excipit de l'étranger
Publié le 12/01/2013
Extrait du document
«
Dans un premier temps, nous remarquerons l’idée de fatalité, cet enchaînement
inévitable des évènements conduisant Meursault à sa mort, et l’importance du hasard
concernant le destin du narrateur.
Tout d’abord, nous nous intéresserons à la mort elle-même du narrateur, mort qui doit
inévitablement se produire selon l’enchaînement implacable des évènements.
Pendant ses
derniers jours, Meursault pense souvent à sa propre mort, le « rite implacable » (l.38,
métaphore de la fin) parce que « c’est la seule chose vraiment intéressante pour un homme »
(79 et 80).
Il est vrai que la mortalité est quelque chose effrayante pour un homme, et c’est
naturel.
Dans ce passage, Meursault parle « d’échapper la mécanique » (l.5), c’est-à-dire la
machine qui va le tuer, mais cela veut dire aussi la mort même.
Exactement comme les
mortelles dans les tragédies grecques, qui essaient de vaincre les dieux, au fond Meursault
veut échapper à son destin, celui de la mort.
« Ce qui comptait, c’était une possibilité
d’évasion, un saut hors du rite implacable, une course à la folie qui offrît toutes les chances de
l’espoir » (l.36 à 40).
De plus, Meursault parle de l’imagination de la mort qui est plus
effrayante.
C’est la « préméditation irrésistible » dont il a peur (l.29).
Il dit que son espoir est
« d’être abattu au coin d’une rue, en plein course et d’une balle à la volée » (l.41 et 41).
Il
préfère être tué comme un criminel dans les romans policiers, sans ayant dû penser de sa
mort.
Surtout, le fait qu’« on ne sait jamais » (l.20 et 21) quand elle arrivera, selon Meursault,
laisse le hasard maître de la fin.
Ensuite, nous verrons que comme au cours du livre, Meursault parle directement du
hasard dans la vie, ce passage s’intéresse aussi à l’imprécis.
Les formes verbales diverses du
présent, du future et du subjonctif imparfait (qui souligne l’incertitude, la possibilité de
réalisation d’une action, mais aussi le doute) au début du passage amplifie ce sens du hasard :
«je n’ai rien à lui dire » (l.2), « je n’ai pas envie de parler » (l.
2 et 3), « je le verrais » (l.3) ou
encore «eussent » (l.15).
Toute l’histoire du roman est racontée dans le temps passé.
Par
exemple, la présence du verbe « voir », placé dans le futur passé (ou conditionnel présent),
veut autrement dire « aura vu », ce qui a pour but d’amplifier une lecture imprécise.
De plus,
le narrateur se demande l’importance de l’heure où la décision avait été prise, ou des gens qui
l’avaient décidée, et au nom de quel peuple (français ou tout autre) il va être tué.
Tout cela,
pour lui, « avait une disproportion ridicule » (l.
48), était tellement arbitraire, et en fait était le
résultat du hasard, car toujours, « cela enlevait beaucoup de sérieux à une telle situation »
(l.59 et 60).
Il compare ces faits avec la certitude de son destin, de sa mort, en remarquant, «
dès la seconde où (la décision) avait été prise, ses effets devenaient aussi certains, aussi
sérieux, que la présence de ce mur tout le long duquel j’écrasais mon corps » (165).
Il
démontre avec cette comparaison le ridicule de justement prendre telle décision.
Dans ce
passage, toute à la fin de son œuvre, Camus fait donc savoir au lecteur sa position contre la
peine de mort avec un tel argument.
Dans un second temps, nous verrons que dans cet extrait, Meursault apparait comme
étrangement lucide dans son attente, il envisage le possible avec un raisonnement froid,.
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