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Étudiez et comparez les quelques textes suivants sur les rapports de la raison et de la sensibilité chez les philosophes du XVIIIe siècle

Publié le 22/02/2012

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Étudiez et comparez les quelques textes suivants sur les rapports de la raison et de la sensibilité chez les philosophes du XVIIIe siècle : «Pour tous ces auteurs l'exercice de la raison philosophique est, sans aucun doute, le titre principal de l'Homme de Lettres ; c'est le mouvement conquérant de cette raison qui lui confèrent son ministère. L'homme de lettres, dit La Harpe, «c'est celui dont la profession principale est de cultiver la raison, pour ajouter à celle des autres», et Chamfort appelle les écrivains «ces législateurs paisibles de la raison». Mais on a pu voir quelle ferveur accompagnait l'usage de la raison ; le ministère de l'Homme de Lettres implique une communion de sentiment avec les hommes et l'univers. Les penseurs, selon Mercier, peuvent mépriser les traits de l'envie parce que «la supériorité de leur raison leur montre les suffrages des hommes sensibles, nés et à naître». Et La Harpe complète tout naturellement sa définition rationnelle par l'évocation suivante : «L'immensité des campagnes, la sombre solitude des forêts et des rochers, la tempête de la nuit, le silence du matin, voilà les aliments de l'enthousiasme et les témoins du génie dans ses moments de création» ; enthousiasme et vérité sont les «deux flambeaux immortels» qu'écrivains et artistes se passent d'une main à l'autre. Il faut donc bien se garder d'opposer Raison et Sentiment, Philosophe et Homme sensible.» (Paul Bénichou, Le Sacre de l'écrivain, Corti, 1985.) «Un être sensible, type qui se répand surtout après 1760, ressent plus viement qu'un autre les impressions que libèrent la nature, les autres hommes, les oeuvres d'art, et lui-même. Ce qui lui donne accès à une vérité aussi vraie, mais plus fulgurante que la saisie rationnelle du monde par les seules procédures de l'entendement. Mais vérités du coeur et vérités de la raison ne s'opposent pas nécessairement (par exemple chez Rousseau). La sensibilité n'est donc pas une vague sensiblerie, une incertaine propension à l'émotivité ou à la rêvasserie. Elle définit une part inaliénable de la nature humaine et de l'individualité» (Jean Goldzink, Histoire de la littérature française, XVIIIe siècle, Bordas, 1988.) «Deux conceptions de la démarche philosophique s'opposent. La première fondée sur le raisonnement, la démonstration et la seconde sur un rapport immédiat du philosophe à la vérité. D'un côté donc l'esprit dans ce qu'il a d'universel, et de l'autre la conscience, le coeur, l'individu spécifique. Ces deux conceptions fondent deux légitimités énonciatives. Soit la vérité est censée parler à travers le philosophe nouveau, comme la vérité théologique parlait à travers le prêtre, soit la vérité est ssumée par un individu privilégié par ses mérites moraux et trouve à s'exprimer dans un discours du «moi» dans lequel, comme dans les Confessions, la preuve du vrai est l'auteur lui-même. Cette nouveauté va changer la face de la littérature» (Jean-Marie Goulemot, La littérature des lumières, en toutes lettres, Bordas, 1989.)

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