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L'EXPÉRIENCE MORALE ET RELIGIEUSE DE PASCAL

Publié le 23/03/2011

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morale

La jeunesse mondaine de Pascal Expérience politique. — Expérience religieuse    Les pensées de Pascal sont, toutes, des réflexions sur l'homme — l'homme, être physique et être intelligent ; être raisonnable et être sensible ; être borné, sujet à l'ignorance et à l'erreur, et être moral dépendant d'une destinée mystérieuse.    C'est la substance des Pensées.    Pascal ne s'enferme pas dans une notion générale et abstraite de l'homme ; quand on l'écoute parler de l'homme, on a toujours l'impression qu'il parle d'un homme et qu'il parle à un homme.    Mais a-t-il une connaissance directe, étendue et attentive des hommes, puisqu'il a vécu dans les sciences et qu'il a achevé sa vie dans l'ascétisme ? Ce qu'on appelle la période mondaine de sa carrière est si court, si limité ! N'aurait-il vu les hommes que dans les livres ou dans l'idée qu'il en avait.

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« qu'ils connaissent ; et les esprits Uns seraient géomètres s'ils pouvaient plier leur vue vers les principesinaccoutumés de géométrie...

Ce qui fait que des géomètres ne sont pas fins, c'est qu'ils vue voient pas ce qui estdevant eux, et qu'étant accoutumés aux principes nets et grossiers de géométrie, et à ne raisonner qu'après avoirbien vu et manié leurs principes, ils se perdent dans les choses de finesse, où les principes ne se laissent pas ainsimanier...

Et les esprits fins, au contraire, ayant ainsi accoutumé à juger d'une seule vue, sont si étonnés quand onleur présente des propositions où ils ne comprennent rien, et où pour entrer il faut passer par des définitions et desprincipes si stériles, qu'ils n'ont point accoutumé de voir ainsi en détail, qu'ils s'en rebutent et s'en dégoûtent. Mais les esprits faux ne sont jamais ni fins ni géomètres. Parmi les choses de finesse, la plus importante à connaître c'est le caractère des hommes, c'est « ce qui se passedans le plus intérieur de l'homme, que l'homme même ne connaît presque jamais ». « L'art d'agréer », avec lequel on persuade les hommes de toutes les vérités, dépend de cette connaissance, car ildépend des « principes du plaisir » lesquels ne sont pas « fermes et stables ». Ils sont divers en tous les hommes et variables dans chaque particulier avec une telle diversité, qu'il n'y a pointd'homme plus différent d'un autre que de soi-même dans les divers temps.

Un homme a d'autres plaisirs qu'unefemme ; un riche et un pauvre en ont de différents ; un prince, un homme? de guerre, un marchand, un bourgeois,un paysan, les vieux, les jeunes, les sains, les malades, tous varient : les moindres accidents les changent. Où Pascal a-t-il appris à deviner « ces principes du plaisir » et à lire dans cette énigme des cœurs. On nous dit que ce fut à l'école du chevalier Méré, qui est effectivement un maître de l'art d'agréer et dans lemonde où il fut conduit par cet ami.

En effet, je crois que Pascal s'est perfectionné dans la familiarité de cet êtresingulier, à la fois dilettante, sceptique et homme d'action ; grand soldat, grand voyageur, ennemi des précieux,ennemi des sots, familier de La Rochefoucauld, premier guide de Mme de Maintenon, et un peu pédant quand il écrit.Méré aimait la campagne comme Théophile ou Balzac, et la société comme les courtisans ; il goûtait Virgile, et ildétestait Cicéron.

Il avait fait de l'agrément et de l'art d'agréer toute une morale pratique, en y ajoutant l'honneuret le point d'honneur.

Mais Pascal n'avait pas attendu de le connaître pour vivre dans le monde et y exercer l'espritde finesse. Ni dans son enfance, ni dans son adolescence, Biaise Pascal n'a vécu hors du monde : les relations de son pèreétaient nombreuses et diverses ; les savants qui fréquentaient chez le président ne sentaient pas la poussière desbibliothèques ; ils ne craignaient pas d'aller au cabaret « faire débauche ».

Ils aimaient la poésie, la conversation etla société. Par Jacqueline sa petite sœur, Biaise connut les Saintot et les Bertaud.

Mme Saintot est cette célèbre amoureusequi poursuivit impitoyablement Voiture pour le reconquérir, et qui, avec moins d'esprit que son amant, ne manquaitpourtant pas de piquant.

Mme Bertaud est la mère de Mme de Motteville. L'acteur Mondory, d'Auvergne comme les Pascal, était en grande amitié avec eux. Lorsque la petite Jacqueline joua à la Cour, dans cette fameuse fête où le cardinal de Richelieu la prit sur sesgenoux pour lui accorder la grâce de son père, et où Mme de Combalet, nièce du cardinal, offrit des confitures,Biaise ne devait pas être loin. Lorsque la famille Pascal vint vivre à Rouen, cette ville passait pour une nouvelle Athènes.

Elle comptait quelques-uns des plus beaux esprits du royaume, et Corneille y écrivait ses jolies comédies, celles d'avant le Cid qui sont despeintures de mœurs et qui, déjà, annoncent Marivaux.

Jacqueline Pascal fut « protégée » par le grand poète ; unjour même, celui-ci la remplaça auprès des Palinods et prononça en son nom i n remerciement pour un prix de poésiequ'elle y avait reçu. Quoique Biaise fût alors très occupé par l'aide qu'il donnait à son père, par ses expériences sur le vide et par samachine arithmétique, puis, plus tard par des préoccupations religieuses, nous savons qu'il y fréquentait le monde etqu'il y avait quantité de relations. Vers l'âge de 23 ans, épuisé par la maladie, il quitta Rouen pour Paris avec sa sœur Jacqueline ; il s'installa non loindes Morangis, leurs amis.

Il était déjà célèbre par son charme et sa politesse.

Une curieuse lettre de Jacqueline nousraconte comment Descartes lui fit visite avec une extrême civilité.

Par anticipation, je peux bien rapporter ce motd'Arnauld.

Dans une discussion sur la « signature » du Formulaire, le grand Arnauld supposait qu'un homme « laissaitdix mille écus au plus grand géomètre de Paris ».

« Mais, continuait Arnauld, si un homme disait : le plus grandgéomètre de Paris est l'homme du monde le plus désagréable dans la conversation et si je savais que cette personneou ne connût pas M.

Pascal, ou l'eût en estime d'un homme d'un entretien fort agréable, quoique je fusse fortpersuadé que dans la vérité, M.

Pascal est le plus grand géomètre de Paris, je ne croirais point que cet homme eûtmal parlé de M.

Pascal.

Mais si je connaissais Roberval et que je susse que cette personne le connaît aussi, jecroirais sans peine que c'est de lui qu'il a voulu parler, quelque inférieur que je le Crusse à M.

Pascal, dans la science. »

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