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l'expérience est-elle la condition nécessaire, est-elle la condi¬tion suffisante du plein exercice de la pensée rationnelle ?

Publié le 18/03/2004

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(Contre les empiristes.) Pour étudier la question de façon objective, il n'est que de considérer les diverses opérations de la connaissance proprement rationnelle. A. D'abord, la formation de l'idée générale : ce qui caractérise cette opération, c'est le passage du concret, du particulier à l'abstrait et i l'universel. L'expérience ou connaissance sensible ne nous apportant que de l'individuel, il est absolument besoin, pour cette transformation, qu'un agent débarrasse l'image de tout ce qu'elle possède de concret et de particulier pour en extraire le type d'être universel. Ce travail, qui dépasse les images génériques des empiristes et que ne peut fournir l'écran passif des expériences de GALTON, l'intelligence l'accomplit par l'abstraction et la généralisation. B. Le jugement et le raisonnement ne peuvent pas davantage se réduire à des sensations juxtaposées ou à des associations d'images : contre les thèses sensualistes de CONDILLAC et associationnistes de Stuart MILL. Ces deux actes consistent essentiellement, en effet, en des affirmations de rapports abstraits basés sans doute sur les termes, mais qui en sont foncièrement distincts. L'identité partielle entre « terre » et « ronde ne se confond avec aucun de ces deux objets et sa perception requiert un élément actif capable de discerner ce point commun entre les deux termes (matériellement rapprochés peut-être par l'association) et d'opérer un arrêt, une sélection motivée parmi le déroulement automatique et indéfini des images.

« L'expérience est-elle la condition nécessaire, est-elle la condition suffisante du plein exercice de lapensée rationnelle ? INTRODUCTIONA) - Certaines constructions mentales a) suggérées, nul ne le conteste, par l'expérience, b) s'ordonnent et sepoursuivent sans recourir désormais à son office, c) cette déduction constructive caractérise notamment lesmathématiques et les systèmes de philosophie à ressort purement dialectique tels que ceux de Hegel et, sousquelques réserves de Hamelin.B) — Malgré ces apparences, l'empirisme ramène de proche en proche toute opération mentale a) à unenregistrement passif ; b) l'illusion du raisonnement peut s'expliquer dès lors par le symbolisme qu'il met enoeuvre.C) — Ces deux thèses : passivité pure et conventionnalisme pur a) non seulement paraissent indéfendablesprises à part b) mais encore incompatibles c) si bien que l'expérience est la condition nécessaire mais nonsuffisante de l'activité rationnelle, d) l'idéalisme logique soulevant le même genre d'objections que leconventionnalisme. I — LA PASSIVITÉ MENTALE A) — L'empirisme est inévitablement a) sensualiste en ce qui concerne les matériaux de la pensée rationnelle :tout vient des sens mais une sensation peut s'imposer au détriment des autres, d'où l'attention et l'abstractionb) associationniste en ce qui concerne l'ordre que l'esprit semble y mettre et qui n'exprime que des «conjonctions » assez réitérées pour engendrer des « connexions » mentales, c'est à dire des habitudes derapprochement.B).— Parmi les nombreuses objections soulevées par l'une et l'autre thèse, nous retiendrons a) pour lesensualisme celle de Rousseau : comment expliquer l'erreur puisque les sens ne nous trompent pas, maisseulement les jugements que nous portons sur leurs données ? b) pour l'associationnisme, la ,discrimination quis'établit à bous les degrés de la pensée scientifique, entre la fréquence et la qualité des expériences, à plusforte raison des démonstrations qu'il serait parfaitement superflu de répéter une fois faites. III - LE CONVENTIONNALISME A) — Aussi bien a) l'induction n'apparaît pas, à Stuart Mill par exemple, comme une multiplication d'instances,mais comme unetechnique expérimentale (les 4 méthodes) permettant d'éliminer le nasard par des tâtonnements, qui,pratiquement, aboutissent à des lois rigoureuses b) quant à la déduction, toute sa puissance, dont la rançonest la stérilité, lui vient de ce qu'elle substitue à des propositions d'autres propositions identiques ouimpliquées, c) un raisonnement est donc rigoureux dans la mesure où les analogies sur lesquelles il porte, seconfondent avec des identités. B) — Comment cette mesure peut-elle être comble ? a) à la condition qu'on substitue aux phénomènes dont lesdépendances sont mal connues, des symboles dont les règles de maniabilité sont fixées par l'esprit, b) si bienque la science est une combinaison de ces définitions nominales et comme dirai Condillac, une langue bienfaite, c) et, d'après les interprétation du « pragmatisme » moderne, exprime dès lors, non l'ordre des faitsextérieurs, mais la manière la plus commode et la plus « économique » (Mach) de nous les représenter.La science n'est plus une copie conforme, mais un outillage humain. C) — On peut répondre a) que les symboles nominaux correspondent' à un mode de groupement objectif desphénomènes, la règle qui permet d'appliquer le mot étant tirée des choses, il n'y a pas de mot pour désigner untriangle qui serait un carré, b) que l'usage du mot n'est dès lors ni aussi libre qu'il semble au nominalisme, niaussi limité qu'il semble à l'associationnisme et qu'il a pour règle Tordre même des choses que la raisondécouvre progressivement. III — L'IDÉALISME LOGIQUE A) — Il est dès lors aussi vain de prétendre le reconstruire avec des concepts que de croire qu'il semanifestera par un enregistrement photographique.B) —.Les reconstructions sont de deux sortes : a) formalisme analytique à la manière de Leibniz qui ramènetoute la construction mentale aux opérations de la logique formelle, mais comment échapper alors à la menacede stérilité qui condamne d'avance tout développement purement analytique ? (curieuse analogie entre leformalisme logique et lè nominalisme); b) formalisme synthétique : une thèse appelle une antithèse et leurgroupement donne une synthèse.

Mais aux trois moments les emprunts à l'expérience sont à peine déguisés :pour ne donner qu'un exemple, Hamelin intègre dans sa construction l'espace euclidien et rompt d'inutiles'lances contre la géométrie euclidienne. CONCLUSION Le « rythme du progrès » (L.

Weber) est à deux temps : raisonnement et expérience.

A vouloir réduire l'un àl'autre on tombe dans des errements qui sont sensiblement les mêmes dans les deux branches de l'alternative.. »

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