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Existe-t-il un progrès dans les arts ?

Publié le 04/11/2004

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On rattache souvent l'activité artistique à un don. Mais outre qu'un tel talent naturel a quelque chose de mystérieux en lui-même, il faut s'efforcer de penser le rapport qu'il entretient avec l'éducation ou le travail esthétiques. L'habileté ou le savoir-faire technique qui accompagne la création est souvent pensé, surtout dans les arts plastiques, comme une capacité d'imitation ou de reproduction du réel. La problématique de l'imitation conduit plus radicalement à s'interroger sur la fonction de l'art. L'art a-t-il une fonction bien définie et laquelle ? Peut-on concevoir un art qui n'aurait aucune fonction particulière ? L'art peut-il être considéré comme l'expression d'une pure liberté, dépourvue de toute contrainte ? PROUST: Les gens de goût nous disent aujourd'hui que Renoir est un grand peintre du 18e siècle. Mais en disant cela ils oublient le Temps et qu'il en a fallu beaucoup, même en plein 19e, pour que Renoir fût salué grand artiste. Pour réussir à être ainsi reconnus, le peintre original, l'artiste original procèdent à la façon des oculistes.

« de l'ossature apparente firent espérer que naîtrait un style en qui revivrait, l'essentiel du génie gothique, rajeuni parun esprit et des matériaux neufs.

Par exemple, le fer a l'avantage d'augmenter les portées de piliers, des voûtes etd'augmenter la taille des édifices, que ce soit du point de vue de la hauteur des tours ou des nefs.

Ainsi desinnovations techniques ont été à l'origine de nouveaux styles architecturaux. 3) L'art a progressé, il est sorti de l'histoire. À la fin du XIXe siècle, on se rendit compte que notre environnement n'était plus composé d'objets artisanaux maisd'objets industriels, et qu'il fallait donc trouver les moyens de donner à ceux-ci les qualités humaines de ceux-là.Étant donné la situation spirituelle de l'époque, dominée par la bourgeoisie et le socialisme post- romantiques, il étaitnormal que ce surcroît fût entendu comme « beauté », et que cette beauté fût cherchée dans une correspondance,sinon avec les formes, du moins avec les mouvements de la nature.

Dans les Arts and Crafts et le Modern Style , les matériaux industrialisés s'attachèrent, selon le vœu de William Morris, à réaliser des objets « aussi naturels, aussicharmants que le champ vert, la rive du fleuve ou le silex de la montagne ».

Encore en 1934, dans Technique et civilisation , Lewis Mumford vantera certaines machines en rapprochant leur allure de celle de l'oiseau, du poisson ou de la plante.

Par la suite, le mouvement Bauhaus né après la première guerre mondiale en Allemagne estime queréduire la machine à un moyen de produire plus vite et à moindres frais des formes ancestrales, c'est ne pas avoirsaisi la révolution de structures qu'elle comporte.

Pour Gropius, l'industrie introduit un ordre nouveau.

Elle engendreun univers composé d'éléments selon des combinatoires, et cela quant à la ligne, la couleur, la construction, lafonction, le maniement.

Il y a d'ailleurs un rapport intrinsèque entre combinatoire et élément : plus l'élément est pur,plus la combinatoire est riche, et réciproquement.

On voit ainsi ce que le Bauhaus entend par fonction : non pas lasimple adaptation à des fins utilitaires, mais la capacité pour un système d'éléments (un objet) de renvoyer àd'autres, de s'y articuler, de s'y substituer, de leur faire signe, de les signifier Le terme de beauté n'est pas rejetémais redéfini : plus les objets sont fonctionnellement riches, plus ils constituent des systèmes ouverts etcommuables, et plus ils sont « beaux ».

Les conséquences culturelles de ce programme sont incalculables.

Tous lesobjets du monde, espère-t-on, vont s'harmoniser, puisqu'ils s'obtiendront à partir des mêmes éléments.

Les hommess'harmoniseront aussi, puisque créateurs et ouvriers travailleront les mêmes données avec les mêmes moyens.

Plusradicalement : le réel n'est plus un ensemble de substances, mais de relations ; la forme cède le pas à la structure.Le fonctionnalisme bien compris ouvre le XXe siècle. 4) L'art ne progresse pas, il est le lieu d'une régression. Pour expliquer le fait qu'un art ne soit pas en adéquation avec son époque, il faut chercher des exemples dansl'histoire de l'art assez proches de nous.

L'industrie, en effet, est arrivée de manière brutale dans une Europe où lesstructures de l'Ancien Régime étaient encore très prégnantes.

Cette persistance se traduisait par une passion pourle Moyen Âge et par l'amour de l'architecture gothique et la nostalgie d'une Allemagne pas encore divisée parl'œuvre de la Réforme.

Cette persistance même était due à la réaction du pouvoir et d'une certaine catégoried'intellectuels et d'artistes qui voyaient dans les idéaux des Lumières et de la Révolution française puis dansl'industrie, une menace pour la pérennité de l'art et des valeurs qui avaient permis de souder l'ensemble de la sociétéjusqu'au XIX e siècle.

En somme, la noblesse se voyait menacée dans sa position par la montée de la classe bourgeoise naissante à l'époque de l'industrialisation.

Cette même bourgeoisie, plutôt que d'éliminer la noblesse, avoulu l'imiter dans ses attitudes et ses goûts pour diminuer la différence qu'il pouvait exister entre eux.

La noblesseimita l'art du Moyen Âge pour asseoir et perpétuer sa légitimité, et la bourgeoisie montante reprit les canons édictéspar la noblesse pour la construction de ses demeures privées, dans les édifices publics, et les arts décoratifs. 5) L'art est en dehors du temps et du progrès. C'est justement la grandeur de l'art d'être en dehors de toute idée de progrès.

Il s'agit bien plutôt de dépasser laparticularité pour viser l'universalité et toucher le plus de monde possible.

L'artiste peut arriver à cela en exprimantdes éléments de la condition humaine qui ne changeront jamais : la mort, l'amour, la trahison, la solitude, la maladie,les différents ages de la vie.

On lit encore Montaigne, on admire les toiles de Jérôme Bosch, et le rire de Rabelais,bien que ces œuvres soient marquées historiquement, elles mettent au jour des aspects de la condition humaine qued'autres artistes par la suite n'ont pas su exprimer.

Les grivoiseries de Rabelais et sa scatologie ont encore unesignification pour nous.

De même en écoutant Mozart, a-t-on le sentiment d'avoir une photographie du 18 e siècle. »

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