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Existe-t-il une différence entre produire et créer ?

Publié le 14/07/2004

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Aussi le génie peut-il être défini plus précisément comme le talent naturel de « donner des règles à l'art «. Il n'obéit donc qu'aux règles qu'il se donne à lui-même. Et puisque « le talent comme faculté productrice innée de l'artiste, appartient lui-même à la nature, on pourrait également s'exprimer ainsi: le génie est la disposition innée de l'esprit (ingenium) grâce à laquelle la nature donne des règles à l'art «. Sans doute doit-on trouver dans les produits de l'art « toute la ponctualité voulue dans l'accord avec les règles, d'après lesquelles seul le produit peut être ce qu'il doit être «; mais cela ne doit cependant pas être pénible « Il ne faut pas que le produit laisse transparaître la forme de l'école, c'est-à-dire qu'il porte trace apparente que l'artiste a eu la règle sous les yeux et que celle-ci a imposé des chaînes aux facultés de son esprit. « Le génie doit donner l'impression de produire avec la même facilité et spontanéité que la nature. Cependant l'art, contrairement à la nature, a toujours « l'intention de produire quelque chose «. Mais si la finalité est intentionnelle dans les produits des Beaux-Arts, elle ne doit pas le paraître, c'est-à-dire que « l'art doit avoir l'apparence dé la nature, bien que l'on ait conscience qu'il s'agit d'art «. Le naturel dans l'art est donc le génie produisant comme la nature, sans règle préétablie. Il s'ensuit que la première qualité du génie doit être l'originalité. Comme l'absurde ou l'insensé peut aussi passer pour de l'originalité, il faut que les produits du génie « soient en même temps des modèles, c'est-à-dire qu'ils soient exemplaires «.
La création est-elle réductible à la production ? Créer n'exige-t-il pas l'obéissance à certaines règles ? Mais si cette activité est réglée, normée, en quoi diffère-t-elle de la production artisanale ou technique ?


« divague, elle rêve, elle entrave la connaissance.

Face au beau qui n'est pas l'objet d'un jugement deconnaissance (en langage kantien déterminant ) l'accord entre l'imagination et l'entendement ne suit aucunerègle.

Par exemple lorsque nous écoutons une oeuvre musicale, nous associons aux sons des images, cesimages s'organisent et prennent un sens mais d'autres associations seraient possibles, un autre sens pourraitjaillir et c'est pour cette raison que le désir d'écouter l'oeuvre ne s'épuise pas.

Le plaisir naît de ce libre accordet finalement pour Kant de l'expérience intérieure de la liberté de nos facultés.

Ce qui plaît est la liberté.L'expérience esthétique est une expérience de la liberté comme absence de contraintes, intellectuelles (règlesde l'accord des facultés en vue d'une connaissance), morales (le beau n'est pas le bien), sensibles (le beaun'est pas l'agréable),utilitaires (le beau n'est pas l'utile). La création est le propre du génie - « Les beaux-arts sont les arts du génie...

» KANT. Le terme « art » a pendant toute l'Antiquité et le Moyen Age, simplement désigné la forme de la productionartisanale.Ainsi, Platon oppose la « theôria », connaissance purement contemplative, au savoir-faire lié à la productionmatérielle (« technè »).

Cette dernière concerne la production et se définit comme création:« Ce qui, pour quoi que ce soit, est cause de son passage de la non-existence à l'existence, est, dans tousles cas, une création; en sorte que toutes les opérations qui sont du domaine des arts sont des créations, etque sont créateurs tous les ouvriers de ces opérations.» (« LE Banquet »).C'est pourquoi, pour Platon, les artisans sont tous poètes.

En effet, «poésie» signifie étymologiquement «faire», ce qui consiste essentiellement à faire être ce qui n'était pas,c'est-à-dire à créer.Si la technique (ou l'art) est création, elle porte sur le contingent,c'est-à-dire sur ce qui peut aussi bien être que n'être pas.

C'est encela que la technique (ou l'art) s'oppose à la science.

Cette dernièreporte, en effet, sur des essences idéales, c'est-à-dire éternelles etimmuables.

On comprend, dès lors, que Platon, reconnaissant lafonction sociale de la technique, ne lui accorde aucune valeur humaine.Insensible à la beauté de l'Acropole, il ne semble voir de la beauté quedans la nature (les beaux corps des jeunes garçons), dans la morale(les belles actions), dans les sciences (mathématiques et philosophie).C'est à partir du XVIIIE siècle que l'art se distingue aussi bien del'artisanat que de la technique et acquiert ainsi un statut spécifique.D'où l'apparition de l'esthétique comme théorie des beaux-arts.

Et, dansla Critique de la faculté de juger (1791), Kant, même s'il ne prétend pasfaire une théorie des objets beaux (car, selon lui, le beau n'est pas unequalité des objets : il n'y a pas de règle du beau ni donc de science dubeau), affirme qu'il n'existe pas de belles sciences, mais seulement desbeaux-arts.

Il accorde même, d'une ..

certaine manière, une supérioritéà l'art sur les sciences et la technique, puisqu'il considère qu'il n'y a degénie que dans les Beaux-Arts : «Les Beaux-Arts sont les arts du génie.»Dans la civilisation artisanale, l'artiste, qu'il bâtisse et orne les lieux du culte ou qu'il décore les palais, était auservice de la religion ou des princes.

Le développement de l'industrie permet à l'art de s'émanciper.

Désormaisindépendant, l'artiste découvre qu'il ne tient pas son pouvoir de créer de Dieu, mais que celui-ci lui appartienten propre.

C'est ce pouvoir de créer qui, d'une certaine manière, rend l'artiste égal à Dieu, qu'on appelle legénie.Application de la science, la technique repose sur une méthode scientifique précise dont toutes les démarchessont transmissibles, renouvelables.

Même les techniques les plus complexes peuvent être décomposées,analysées dans leurs moindres détails, et réduites à des gestes simples.

Il suffit généralement de savoir cequ'il faut faire pour réussir.

Quant à l'artisanat, il ne requiert aucune faculté d'invention ou génie particulier.Seul l'art, qui repose sur la fantaisie créatrice de l'artiste, demande autre chose que « l'aptitude à savoir fairece qui peut être appris d'après une règle quelconque ».

Les Beaux-Arts doivent donc nécessairement « êtreconsidérés comme des arts du génie ».Que faut-il entendre par génie sinon « un talent qui consiste à produire ce dont on ne saurait donner aucunerègle déterminée » ? Certes, l'art, comme toute production, exige des règles, mais celles-ci ne préexistent pasà l'oeuvre.

Aussi le génie peut-il être défini plus précisément comme le talent naturel de « donner des règles àl'art ».

Il n'obéit donc qu'aux règles qu'il se donne à lui-même.

Et puisque « le talent comme facultéproductrice innée de l'artiste, appartient lui-même à la nature, on pourrait également s'exprimer ainsi: le génieest la disposition innée de l'esprit (ingenium) grâce à laquelle la nature donne des règles à l'art ».Sans doute doit-on trouver dans les produits de l'art « toute la ponctualité voulue dans l'accord avec lesrègles, d'après lesquelles seul le produit peut être ce qu'il doit être »; mais cela ne doit cependant pas êtrepénible« Il ne faut pas que le produit laisse transparaître la forme de l'école, c'est-à-dire qu'il porte trace apparenteque l'artiste a eu la règle sous les yeux et que celle-ci a imposé des chaînes aux facultés de son esprit.

» Le génie doit donner l'impression de produire avec la même facilité et spontanéité que la nature.

Cependantl'art, contrairement à la nature, a toujours « l'intention de produire quelque chose ».

Mais si la finalité est. »

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