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L'existentialisme athée et croyant

Publié le 28/05/2011

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INTRODUCTION

 

 

 

 

 

Figure de proue du courant de pensée existentialiste, Jean-Paul Sartre a fourni un effort considérable en vue de définir précisément son concept fondateur. Dans un premier temps, la pensée sartrienne s’est définie en s’opposant aux deux grands courants traditionnels, soit le matérialisme et l’idéalisme. En s’inspirant tout d’abord de la phénoménologie puis du marxisme, Sartre a développé une pensée réaliste.

Bien qu'il existe un certain nombre de tendances communes entre les penseurs « existentialistes «, il y a de grandes différences et des désaccords majeurs entre eux (il y a notamment un fossé entre les existentialistes athées, comme Sartre et les existentialistes théistes comme Tillich ou Gabriel Marcel). Certains tels que Camus ou Heidegger ont même refusé d'être « étiquetés « comme existentialistes, Sartre également mais en créant sa propre définition et conception de l'existentialisme. Il donnera une conférence sur le sujet, L'existentialisme est un humanisme.

Jean-Paul Sartre  est donc considéré comme le père de l'existentialisme français et sa conférence de 1945, L'existentialisme est un humanisme, est considéré le manifeste de ce mouvement philosophique. Toutefois, la philosophie de Jean-Paul Sartre, en 20 ans, a évolué entre existentialisme et marxisme.

 

 

 

I – BIOGRAPHIE

Jean-Paul Sartre est né le 21 juin 1905, à Paris ; fils unique, il provient d’une famille bourgeoise : son oncle est polytechnicien, et son père un militaire, sa mère descend d’une famille d’intellectuels et de professeurs alsaciens, les Schweitzer. Sa mère est la cousine du célèbre Albert Schweitzer. Le petit Sartre ne connaîtra pas son père : il meurt de la fièvre jaune 15 mois après sa naissance.

Orphelin de père, il a été élevé par sa mère. Il entre, en 1924, à l’Ecole normale supérieure, où ses amis se nomment Raymond Aron, Paul Nizan.

Il est reçu premier, en 1929, à l’agrégation de philosophie. Sa première publication philosophique (L’Imagination, 1936) précède les écrits littéraires (La Nausée, 1938, et Le Mur, 1939). En 1943, Les Mouches connaissent un grand retentissement et Sartre, à la Libération, va devenir un écrivain célèbre, bien que sa grande œuvre philosophique L’Etre et le Néant (1943), n’ait connu que peu de succès.

Sartre quitte l’enseignement en 1945. Il se consacre à l’écriture et fonde, avec Simone de Beauvoir, sa compagne, et Maurice Merleau-Ponty, la revue des Temps Modernes, politiquement très engagée. Ses pièces de théâtre  lui valent une immense réputation et provoquent parfois le scandale.

A partir de 1950, Sartre se rapproche du Parti communiste dont il est un «  compagnon de route «  critique et avec lequel il rompra totalement en 1968, lors de l’invasion de la Tchécoslovaquie. De 1950 aux années 60, Sartre approfondit remarquablement la théorie marxiste (Critique de la raison dialectique, 1960). Les mots (1964) lui vaudront le Prix Nobel, qu’il refusera. Avec son ouvrage sur Flaubert (L’Idiot de la famille, 3 tomes, 1971-1972), il semble se rapprocher de la psychanalyse. Atteint de cécité, il continue néanmoins à travailler et à militer. Il meurt, en 1980, ayant mené une vie engagée, qui force souvent l’admiration (Sartre était profondément désintéressé et indifférent à l’argent).

 

 

 

II – COURANT PHILOSOPHIQUE

Pendant ses études à l’Ecole Normale Supérieure où il prépare son agrégation de philosophie, Jean-Paul Sartre rencontre Simone de Beauvoir, avec laquelle il va partager sa vie, ses convictions et son œuvre. Reçu à l’agrégation, Sartre devient professeur dans un lycée du Havre. Il s’engage ensuite dans la résistance lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate. C’est aussi à cette époque que paraît ‘L’ Etre et le néant’, traité central par lequel Sartre fonde un nouveau courant philosophique : l’Existentialisme.

     1) Définition de l’existentialisme

L’existentialisme est un courant philosophique et littéraire qui postule que l’être humain forme l’essence de sa vie par ses propres actions, en opposition à la thèse que ces dernières lui sont prédéterminées par quelconques doctrines théologiques, philosophiques ou morales. L’existentialisme considère donc chaque personne comme un être unique qui est maître non seulement de ses actes et de son destin, mais également  pour le meilleur comme pour le pire des valeurs qu’il décide d’adopter.

Il existe deux courants existentialistes : un athée et un chrétien. Tous deux apportent une grande importance au vécu, à la subjectivité.     2)  Le courant  athée

Martin Heidegger (1889-1976) affirme que l’angoisse est indépassable. Face à elle, l’homme est sans recours et doit penser son existence dans l’horizon de la mort. Il ne peut fuir cette angoisse que dans l’inauthenticité d’une vie banale et ordonnée. Jean-Paul Sartre (1905-1980) pense que l’homme n’est rien d’autre que ce qu’il fait. Lecteur assidu du philosophe allemand Martin Heidegger, Jean-Paul Sartre écrit : « Il est absurde que nous soyons nés et il est absurde que nous mourrions «, écrit-il. L’homme se définit par ses actions et son existence. Dans un monde sans Dieu et qui n’a aucun sens, il est seul et condamné à être libre. « Je suis ma liberté «, écrit-il. Mais il est pleinement responsable et doit assumer ses actes par l’engagement politique. « L’homme n’est rien d’autre que ce qu’il se fait. Tel est le principe premier de l’existentialisme

    3)  Le courant chrétien

Kierkegaard (1813-1855) écrit que l’angoisse est une ouverture sur Dieu. Ce philosophe danois est issu d’une famille protestante particulièrement austère. Pour lui, l’angoisse et le désespoir sont des éléments moteurs de la vie. L’angoisse, c’est l’impossibilité de trouver ici-bas des réponses humaines aux questions fondamentales. Cette expérience douloureuse de la finitude est un appel de l’absolu, une ouverture sur le divin. Gabriel Marcel (1889-1973) affirme que, grâce à sa foi, sa vie prend un sens. Ce philosophe français s’inspire de Kierkegaard. Refusant le pessimisme de l’existentialisme athée, il accorde une grande importance à la rencontre de l’homme et de Dieu dans la foi.

En 1978, Sartre avoue à Michel Sicard : « Je reste quand même un littérateur «. Il ne dit pas « écrivain « mais « littérateur «, c’est-à-dire quelqu’un qui fait de la « littérature «, au sens un peu méprisant qui s’attache à ce mot. Sartre précise : « quand même «. En effet, quinze ans plus tôt, il a publié Les Mots, un livre écrit « pour dire adieu à la littérature «. Que signifie cette apparente volte-face ? Sartre n’était pas fondamentalement un politique, ni même un philosophe. Il était avant tout, et par vocation familiale, un écrivain, au sens le plus classique du mot. Mais du fait des conditions dans lesquelles il avait reçu ce « mandat « d’écrire, il a été amené à le contourner, puis à le renier, tout en cherchant sans cesse des raisons nouvelles de l’exercer. Sartre a été, en quelque sorte, un écrivain malgré lui, obligé, par méfiance de la littérature, de consacrer une part considérable de son temps à des tâches pour lesquelles il n’était pas fait. « Écrire, c’est ça que j’ai aimé vraiment. Et on m’a toujours retenu un peu loin de ma table : il fallait briser pour y revenir.

 

III - DOCTRINE PHILOSOPHIQUE

L'Existentialisme est une doctrine philosophique, ardue, née entre les deux guerres de débats techniques avec la phénoménologie allemande, Edmund Husserl, puis Martin Heidegger. Sartre, encore étudiant de l'Ecole normale supérieure, fait le déplacement à Berlin et revient avec un premier texte en réponse à Husserl, La Transcendance de l'ego, qui paraît en 1936. Surviennent alors deux événements éditoriaux qui permettent à Sartre de poser les premiers jalons de la doctrine existentialiste.

Dans l’opuscule L’existentialisme est un humanisme, Sartre déclare que pour la pensée existentialiste toute vérité et toute action impliquent un milieu humain et une subjectivité humaine. Cela veut dire que tous les aspects de cette doctrine se rapportent à l’être humain et à sa faculté de prendre conscience de sa situation.

 

1)   L’en-soi et le pour-soi

On trouve le premier fondement original de l’existentialisme sartrien dans la distinction entre l’être en-soi et l’être pour-soi.  Ainsi, l’en-soi et le pour-soi s’opposent. 

L’en-soi est la caractéristique de toute chose, de toute réalité extérieure à la conscience. Le concept d’en-soi désigne ce qui est totalement soumis à la contingence, c’est-à-dire tout ce qui est sans liberté et ce qui n’entretient aucun rapport à soi.  L’existence de tout en-soi est passive en ce sens que, par exemple, un vélo ne peut décider d’être autre chose qu’un vélo. Un sapin n’exige jamais de son jardinier préféré une taille en forme d'ourson parce qu'il deviendrait sentimental. Sans conscience, le sapin demeure toujours égal à lui-même. Ce concept d’en-soi se rapporte donc aux choses matérielles parce qu’elles existent indépendamment de toute conscience.

Le pour-soi désigne l’être de l'homme. Pourvu d’une conscience qui fait de lui un être tout à fait particulier, l’être humain se distingue de l’en-soi. Étant donné cette conscience capable de se saisir elle-même, le pour-soi a comme principal attribut une liberté absolue. Cette liberté n’est pas une absence de contingence ou de limites, mais une possibilité infinie de choisir.

Contrairement à l’en-soi qui coïncide toujours avec lui-même, le pour-soi, c’est-à-dire l’être humain, peut faire varier indéfiniment la conscience qu’il a de lui-même. Par exemple, mon vélo n’est, précisément, qu’un vélo.  Rien d’autre. Il est absolument incapable de prendre conscience de ce qu’il est et de sa situation. Trop abîmé, il sera devenu un déchet. Ce vélo devenu déchet ne sera rien d’autre qu’un vélo devenu déchet.  Tandis que lorsque je conduis ma bicyclette, je suis ce que je ne suis pas.  C'est-à-dire que, demeurant un être humain, je suis pourtant devenu cycliste, ce que je n’étais pas à l’origine, et ce que je ne serai plus déjà dans quelques instants. De plus, chevauchant hardiment mon vélo, je puis à tout moment m’imaginer dans une tout autre situation, par exemple  je puis d’avance me délecter de la baignade vers laquelle je me dirige.

       2)  L’existence précède l’essence

La formule sartrienne la plus célèbre qui permet de définir ce courant de pensée est sans doute : L'existence précède l'essence.

En ce qui concerne l’en-soi, la chose peut correspondre à un schéma, à un plan, à un concept.  On parle alors de l’essence de cette chose.  Ainsi, l’essence du vélo correspond à l’idée générale qu’on a tous de cet objet, indépendamment de sa couleur, de sa grosseur, etc.  On dit alors que l'essence (ou encore l'idée, le plan, le concept ...) précède l'existence. Si Jean-Paul Sartre peut admettre une telle explication pour tous les objets, il prétend qu’une telle façon de faire ne peut rendre compte de ce qu’est l’être humain.

Il n'y a pas d'essence humaine antérieure à l'existence de l'homme. Selon Sartre, il est impossible d’obtenir une définition théorique totalement satisfaisante qui permettrait de savoir précisément ce qu’est l’être humain. Celui-ci existe tout d’abord et se définit ensuite par rapport aux actions qu’il a posées. S’inspirant de Karl Marx, Sartre nous invite donc à définir l’être humain par les actions qu’il produit plutôt que par des idées ou des croyances.

IV - BIBLIOGRAPHIE

L’œuvre de Jean-Paul Sartre est gigantesque.  Il a produit des ouvrages dans plusieurs domaines, mais il s’est surtout fait valoir en philosophie et en littérature :

  • L'imagination (1936)
  • La Transcendance de l'Ego (1937)
  • La Nausée (1938)
  • Le Mur (1939) (adaptation TV de La chambre par Michel Mitrani en 1964)
  • Esquisse d'une théorie des émotions (1939)
  • L'imaginaire (1940)
  • Baronia (1940)
  • Les mouches (1943)
  • L'être et le néant, sous titre 'essai d'ontologie phénoménologique' (1943)
  • Huis clos (1944)
  • Les chemins de la liberté (1945) :
  • L'âge de raison
  • Le sursis
  • La mort dans l'âme
  • L'existentialisme est un humanisme (1945)
  • Morts sans sépulture (1946)
  • Réflexions sur la question juive (1946)
  • La Putain respectueuse (1946)
  • Baudelaire (1946)
  • Conscience et connaissance de soi (1947)
  • Situations I (1947)
  • Les Jeux sont faits (1947)
  • Les Mains sales (1948)
  • L'Engrenage (1948)
  • Situations II (1948)
  • Situations III (1949)
  • Entretiens sur la politique (1949)
  • Le Diable et le Bon Dieu (1951)
  • Saint Genet, comédien et martyr (1952)
  • L'Affaire Henri Martin (1953)
  • Kean (1954)
  • Nekrassov (1955)
  • Les Séquestrés d'Altona (1959)
  • Critique de la raison dialectique, tome I, sous titre 'Théorie des ensembles pratiques', précédé de Question de méthode (1960)
  • Les Mots (Jean-Paul Sartre) (1963-1964)
  • Situations IV (1964)
  • Situations V (1964)
  • Situations VI (1964)
  • Les Troyennes (1965)
  • Situations VII (1965)
  • L'Idiot de la famille (1971-1972) sur Flaubert
  • Situations VIII (1972)
  • Situations IX (1972)
  • Un théâtre de situations (1973)
  • On a raison de se révolter (1974)
  • Situations X (1976)

 

 

 

 

 

CONCLUSION

 

 

 

 

 

Auteur prolifique, Jean Paul Sartre laisse derrière lui une œuvre titanesque, sous forme de romans, d'essais, de pièces de théâtre, d'écrits philosophiques ou de biographies. Sa philosophie a marqué l'après-guerre, et il reste le symbole, l'archétype de l'intellectuel engagé. De son engagement dans la résistance, en 1941, jusqu'à sa mort, en 1980, Sartre n'a jamais cessé de défrayer la chronique. Il fut en effet de l'ensemble des combats, pleinement et complètement engagé dans son époque, embrassant avec ferveur l'ensemble des causes qui lui ont semblé justes. Sorte de Voltaire du XXe siècle, Jean Paul Sartre aura milité inlassablement, jusqu'au bout de sa vie.

 

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