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Une existence sans croyance, religieuse ou d'une autre nature, vous semble-t-elle possible ?

Publié le 25/01/2004

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2 - La foi elle-même n'est pas, chez Hegel, l'opposé de la vérité ou du savoir. Comprise subjectivement au chapitre 4 du livre, son contenu - la religion - est repris au chapitre 7 d'un point de vue « objectivement suffisant « au sens de Kant : c'est-à-dire qu'il ne manque à la conscience religieuse, selon Hegel, « que la conscience de sa conscience de soi « pour se transformer en science ou en savoir. 3 - Philosophie (dont l'aboutissement est Science pour Hegel) et Religion ont donc, pour Hegel, le même contenu de pensée. L'opposition de la science et de la foi, telle que la formule le rationalisme classique - mais aussi Kant, à sa façon, ou encore le positivisme d'Auguste Comte - est donc stérile. Pour la même raison, il n'y a pas à privilégier, comme le fait Kant, la « croyance rationnelle « par rapport aux autres formes de croyance, au motif qu'elle serait la plus certaine (cf. Kant : « La religion dans les limites de la simple raison «, livre où il est question de « faire de la croyance rationnelle le principe de toute croyance et même de toute révélation « - ce qui revient à faire de la philosophie le « tribunal « de la religion, et entraînera pour son disciple Fichte, auteur d'une Critique de toute révélation la célèbre « querelle de l'athéisme «). Par contre, il convient, selon Hegel d'opposer science philosophique et foi religieuse du point de vue de la « forme « de leurs consciences respectives. Tandis, en effet, que la foi demeure une croyance parce que l'homme n'y est pas (encore) conscience de sa propre conscience, le savoir absolu (« Absolutes Wissen «) est parfaite conscience de soi. * La conscience de soi philosophique - ou plutôt celle de la sagesse (E. Weil) ne laisse donc plus de place, selon Hegel, à la croyance, contrairement à ce que soutenait Kant pour qui la science est encore un degré de la croyance en général.

Croyance : adhésion plus ou moins forte à des énoncés dont la vérité n'est que personnellement accessible.

« [La croyance n'est pas une connaissance objective.

Elle trompe plus qu'elle ne rassure.

La science apermis à l'homme de répondre à des questions essentielles.

La croyance, quant à elle, n'a jamais atteint cet objectif.] La croyance est trompeuse La croyance autorise qu'on la contredise.

Elle est donc fondamentalement incertaine.

La certitude dessciences est de deux sortes : soit elle découle d'observations empiriques, soit elle naît d'une nécessitédémonstrative (dans les mathématiques).

Or la croyance ne se fonde sur aucune de ces deux sources dusavoir : les spectres, les dogmes de l'Église, la vie après la mort, ne sont objets ni d'observation ni dedémonstration.

Il n'y a donc aucune raison objective d'adhérer à une croyance.

La croyance estdouteuse : elle ne répond à aucun des critères sur lesquels se fonde le savoir.

À ceci s'ajoute que lescroyances se contredisent, sans qu'aucune ne puisse affirmer sa supériorité par des raisons claires : la religionchrétienne décrète que les âmes seront damnées ou sauvées ; la religion hindouiste affirme la réincarnationdes âmes, etc.

La croyance s'oppose à la connaissance La science repousse sans cesse les limites du connaissable.

Tant que les hommes pensaient que la maladieétait l'oeuvre d'un démon entré dans le corps, ils sont restés impuissants face à elle.

La médecine moderne,qui reconnaît pourtant ne pas tout savoir, n'a cessé de gagner en efficacité.

La science, modeste etprudente, tient mieux ses promesses que la croyance aux miracles.

Dès lors, il devient manifeste que lesavoir est appelé à exclure et à remplacer la croyance.

En effet, si savoir et croyance prétendent tous lesdeux affirmer une vérité, seul le savoir possède des critères permettant d'établir solidement ce qu'il affirme.

Lacroyance devient une vérité imparfaite, une tentative de savoir qui n'aboutit pas.

On peut alorsconsidérer, avec Auguste Comte, que la croyance doit disparaître à mesure que s'affirme le savoir.

Lacroyance se réduisant à un savoir raté, elle ne peut constituer qu'une étape sur le chemin d'un savoir qui,progressivement, s'affranchit de la superstition.

Comte décrit ainsi le devenir de l'humanité selon troisétats : théologique, métaphysique, et positif1.

Chaque étape représente pour l'esprit humain un progrès sur lechemin de la connaissance, et la destruction d'obstacles liés à des croyances : fétichisme, croyance auxêtres métaphysiques.

Dans cette perspective, la croyance est l'ennemi principal d'un savoir qui, par définition,doit l'exclure.

Il est inutile de croire ce qu'on ne peut pas connaître Certaines choses excèdent nos pouvoirs de connaissance.

C'est le cas de l'existence de Dieu ou de la mort.

Les hommes ont peur de la mort.

Mais queredoutent-ils en elle ? C'est précisément le saut dans l'absolument inconnu.

Ils ne savent pas ce qui lesattend et craignent confusément que des souffrances terribles ne leur soient infligées, peut-être en punitionde leurs actes terrestres.

Les chrétiens, par exemple, imagineront que quiconque à mal agi et n'a pas obtenule pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de l'enfer.

La peur de la mort a partie liée avec les superstitionsreligieuses dont la métaphysique matérialistes nous libère.

De plus, si tout dans l'univers n'est fait que dematière, si nous, comme tous les êtres vivants, ne sommes que des agrégats d'atomes, lorsque nous mourons,ce ne sont que nos atomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notre corps qui se décompose,en un point d'abord (celui qui est blessé ou malade), puis en tous.

Dès lors, rien de notre être ne survit, il n'ya rien après la mort, « la mort n'est rien pour nous ».

Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée, lasensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âme pourrait survivre après la mort du corps, onttort.

Car l'âme elle-même est faite de matière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'unagrégat d'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la pluscommune, il faut penser qu'elle est la première à se décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privéde vie, de sensation, de pensée et de mouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu prèsintact et mettra plus de temps à commencer à se décomposer.

Aussi, la mort se caractérise bien en premierlieu par l'absence de sensation : « Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a debien et de mal que dans la sensation, et que la mort est absence de sensation.

» En effet, lessensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la source de touteconnaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal,puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.

Nous pouvons désigner la pensée d'Epicure commeun sensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.

La mort étant la disparition des sensations, ilne peut y avoir aucune souffrance dans la mort.

Il ne peut pas y avoir davantage de survie de la conscience,de la pensée individuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nousexistons, la mort n'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.

» Pourquoi donc croire qu'aprèsla mort, il y ait une renaissance ou bien une autre vie? Mieux vaut suspendre tout jugement et me s'occuperde ce que je peux espérer comprendre, ici et maintenant.

Il en va de même de choses telles que Dieu, l'origine. »

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