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l'expérience permet-elle de fonder toutes connaissances ?

Publié le 18/11/2005

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. Les instruments ne sont que des théories matérialisées... »   Au niveau de l'expérimentation, l' « activité rationaliste » est encore plus nette qu'au moment de la seule observation. Car les outils de l'expérimentation sont eux-mêmes des produits de la raison et de la théorie. Et cela apparaît de façon éclatante même au niveau des appareils les plus simples et les plus modestes. L'usage d'un instrument aussi élémentaire qu'un banal thermomètre nous introduit déjà dans un monde « scientifique ». La relation complexe entre mon organisme et le milieu d'où résulte l'impression vécue de température est remplacée par une mesure fondée sur des relations beaucoup plus simples entre un objet et un milieu. Apprécier une température, c'est mesurer la dilatation d'une colonne de mercure sur une échelle graduée. Mais la fabrication d'un tel instrument requiert une théorie scientifique préalable. Un thermomètre, c'est la théorie de la dilatation matérialisée. Et cela est encore plus vrai des instruments de la science contemporaine.

Ici on vous demande si l'expérience est la seule source du savoir. C'est à dire que vous devez vous interroger sur la place et la fonction de l'expérience dans la construction du savoir. Vous pouvez partir de l'usage courant du terme d'expérience. Quand on dit d'une personne qu'elle a de l'expérience ou signifie qu'elle a pu acquérir de nombreux savoir et un savoir-faire. L'expérience serait ce qui instruit, forme et fournit une pratique telle que nos connaissances peuvent être utilisées. Mais s'agit-il de dire que l'expérience est la seule source de nos connaissances? Vous pouvez montrer en quoi nous commençons par faire l'expérience des choses, ne serait-ce que par la sensation. Demandez-vous alors si ce sont nos sensations qui sont la source de nos connaissances. Vous pouvez alors vous reportez aux analyses des empiristes ici. Néanmoins, ne peut-on pas penser que nos sens nous trompent également parfois? Dès lors, ne faut-il pas distinguer l'origine du fondement ? Les analyses de Kant peuvent vous être utiles ici. Est-elle un point de départ (c'est à dire l'origine) est-elle le fondement (ce sur quoi le savoir repose)? De quelle expérience parle-t-on?

« origine ; elle est aussi ce à quoi il faut retourner pour éprouver la valeur de nos pensées ou plus exactementde notre langage.

Les mots dépendent des données sensibles particulières, aussi généraux et abstraitssoient-ils.

De quoi suffit-il donc pour savoir si un mot possède un contenu réel de signification ou si ce n'estqu'un mot creux ? Il suffit que le mot représente effectivement une idée.

Pour établir la signification d'unmot, il suffit de rechercher de quelle(s) impression(s) sensible(s) dérive l'idée dont il est supposé être lesigne. L'expérience est bien alors, non seulement un point de départ, mais aussi un point d'arrivée, de retour.

Ainsil'empirisme ne fait-il pas seulement de l'expérience l'origine de notre connaissance, mais aussi ce qui la justifie.

Ence sens, il ne répond pas seulement à la question de fait que demeure la question de l'origine ; mais il pose danstoute son ampleur la question de droit. Dans « Essais philosophiques sur l'entendement humain », Hume affirme que les « idées » ne sont d'abord que des copies affaiblies des « impressions » d'origine externe et qu'elles sont ensuite liées suivant les lois mécaniques de l'association.

Ainsi, par exemple, nous observons qu'un phénomène donné est suivi d'un autrephénomène donné.

Rien ne nous permet d'affirmer qu'il existe entre eux une relation causale nécessaire sinonl'habitude que nous avons acquise, sous l'influence d'une association souvent répétée, de nous attendre à lesvoir se suivre.

Le principe de causalité est donc acquis par expérience.

Il en est de même pour les autresprincipes. La pensée empiriste anglaise distinguera avec insistance vérités logiques et propositions induites de l'expérience.

Hume analyse ainsi ce qui sépare relations d'idées et relations de faits : si l'opération « 2+2=4 » n'exige nul recours à l'expérience, l'affirmation « le soleil se lèvera demain » ne peut être proférée que parce quej'ai l'expérience quotidienne de la levée du soleil.

La proposition contraire n'est ici nullement contradictoire sur leplan logique, comme le serait « 2+2+5 ».

C'est un recours aux faits, non le jeu d'une opération purement rationnelle, qui établit la vérité.

Qu'en est-il alors de son universalité ? Comment prouver qu'il n'y aura pas unmatin où le jour ne se lèvera pas ? Questions qui ont pour effet de fragiliser la valeur rationnelle des propositionsscientifiques.

A côté des sciences de pure raison, les plus nombreuses sont relatives à des faits.

Celles-ci, parcequ'elles ne relèvent pas de la pure logique, ne peuvent pas être démontrées : « Le contraire d'un fait quelconque est toujours possible, car il n'implique pas contradiction et l'esprit le conçoit aussi facilement et aussi directementque s'il concordait pleinement avec la réalité. » Hume montre donc que l'induction ne conduit pas à une opération intuitive : le moyen terme sous-entendu ( cela se passera toujours comme cela s'est passé ) n'est pas une évidence logique.

Il faut que l'esprit induisant que « le pain m'ayant nourri hier il me nourrira demain » fasse un saut ne relevant pas de la logique.

Or l'induction est indispensable dès qu'on a affaire à des relations de faits.Aussi les vérités empiriques ne sont-elles nullement nécessaires : outre qu'il peut y avoir des inférences fausses,parce ce qu'on n'a pas encore rencontré le contre-exemple qui les démentira, il n'existe aucun moyen dedémontrer absolument, par la pure logique, que la conclusion d'une induction est nécessairement vraie.

Du pointde vue de la logique, elle ne lest pas.

Si l'on s'en tenait là, il faudrait en conclure que les sciences de faits, mêmesi elles sont provisoirement acceptables, demeurent en partie incertaines.

Elles reposent, au mieux, sur de hautesprobabilités. Ces théories de Locke et Hume , qui affirment que la raison humaine tire ses principes de l'expérience, sont deux formes de ce qu'on appelle l'empirisme. II) L'expérience est trompeuse. Bachelard considérait l'expérience immédiate comme le premier obstacle à la connaissance scientifique.

Les informations fournies par les sens, le vécu sontsource d'erreurs.

Ainsi, par exemple, de ce que cette pierre tombe plus viteque ce morceau de liège, j'en viendrai à établir une distinction entre «lord» et«léger» et à conclure que la vitesse de la chute des corps est liée à leurmasse.

Or les scientifiques ont établi que, dans le vide, tous les corpstombent à la même vitesse.

La formule scientifique par Galilée de la loi de la chute des corps e= ½ gt 2 contredit les données communes de la perception. L'épistémologie de Bachelard réactualise l'idée essentielle du platonisme : la science se constitue par ce geste intellectuel qui récuse l'expérience.

PourBachelard (comme pour Platon ) le savoir scientifique commence par une rupture avec l'expérience ; par se méfier des synthèses spontanées de laperception.

Car l'expérience première est un obstacle et non une donnée.C'est même le premier obstacle que la science doit surmonter pour seconstruire.

C'est que la science est ennuyeuse : le réel auquel elle a affaireest filtré, classé, ordonné selon des relations intelligibles, quantifié, prêt à lamesure.

Au contraire, l'expérience première, spontanée, parle à l'imaginaire.

L'« observation première se présente comme un libre d'images : elle estpittoresque, concrète, vivante, facile.

Il n'y a qu'à la décrire ets'émerveiller ».

Devant elle, nous sommes au spectacle.

Entre l'expérience spontanée du feu par exemple et la connaissance des lois de la combustion, quel écart ! D'un côté un universqualitatif et affectif : le feu qui crépite dans l'âtre, le bien-être, les couleurs, la fascination, le feu qui « chante » et. »

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