Devoir de Philosophie

Expérience et connaissance scientifique

Publié le 13/01/2004

Extrait du document

scientifique
Cela suppose bien, chez Platon, une conversion intellectuelle, un détournement des habitudes spontanées de l'âme, une pédagogie de la rupture : « L'esprit scientifique ne se forme qu'en se réformant ». La connaissance objective mérite une psychanalyse au cours de laquelle l'esprit scientifique pourra se constituer en inhibant et en refoulant les pulsions expansives de l'observation spontanée. Pour parvenir à l'esprit scientifique, il est donc indispensable d'éliminer de la connaissance les projections psychologiques spontanées et inconscientes, d'opérer ; comme le dit Bachelard une « psychanalyse de la connaissance ». Cette psychanalyse est bien difficile, peut-être jamais achevée. Elle est en tout cas l'oeuvre des siècles et nous ne devons jamais oublier que la science est une aventure récente. Il y a des ho sur terre depuis plusieurs centaines de milliers d'années et la physique scientifique date de XVII ième, la chimie du XVIII ième, la biologie du siècle dernier. En effet, la connaissance spontanée du réel est antiscientifique. C'est une connaissance « non psychanalysée » où nous projetons nos rêves et nos passions. C'est ainsi que la « physique » d'Aristote est encore toute mêlée de psychologie. La cosmologie céleste fait appel à la psychologie de l'âme bienheureuse, la physique terrestre d'Aristote s'éclaire par la psychologie de l'âme inquiète.
scientifique

« constate Hegel, la seule leçon de l'histoire est qu'il n'y a pas de leçons de l'histoire.

Les peuples et les gouvernants «n'ont jamais rien appris de l'histoire» et « n'ont jamais agi d'après les leçonsqu'on pourrait en tirer».

La raison en est que l'histoire ne se répète pas.

Achaque époque, les peuples, les gouvernants se trouvent dans descirconstances si particulières, dans une situation si individualisée, que lesleçons qu'on peut tirer du passé apparaissent abstraites et inefficaces.

Hitlerconnaissait l'échec des campagnes napoléoniennes de 1812-1813 et l'analysedonnée par Clausewitz de cet échec dans «De la guerre».

Mais il n'en a tenuaucun compte, espérant réussir, grâce à la vitesse de ses engins blindés, làoù Napoléon avait échoué.

A l'originalité de la situation, s'ajoute souventl'urgence de l'action.

Les peuples et les gouvernants doivent donc prendreleurs décisions d'après leur propre jugement et ne peuvent décider autrement. C) L'expérience immédiate comme obstacle. Bachelard considérait l'expérience immédiate comme le premier obstacle à laconnaissance scientifique.

Les informations fournies par les sens, le vécu sontsource d'erreurs.

Ainsi, par exemple, de ce que cette pierre tombe plus viteque ce morceau de liège, j'en viendrai à établir une distinction entre «lord» et«léger» et à conclure que la vitesse de la chute des corps est liée à leurmasse.

Or les scientifiques ont établi que, dans le vide, tous les corpstombent à la même vitesse.

La formule scientifique par Galilée de la loi de lachute des corps e= ½ gt2 contredit les données communes de la perception. L'épistémologie de Bachelard réactualise l'idée essentielle du platonisme : la science se constitue par ce gesteintellectuel qui récuse l'expérience.

Pour Bachelard (comme pour Platon) le savoir scientifique commence par unerupture avec l'expérience ; par se méfier des synthèses spontanées de la perception.

Car l'expérience première estun obstacle et non une donnée.

C'est même le premier obstacle que la science doit surmonter pour se construire.C'est que la science est ennuyeuse : le réel auquel elle a affaire est filtré, classé, ordonné selon des relationsintelligibles, quantifié, prêt à la mesure.

Au contraire, l'expérience première, spontanée, parle à l'imaginaire.

L' «observation première se présente comme un libre d'images : elle est pittoresque, concrète, vivante, facile.

Il n'y aqu'à la décrire et s'émerveiller ».

Devant elle, nous sommes au spectacle.

Entre l'expérience spontanée du feu parexemple et la connaissance des lois de la combustion, quel écart ! D'un côté un univers qualitatif et affectif : le feuqui crépite dans l'âtre, le bien-être, les couleurs, la fascination, le feu qui « chante » et qui « danse » ; de l'autreun processus physico-chimique dépouillé de toute poésie, une simple modification quantitative des éléments.La première leçon de l'épistémologie de Bachelard est donc bien platonicienne : l'anti-empirisme.

L'expérience est d'abord du domaine du préscientifique.

L'esprit scientifique doit se constituercontre elle, contre la nature et ses enseignements immédiats.

L'empirisme estla pente la plus naturelle et la plus paresseuse de l'esprit ; son axe et celui dela science sont inverses l'un de l'autre.

Cela suppose bien, chez Platon, uneconversion intellectuelle, un détournement des habitudes spontanées del'âme, une pédagogie de la rupture : « L'esprit scientifique ne se forme qu'ense réformant ».

La connaissance objective mérite une psychanalyse au coursde laquelle l'esprit scientifique pourra se constituer en inhibant et en refoulantles pulsions expansives de l'observation spontanée.Pour parvenir à l'esprit scientifique, il est donc indispensable d'éliminer de laconnaissance les projections psychologiques spontanées et inconscientes,d'opérer ; comme le dit Bachelard une « psychanalyse de la connaissance ».Cette psychanalyse est bien difficile, peut-être jamais achevée.

Elle est entout cas l'oeuvre des siècles et nous ne devons jamais oublier que la scienceest une aventure récente.

Il y a des ho sur terre depuis plusieurs centainesde milliers d'années et la physique scientifique date de XVII ième, la chimie duXVIII ième, la biologie du siècle dernier.En effet, la connaissance spontanée du réel est antiscientifique.

C'est uneconnaissance « non psychanalysée » où nous projetons nos rêves et nospassions.

C'est ainsi que la « physique » d'Aristote est encore toute mêlée depsychologie.

La cosmologie céleste fait appel à la psychologie de l'âmebienheureuse, la physique terrestre d'Aristote s'éclaire par la psychologie de l'âme inquiète.

Aristote distingue deuxsortes de corps, les lourds et les légers.

Les corps légers (la fumée) vont spontanément vers le haut alors que lesgraves (une pierre) se meuvent d'eux-mêmes vers le bas.

Le haut et le bas représentent respectivement le « lieunaturel » des corps légers et des graves.

Les corps inertes sont donc involontairement assimilés à des hommes quis'efforcent de retrouver leur « chez-soi ».

L'accélération de la pesanteur s'explique par le fait que le pierre « désirele bas » et presse son mouvement comme les chevaux qui, dit-on, vont plus vite lorsqu'ils « sentent l'écurie » .

Enlangage psychanalytique, on pourrait dire qu'Aristote projette sur sa dynamique un « complexe du home »,autrement dit qu'il prête aux corps inertes un goût particulier pour leur domicile pour leur domicile d'élection.« Il ne faut pas voir la réalité telle que je suis » dit Eluard.

Mais précisément je vois spontanément le monde commeje suis, et il faut tout un travail pour le voir comme il est ; ce travail est le travail de la science.

L'idéal est deparvenir à poser des relations objectives qui ne soient plus le reflet de mes dispositions subjectives.

Pour la science,le ciel cesse d'être un sujet grammatical, une substance dont le bleu serait l'attribut : le bleu du ciel n'est que l'effetde l'inégale diffusion des rayons du spectre solaire.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles