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Exister, est-ce simplement vivre ?

Publié le 26/01/2004

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Dans un univers infini, les humains sont peu de choses si l'on s'en tient aux données matérielles. En revanche, sur un plan spirituel, la condition humaine reçoit un autre éclairage. Le Dieu de Pascal n'est pas un premier moteur mais le Dieu de l'Alliance, qui établit avec l'homme une relation de confiance et d'espérance. [L'homme a bien d'autres besoins que de se nourrir et de s'abriter. Doué de pensée, il est en quête de satisfactions spirituelles. Son existence est, en soi, un luxe puisqu'elle ne consiste pas seulement à vivre.] Il faut déjà être éduqué pour pouvoir vivreEn aucun cas une mère ne se contente d'allaiter son enfant. Elle lui apprend, en le caressant, en lui parlant, à devenir un être humain. Cet être humain, tout au long de sa vie, aura, bien sûr, besoin de manger et de dormir, mais il aura également besoin d'être aimé, d'être compris et de mener une existence sociale conforme à ses voeux.Vivre c'est penser Même si l'on condamne les désirs et les passions, même si l'on considère que le corps est une prison pour l'âme, il est impossible de soutenir sérieusement qu'exister en tant qu'être humain, c'est se contenter de vivre.
Dira-t-on qu’exister c’est la même chose que vivre ?
On distingue en effet communément une chose vivante d’une chose inerte ; et on dit qu’une chose qui est dotée de vie a pour caractéristique de ne pas être figée dans ses possibilités.
Problème : n’y a-t-il pas une certaine nécessité à l’œuvre dans l’organisme vivant ? Vivre, cela ne consiste-t-il pas tout simplement à croître, à se maintenir en vie ? A végéter ? On est loin de l’existence ! On dira qu’un légume vit mais qu’un philosophe en pleine possession de ses moyens existe !
On ne devrait donc pas parler d’une vie digne d’être vécue mais d’une existence… Du sens de l’existence et pas de la vie…

« Et pourtant l'exemple de la maladie permet de bien comprendre ce que veut dire Platon : la douleur est intolérableparce qu'elle est en nous comme une présence étrangère.

C'est bien notre corps qui souffre mais par là même ilnous devient en quelque sorte étranger, il ne nous est plus soumis.

Dans les passions comme la peur, nous disonségalement que nos jambes se dérobent « malgré nous ».

Enfin, une migraine peut affecter considérablement noscapacités de réflexion et de discernement.

Ce qui peut choquer c'est que la critique ne soit pas compensée par unéloge du corps; mais les maux que déplore Platon ne sont pas étrangers à notre propre expérience.

Montaignereprendra largement ce thème de la puissance des émotions corporelles, par exemple de l'imagination, et de lafaiblesse de l'intellect face à ces passions.Après avoir cité les maux dont le corps accable l'âme, Platon franchit un degré en lui attribuant la responsabilité desguerres, destinées à assouvir ses appétits.

Ici on peut se demander si l'argument est vraiment plausible : les causesdes guerres sont multiples, et on trouve parmi elles non seulement la volonté de puissance, mais le prestige de l'idéede puissance, ou des constructions idéologiques.

Il n'est pas certain que l'on puisse vraiment attribuer au corpsl'origine de ces représentations.

Le problème du mal humain atteint sa profondeur précisément lorsqu'il fautreconnaître que ceux qui ont fait le mal savaient ce qu'ils faisaient.L'aboutissement de ce réquisitoire peut faire sourire tant il semble que Platon tienne l'impossibilité de philosopherpour plus grave encore que les guerres.

Le terme de « loisir », qu'il emploie ici, est très important dans sa pensée etrevient fréquemment dans ses dialogues : pour rechercher la vérité il faut avoir du temps devant soi et l'espritsuffisamment libre.

Souvent, dans les dialogues platoniciens, Socrate doit appeler à plus de patience desinterlocuteurs trop pressés de conclure le raisonnement.

Dans le Ménon ou le Gorgias, se produit exactement ce quePlaton déplore : les interlocuteurs se laissent emporter par leurs passions, notamment par l'orgueil et la vanité.

Nesupportant pas la réfutation que Socrate oppose à leurs propos, ils se fâchent et menacent d'interrompre ladiscussion. Conclusion. C'est en fait à un véritable travail d'ascèse que nous convie Platon à travers ce réquisitoire contre le corps.

Sansdoute ne pouvons-nous éviter de lire ce texte avec beaucoup de distance; mais on ne peut être que frappé par laproximité de ce texte et de différents mysticismes ou une doctrine aujourd'hui aussi prisée que le bouddhisme, quiinvite également à discipliner et à dompter le corps, siège de la douleur qui nous empêche d'accéder à la sérénitéparfaite.

La leçon à retenir de ce texte est que la philosophie ne peut se pratiquer sans une certaine expérience dusilence et de l'ascèse spirituelle - à condition, mais c'est un autre débat, d'admettre que l'objet de la philosophie estla contemplation ou la méditation de l'absolu. Épictète, quant à lui, enseigne de ne jamais se laisser dominer par lespassions, de ne jamais vouloir ce qui ne dépend pas de nous. De même, Épicure dira qu'il ne faut assouvir que les désirs naturels etnécessaires.

Le plaisir ou la satisfaction du désir est un bien.

Mais s'il affirmeque l'homme doit s'employer à rechercher le plaisir pour être heureux, il nedoit pas en faire la visée ultime ou le but de toutes ses actions.

Le plaisir nedoit pas être recherché pour lui-même, mais seulement pour éviter lasouffrance et avoir la paix de l'âme.

Le bonheur n'est pas le fruit de la luxure :« Ce ne sont pas les beuveries et les orgies continuelles, les jouissances desjeunes garçons et des femmes, les poissons et autres mets qu'offrent unetable de luxueuse qui engendrent une vie heureuse, mais la raison vigilantequi recherche minutieusement les motifs de ce qu'il faut choisir et de ce qu'ilfaut éviter et qui rejette les vaines opinions, grâce auxquelles le plus grandetrouble s'empare des âmes » (« Lettre à Ménécée »).Aussi Épicure distingue-t-il :• Les désirs naturels et nécessaires au bien-être du corps et de l'âme, quis'appliquent aux objets susceptibles de supprimer la douleur, tels la boissonqui étanche la soif ou la pain qui calme la faim.• Les désirs naturels et non nécessaires.

Les objets de ces derniers sont, parexemple, les mets délicats qui permettent de varier le plaisir.

Ces désirs nesont naturels que pour autant qu'ils ne se transforment pas en débauche. Ainsi, le désir sexuel est naturel à condition qu'il ne devienne pas « un appétit violent des plaisirs sexuels assorti defureur et de tourment ».• Les désirs ni naturels ni nécessaires qu'il faut refouler si l'on veut connaître la sérénité (désirs de gloire, derichesse, d'immortalité, ambition...).

Ces désirs sont de « vaines opinions » qui trouvent leur origine dans la craintede la mort, notamment.Épicure nous invite donc à mettre fin à tous les plaisirs non naturels et non nécessaires qui occasionnent le plussouvent des désagréments, des frustrations, qui freinent l'accès à l'ataraxie (absence de trouble ou de douleur). L'intérêt que je porte à mes besoins se limite à ma subsistance et à l'entretien de ma santé. Les désirs nous conduisent à oublier de vivreAinsi que l'écrit Pascal, «nos désirs nous figurent un état heureux, parce qu'ils joignent à l'état où nous sommes les. »

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