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Etude de l'extrait quatrième chapitre de Micromégas

Publié le 18/10/2010

Extrait du document

 

  Le conte voltairien n’est pas seulement comme son nom l’indique un conte mais il est bien plus encore. Voltaire, un des plus célèbres écrivains des Lumières, doit sa réussite absolue à une parfaite maîtrise de l’ironie qui vise à divertir le lecteur mais également à critiquer afin de lui apprendre certaines leçons.

      Micromégas est publié en 1752 seulement en Angleterre pour éviter la censure. Voltaire en avait publié auparavant une ébauche Le Baron de Gangan (1738). A l’époque de la publication de Micromégas, Voltaire avait alors fui la Cour et les lieux de pouvoir au château de Cirey chez sa compagne Emilie du Chatêlet. Il s’y initie aux sciences et s’en passionne.

      Micromégas est le récit d’un géant du même nom qui entreprend un voyage philosophique dans le système solaire et notamment sur terre.

      Dans un premier temps, il faut observer les différents procédés d’écriture qu’emploie Voltaire pour plaire au lecteur et ensuite en tirer les leçons qu’il veut nous apporter.

 

      Afin de susciter l’intérêt du lecteur, Voltaire cherche à capter son attention par certains procédés d’écriture.

      Le comique est savamment utilisé, la plupart du temps de façon ironique. Pourtant on trouve aussi quelques notes d’humour (« ils mangèrent à leur déjeuner deux montagnes « l.2) qui ne visent pas vraiment à critiquer mais plutôt à faire rire. Mais l’ironie est partout présente dans l’œuvre de Voltaire. La comparaison imagée du nain de Saturne qui n’arrive pas à suivre la cadence de Micromégas (« suivait de loin en haletant « l.7) avec un « très petit chien de manchon qui suivrait un capitaine des gardes du roi de Prusse « (l. 10-11) vise sans doute Fontenelle qui n’arrive pas à égaler et est dépassé par le génie de Voltaire.

La critique qui est faite de la terre est ironique et rend la terre risible d’un point de vue extérieur. Elle est qualifiée de « petit pays « (l.4) « mal construit « (l.41), « irrégulier « (l.42) et « ridicule « (l.41), proche du « chaos « (l.43). Les mers et océans comparés à des « mares « et « étangs «, les fleuves à des «  petits ruisseaux « (l.44) et les montagnes à des « petits grains « qui écorchent seulement les pieds des géants traduisent une poétique de l’objet rétréci liée à la relativité.

      On observe des répétitions qui donnent un rythme au texte et évoquent la frénésie scientifique (« Ils firent tout ce qu’ils purent en allant et revenant dessus et dessous « (l.24-25), « Ils se baissèrent, ils se couchèrent, ils tâtèrent partout « (l. 25-26)) et les débats enflammés (« Mais, dit le nain « (l.39), « Mais, répondit l’autre « (l.40), « Mais, dit le nain « (l.41)) auxquels se livrent les deux géants.

      Voltaire utilise aussi l’interpellation du lecteur pour le maintenir alerte, instaure une situation d’énonciation qui implique plus encore le lecteur dans l’action : « figurez-vous « (l.9), « nous et nos confrères les autres habitants de ce globe avons l’honneur d’exister « (l.30-31).

 

      L’auteur cherche à plaire au lecteur certes, mais pas seulement. Il veut également faire réfléchir et enseigner certaines leçons à ses lecteurs.

      Le thème de la relativité est le fil conducteur du conte. Voltaire veut par cette notion, donner une leçon d’humilité aux hommes qui sont vaniteux en leur montrant qu’il y a plus grand qu’eux et qu’ils ne sont rien face à l’univers. Voltaire les qualifie de « petits êtres qui rampent « face aux deux géants qui ne peuvent les apercevoir.

      Le thème de la science vise à faire part aux lecteurs de certaines vérités. En effet, lorsque Voltaire écrit « le soleil à la vérité, ou plutôt la terre fait un pareil voyage «, il fait référence à la croyance que la Terre est le centre de l’univers et que tout tourne autour d’elle. Voltaire, qui est admirablement passionné par les sciences, connaît l’héliocentrisme.

De plus, Voltaire montre l’importance de la méthodologie scientifique par le contre-exemple du nain de Saturne qui en applique de mauvaises. Ce dernier qui juge « quelquefois un peu trop vite « déduit que la terre est inhabitée seulement par le fait qu’il n’y a vu aucun être vivant. Malgré les essais de Micromégas pour l’amener à ne pas déduire sans avoir expérimenté, car on ne doit se fier à l’insuffisance des sens mais les prolonger, grâce à des instruments et par une étude plus approfondie, le nain de Saturne finit par conclure que de toute façon la terre est si peu faite pour la vie que « des gens de bons sens ne voudraient y demeurer « (l.54-55). On peut peut-être voir ici une critique de la société par Micromégas, symbole de la raison, qui envisage cette possibilité.

      Enfin Voltaire, fervent déiste, défend l’idée de la variété du cosmos : l’irrégularité et la laideur sont les attributs de l’imagination de la Providence : « ceci n’est pas fait pour rien « (l.58). Tout correspond à l’œuvre du Créateur et ne doit être critiquée, surtout lorsqu’on n’a qu’un seul élément de comparaison, souligne Micromégas : « Tout vous paraît irrégulier […] parce que tout est tiré au cordeau dans Saturne et dans Jupiter « (l.58-60).

 

      Voltaire vise à captiver son lecteur par différents procédés d’écriture mais sous le masque du conte divertissant, l’auteur cherche à faire passer des messages déistes d’humilité et de vérité à la société. Voltaire n’est pas seulement un écrivain talentueux, c’est également un défenseur des valeurs du courant auquel il appartient, le siècle des Lumières, où raison, tolérance et connaissance sont les mots d’ordre.

 

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