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L'expérience d'autrui nous est-elle utile ?

Publié le 26/02/2004

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En effet, on peut imaginer que je me trompe sur les intentions d'autrui à mon égard, et qu'il me veuille du mal, quand bien même à sa place je n'aurais pas cette réaction. 2ème partie : L'expérience d'autrui risque de nous être nuisible. - Autrui peut représenter une menace effective dans une situation où l'homme vit en solitaire. C'est « l'état de nature », imaginé par Hobbes puis Rousseau pour décrire un état originaire antérieur à la constitution de la société civile, qui introduit la vie en communauté. Dans cet état, « chacun est en guerre contre chacun », selon l'expression de Hobbes dans le Léviathan. En effet, si les conditions nécessaires à la subsistance humaine (nourriture, espace, protection) sont rares, autrui constitue un obstacle pour le sujet, et une entrave à sa survie. Autrui, puisqu'en tant que semblable, de même espèce, recherche les mêmes biens que le sujet, représente une menace car il est susceptible de lui voler ces biens. Le sujet considère donc autrui comme un ennemi à éliminer. Si cet état de nature n'est qu'une fiction, il n'en reste pas moins que l'esprit de concurrence entre les être humains perdure toujours, et que autrui, parce qu'il désire les mêmes biens que le sujet, menace le sujet de les lui dérober (par les moyens illégaux du vol ou de l'escroquerie, ou plus légitimement par la supériorité de son statut social, professionnel ou familial, et de ses qualités physiques ou intellectuelles.) - Pour Sartre, le conflit est le fondement constitutif de la relation à autrui.


« surgissement d'autrui est donc toujours une violence pour le sujet, selon Sartre.

Autrui est une menace constante, car il menace le caractère unique et absolu du sujet.

La présence d'autruidécentre le monde dans lequel se trouvait le sujet seul, et end à lui « voler lemonde ».

En outre, le regard d'autrui saisi le sujet et le fige.

Le sujet, en laprésence d'autrui, n'est plus une liberté pure, mais est « chosifié » par autrui,qui le considère comme un objet.- L'expérience d'autrui est plutôt néfaste pour le sujet car elle tend à leréduire, à le diminuer, à l'inhiber.

En fait, on peut penser que l'homme se sentdavantage comme puissance souveraine quand il n'a pas de concurrent pourl'intimider.

L'expérience d'autrui conduit l'individu à se comparer à l'autre, ettend à créer un sentiment d'infériorité chez l'individu qui se dévalorise vis-à-vis de son prochain dont il surestime les capacités.

Pour Nietzsche, l'hommefort, puissant et souverain est celui qui se suffit à lui-même, qui n'a pasbesoin des autres, et qui soumet les autres.

L'homme puissant est doncl'homme égoïste, qui ne cherche pas à rentrer en relation avec autrui, à enfaire une expérience compassionnelle.

La relation à autrui n'est pas utile pourNietzsche, mais est au contraire un aveu de faiblesse.

3ème partie : L'expérience d'autrui est nécessaire à la constitution du sujet lui-même et à son développement.

Si autrui est un autre que le sujet, alors la réciproque est vraie : le sujet est l'autrui d'autrui.

Autrui confère donc au sujet une forme d'existence à laquelle le sujet lui fait accéder en retour.Sartre reconnaît ainsi qu'autrui est un « médiateur indispensable entre moi et moi-même ».

Par la reconnaissance,autrui est ce qui permet au sujet de se sentir exister effectivement, de se considérer relativement à l'autre, et dese connaître.

« Je suis un être Pour-Soi, qui n'est Pour-Soi que par un autre.

»- En outre, le sujet et autrui atteignent ensemble la dignité, ils s'élèvent ensemble.

C'est l'autre aspect de la"reconnaissance" : même s'il le conteste, même s'il s'oppose au sujet, autrui provoque chez le sujet un sentiment degratitude puisque c'est grâce à lui que qu'il peut s'élever au-dessus de l'être égocentrique et égoïste.« Pour être heureux, il faut penser au bonheur d'un autre », écrit Bachelard, dans La Psychanalyse du feu . Ainsi, la reconnaissance du sujet par autrui est nécessaire à sa constitution, et à son développement, car cettereconnaissance prenant la forme du respect, augmente son amour-propre, et contribue à sa bonne vie sociale et àson bonheur.

- En fait, la présence d'autrui est indispensable au développement de la vie du sujet.

Pour Descartes, bien quechacun de nous soit une personne distincte des autres, et que par conséquent, chaque sujet a des intérêtssinguliers qui diffèrent de ceux d'autrui, on ne saurait cependant « subsister seul ».

Ainsi, pour Descartes, autrui estnécessaire à notre subsistance, donc à notre vie.- Cet argument est celui développé par Aristote dans le Politique (I, 2), où il explique que l'homme ne peut se suffire à lui-même, et est naturellement fait pour vivre en compagnie de cessemblables, dans le cadre d'une communauté instituée appelée la cité. L'homme est alors défini par Aristote comme un « animal politique », quiréalise pleinement son excellence humaine qu'en vivant en société, c'est-à-dire, en accomplissant la tâche qui lui est départie au sein de la citéorganisée par un système de division du travail où chacun possède une placebien définie.

Ainsi le cordonnier, le laboureur, le maçon et le tisserand (cesont des exemples de Platon, La République , II), sont nécessaires et indispensables les uns aux autres.

L'expérience d'autrui est donc utile, carautrui représente un bienfait.- Descartes écrit dans la 6 ème partie du Discours de la méthode que « plusieurs peuvent plus voir qu'un seul homme », et il enjoint ses lecteurs parcette assertion à le rejoindre dans la recherche de la connaissance pourprogresser davantage et plus sûrement.

Le philosophe concède ici à autruiune utilité évidente, qui permet au sujet seul d'améliorer ses performances.(Ex : un homme seul ne construit pas une maison, il faut un architecte, unmaçon, un plombier, etc).

Descartes souligne aussi que « chaque homme estobligé de procurer autant qu'il est en lui, le bien des autres, [car] c'estproprement ne valoir rien que de n'être utile à personne ».

Non seulementl'expérience d'autrui peut être utile, mais pour Descartes, elle le doit.

Conclusion : Au premier abord, l'expérience d'autrui semble détachée de toute considération utilitaire.

En effet, l'homme moral nesonge pas à autrui comme moyen en vue d'une fin, mais entre en relation avec l'autre de manière désintéressée.

Lepremier problème résulte du fait que l'expérience d'autrui est subjective et confuse.

On ne peut avoir deconnaissance certaine d'autrui, et l'on ne doit donc en espérer aucune utilité.

A l'inverse, l'expérience d'autruisemble plus menaçante qu'utile, car fondée sur le conflit, elle nous expose au danger de l'altérité et de la. »

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