle seule le rôle « prodigieux »,«infini » du passé. * * * Certes, diviniser le passé risque d'entraîner une routine qui intimide et paralyse.

Certes, c'est parce que certains «Savants » avaient attaché une valeur péremptoire à la théorie de la génération spontanée que Pasteur s'est heurtéà une résistance féroce contre ses thèses sur l'asepsie.

Il a fait preuve alors d'un esprit critique assez ferme pour luipermettre de ne pas céder devant l'autorité des augures scientifiques et pour provoquer une révolution de lascience(1)....

Il ne faut donc pas rendre au passé un culte intolérant, mais avoir toujours en alerte « l'espritcritique.

[Car] réduit à lui seul, [celui-ci] n'est ni un éveilleur d'idées, ni un stimulant de grandes choses.

[Mais] sanslui, tout est caduc.

Il a toujours le dernier mot » (Pasteur).

Cependant il faut s'appuyer sur le passé pour préparerl'avenir.

Ne peut regarder utilement vers le progrès que celui qui ne méprise pas l'édifice sur lequel il bâtit.

Le Passé,l'apport des siècles, ce sont les fondations, les assises, la chaîne d'artisans, de chercheurs, de penseurs qui ontapporté chacun sa pierre « à la grande résultante ».

« Il convient de recourir aux leçons de l'histoire, écrivait lephysicien Paul Langevin, [...] il faut marquer le sens du mouvement et enseigner le respect du passé, car c'est lepassé qui prépare et garantit l'avenir.

». »

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