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L'évidence est-elle critère de vérité ?

Publié le 11/01/2004

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) « Toute vérité nouvelle naît malgré l'évidence. » Bachelard, Le Nouvel Esprit scientifique, 1934. Préjugé : « Ce qui est jugé d'avance, c'est-à-dire avant qu'on se soit instruit. Le préjugé fait qu'on s'instruit mal. » Alain, Définitions, 1953 (posth.) « Pour ce que nous avons tous été enfants avant que d'être hommes, et qu'il nous a fallu longtemps être gouvernés par nos appétits et nos précepteurs [...], il est presque impossible que nos jugements soient si purs ni si solides qu'ils auraient été si nous avions eu l'usage entier de notre raison dès le point de notre naissance. » Descartes, Discours de la méthode, 1637. « Qui a une idée vraie sait en même temps qu'il a une idée vraie, et ne peut douter de la vérité de la chose. » Spinoza, Éthique, 1677 (posth.

« J'ai avancé toutes ces raisons de douter, mais l'instant d'après je risque de les oublier et, le naturel revenant augalop, de considérer à nouveau comme vrai ce qui n'est que probable.

Une seule solution pour contrebalancer cettetendance naturelle : me mettre dans l'esprit l'idée qu'il y a un malin génie qui me trompe toujours et partout danstous mes jugements.

Me voilà obsédé, assiégé par cette idée.

Que reste-t-il de ce que je croyais savoir auparavant? Rien, sinon que pendant que je pense que tout cela est faux, il faut bien que, moi qui le pense, je sois quelquechose pour le penser.

Et le malin génie peut bien me tromper tant qu'il voudra, il faut bien que je sois pour pouvoirêtre trompé.

La proposition « Je suis, j'existe » est une évidence, au moment où je la conçois.

Mais que suis-je ?Une « chose pensante ».

Le cogito (je pense), voilà donc une évidence qui résiste à tous les efforts du doute mêmele plus extravagant.

Voilà le modèle métaphysique de toute vérité. • Dans la lignée de Platon, puis de Thomas d'Aquin, Descartes maintient l'idée d'uneséparation entre deux substances distinctes.

Cette idée a une signification religieuse:c'est parce que l'âme est immortelle, qu'un châtiment ou une récompense divines sontpossibles après la mort.

Cette distinction permet d'affirmer la liberté de l'homme: c'estparce que l'âme est autre chose que le corps qu'elle échappe aux déterminationsmécaniques de celui-ci; c'est le propre de l'homme.• Pour Descartes, l'âme est diffuse dans tout le corps, elle a donc des liens très étroitsavec lui: elle n'est pas «comme un pilote en son navire», entièrement aux commandesdu corps: entre l'âme et le corps, l'interaction est permanente, notamment avec lespassions, qui sont l'action du corps sur l'âme.

II y a toutefois une glande du cerveau, la«glande pinéale», où l'âme exerce plus particulièrement ses fonctions et d'où elle envoieses ordres aux corps.

Descartes propose donc une solution mixte, où malgré leurdifférence de nature, l'âme reste située dans le corps, ce qui permet d'expliquer lamultiplicité des phénomènes affectifs. La démarche cartésienne est séduisante mais, s'il est vrai que la pensée est inhérente à l'acte même de douter, s'ilest vrai qu'elle accompagne toutes mes représentations et que, par conséquent, il est impossible de l'éliminer, puis-je de là affirmer que je suis une chose pensante, que mon âme existe? Le passage de « je pense » à « je suis unechose pensante » n'est-il pas illégitime ? Ne faudrait-il pas dire : je ne puis éliminer ma pensée, donc je suis pourmoi une chose pensante.

Autrement dit, que je me connaisse comme être pensant ne signifie pas que mon âme ouma pensée soit une réalité en soi. Comme le souligne avec talent Leibniz, « Descartes a logé la vérité à l'hostellerie de l'évidence, mais il a oublié denous en donner l'adresse.

» On sait qu'aujourd'hui les mathématiciens se méfient des évidences et qu'ils se contentent de poser des axiomes (nivrais ni faux) et d'en déduire des théorèmes.

Méfiance liée à l'apparition, dans la seconde moitié du Fixe siècle,d'êtres mathématiques stupéfiants comme les courbes sans tangentes, les courbes remplissant un carré - premiersspécimens, comme le déclare le mathématicien Jean Dieudonné, « d'une galerie de monstres qui n'a cessé des'amplifier jusqu'à nos jours ».. »

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