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3. L'exemple de la logique 1. Dans le travail auquel on

Publié le 22/10/2012

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3. L'exemple de la logique 1. Dans le travail auquel on se livre sur les connaissances qui sont proprement l'oeuvre de la raison, on juge bientôt par le résultat si l'on a suivi ou non la route sûre de la science. Si, après toutes sortes de dispositions et de préparatifs, on tombe dans des difficultés nouvelles au moment où l'on croit toucher le but; ou si, pour l'atteindre, on est souvent forcé de revenir sur ses pas et de prendre une autre route; ou bien encore s'il est impossible d'accorder entre eux les divers travailleurs sur la façon dont le but commun doit être poursuivi, on peut être convaincu que cette étude à laquelle on se livre est loin d'être entrée dans la voie sûre de la science, mais qu'elle est encore un simple tâtonnement. Or, c'est déjà un mérite pour la raison que de découvrir autant que possible cette voie, dût-on abandonner comme vaine une grande partie du but qu'on s'était d'abord proposé sans réflexion. Ce qui montre par exemple que la logique est entrée depuis les temps les plus anciens dans cette voie certaine, c'est que, depuis Aristote, elle n'a pas eu besoin de faire un pas en arrière, à moins que l'on ne regarde comme des améliorations le retranchement de quelques subtilités inutiles, ou une plus grande clarté dans l'exposition, toutes choses qui tiennent plutôt à l'élégance qu'à la certitude de la science. Il est aussi digne de remarque que, jusqu'ici, elle n'a pu faire un seul pas en avant, et qu'aussi, selon toute apparence, elle semble arrêtée et achevée. En effet, lorsque certains modernes ont pensé l'étendre en y introduisant certains chapitres, soit de psychologie, sur les diverses facultés de connaître (l'imagination, l'esprit), soit de métaphysique, sur l'origine de la connaissance ou sur les diverses espèces de certitude suivant la diversité des objets (sur l'Idéalisme, le Scepticisme, etc.), soit d'anthropologie sur les préjugés (leurs causes et leurs remèdes), cela provient de leur ignorance de la nature propre de cette science. Ce n'est pas étendre les sciences, mais les dénaturer, que de confondre leurs limites. Or, celles de la logique sont déterminées très exactement par ceci qu'elle est une science qui expose en détail et 1. Ce texte et les textes 4, 5, 6, 7, 8 et 9 font partie de la Préface à la seconde édition (1787) de la Critique de la Raison pure. démontre rigoureusement les seules règles formelles de toute pensée (que cette pensée soit a priori ou empirique, qu'elle ait telle ou telle origine et tel ou tel objet, qu'elle rencontre dans notre esprit des obstacles accidentels ou naturels) t. (Raison pure, p. 17-18.) Il est vrai que la logique « fait abstraction de tous les objets de la connaissance et de toutes leurs différences «, ce qui lui permet d'entrer plus facilement « dans la voie sûre de la science «. Mais les mathématiques parviennent à déterminer a priori leur objet, d'une façon entièrement pure : 4. L'exemple des mathématiques et de la physique. La mathématique, dès les temps les plus reculés où puisse remonter l'histoire de la raison humaine, a suivi, chez l'admirable peuple grec, la route sûre de la science. Mais il ne faut pas croire qu'il lui ait été aussi facile qu'à la logique, où la raison n'a affaire qu'à elle-même, de trouver cette route royale, ou pour mieux dire, de se la frayer. Je crois plutôt qu'elle est restée longtemps à tâtonner (surtout chez les Égyptiens), et que ce changement fut l'effet d'une révolution due à un seul homme, qui conçut l'heureuse idée d'un essai après lequel il n'y avait plus à se tromper sur la route à suivre, et le chemin sûr de la science se trouvait ouvert et tracé pour tous les temps et à des distances infinies. L'histoire de cette révolution intellectuelle 2, beaucoup plus importante cependant que la découverte de la route par le fameux cap, l'histoire aussi de l'homme qui eut le bonheur de l'accomplir n'est pas parvenue jusqu'à nous. Cependant la tradition que nous transmet Diogène Larce, en nommant le prétendu inventeur de ces éléments les plus simples des démonstrations géométriques qui, suivant l'opinion commune, n'ont besoin d'aucune preuve, cette tradition prouve que le souvenir du changement opéré par le premier pas fait dans cette route nouvellement découverte, a dû paraître extrêmement 1. La logique formelle n'a égard qu'à l'entendement et à sa forme; elle ne se soucie pas de l'objet. 2. Kant voudra opérer lui-même une « révolution «, en philosophie (cf. texte 6). important aux mathématiciens, et a été sauvé par cela de l'oubli. Le premier qui démontra le triangle isocèle (qu'il s'appelât Thalès ou de tout autre nom) fut frappé d'une grande lumière; car il trouva qu'il ne devait pas s'attacher à ce qu'il voyait dans la figure, ou même au simple concept qu'il en avait, mais qu'il avait à engendrer, à construire cette figure, au moyen de ce qu'il pensait à ce sujet et se représentait a priori par concepts, et que, pour connaître avec certitude une chose a priori, il ne devait attribuer à cette chose que ce qui dérivait nécessairement de ce qu'il y avait mis lui-même, en conséquence de son concept. (Raison pure, p. 19.) De même la physique, bien qu'elle ne soit pas entièrement pure, comporte des connaissances a priori. La physique arriva beaucoup plus lentement à trouver la grande route de la science; car il n'y a guère plus d'un siècle et demi que l'essai ingénieux de BACON de Vérulam a en partie provoqué, et, parce qu'on était déjà sur la trace, en partie stimulé encore cette découverte, qui ne peut s'expliquer que par une révolution subite de la pensée. Je ne veux ici considérer la physique qu'autant qu'elle est fondée sur des principes empiriques. Lorsque GALILÉE fit rouler ses boules sur un plan incliné avec une accélération déterminée et choisie par lui-même, ou que TORRICELLI fit porter à l'air un poids qu'il savait être égal à celui d'une colonne d'eau à lui connue, ou que, plus tard, STHAL transforma des métaux en chaux et celle-ci à son tour en métal, en y retranchant ou en y ajoutant certains éléments (1), alors ce fut une nouvelle lumière pour tous les physiciens. Ils comprirent que la raison n'aperçoit que ce qu'elle produit elle-même d'après ses propres plans 1, qu'elle doit prendre les devants avec les principes qui déterminent ses jugements suivant des lois constantes, et forcer la nature à répondre à ses questions, au lieu de se laisser conduire par elle comme à la lisière; car autrement, nos observations faites au hasard et sans aucun plan tracé d'avance ne sauraient se rattacher à une loi nécessaire, 1. On ne comprend que ce que l'on construit.
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« Le Criticisme démontre rigoureusement les seules règles formelles de toute pensée (que cette pensée soit a priori ou empirique, qu'elle ait telle ou telle origine et tel ou tel objet, qu'elle rencontre dans notre esprit des obstacles accidentels ou naturels) 1 • (Raison pure, p.

17-18.) Il est vrai que la logique « fait abstraction de tous les objets de la connaissance et de toutes leurs différences», ce qui lui permet d'entrer plus facilement« dans la voie sûre de la science ».

Mais les mathématiques parviennent à déterminer a priori leur objet, d'une façon entièrement pure : 4.

L'exemple des mathématiques et de la physique.

La mathématique, dès les temps les plus reculés où puisse remonter l'histoire de la raison humaine, a suivi, chez l'admi­ rable peuple grec, la route sûre de la science.

Mais il ne faut pas croire qu'il lui ait été aussi facile qu'à la logique, où la.raison n'a affaire qu'à elle-même, de trouver cette route royale, ou pour mieux dire, de sda frayer.

Je crois plutôt qu'elle est restée longtemps à tâtonner (surtout chez les Égyptiens), et que ce changement fut l'effet d'une révolution due à un seul homme, qui conçut l'heureuse idée d'un essai après lequel il n'y avait plus à se tromper sur la route à suivre, et le chemin sûr de la science se trouvait ouvert et tracé pour tous les temps et à des distances infinies.

L'histoire de cette révolution intellectuelle 2 , beaucoup plus importante cependant que la découverte de la route par le fameux cap, l'histoire aussi de 1 'homme qui eut le bonheur de l'accomplir n'est pas parvenue jusqu'à nous.

Cepen­ dant la tradition que nous transmet Diogène Laërce, en nom­ mant le prétendu inventeur de ces éléments les plus simples des démonstrations géométriques qui, suivant l'opinion commune, n'ont besoin d'aucune preuve, cette tradition prouve que le souvenir du changement opéré par le premier pas fait dans cette route nouvellement découverte, a dû paraître extrêmement 12 l.

La logique formelle n'a égard qu'à l'entendement et à sa forme; elle ne se soucie pas de l'objet.

2.

Kant voudra opérer lui-même une >, en philosophie (cf.

texte 6).. »

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