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L'expérience peut-elle se passer de présupposés théoriques ?

Publié le 01/08/2004

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Ainsi, aucun raisonnement ne vient suppléer à l'incapacité où est l'observateur d'un phénomène unique d'en connaître la raison.Hume peut donc conclure : la réflexion et la puissance de raisonner ne sont d'aucun secours lorsqu'il s'agit de connaître les faits. Sans la réitération d'une observation ou d'une expérience, la raison ni la réflexion ne trouveraient à s'employer. Dans les limites d'une expérience singulière, nous ne pouvons être certains que de ce qui est immédiatement présent à nos sens, ce qui ne fait pas encore une connaissance.Il n'y a de connaissance qu'à partir du moment où notre raison dégage la structure du phénomène, la raison de la manifestation, et cette opération n'est possible que sur la base d'une expérience ou d'une observation réitérées.On aura reconnu là, à l'occasion d'une réflexion sur la causalité, une idée centrale de l'empirisme. Ce dernier ne nie pas le rôle de la raison dans la connaissance, mais fait apparaître les considérations de son emploi légitime. La connaissance physique n'est le fait ni de l'observation immédiatement, ni de la raison immédiatement.On pouvait ici faire apparaître la nature conflictuelle de la thèse, le rationalisme, qu'il soit cartésien ou kantien, affirmant au contraire que la raison possède un pouvoir de connaître immédiatement à partir d'elle même, y compris les phénomènes naturels.Par exemple, Kant, sans nier le rôle de l'expérience, considérait que la relation de causalité pouvait être connue par la simple raison, la répétition de l'observation ou de l'expérience n'étant pas requise.

« L'expérience dépend de l'instrument qui la rend possible. «Les instruments ne sont que des théories matérialisées.

» Bachelard, LeNouvel Esprit scientifique (1938). • Pour donner leur place à la théorie et à l'expérience dans la constitution dela connaissance, il faut relever que la connaissance du monde passe aussi parla connaissance du sujet connaissant lui-même.

C'est ce que dit Kant, quivise notamment à sortir de l'antithèse entre Locke et Descartes.• Dans l'épistémologie moderne de Bachelard, les «données» de l'expériencene sont jamais «données» spontanément, mais sont construites grâce àcertains instruments (par exemple, le calcul de la trajectoire d'une comètedépend de la précision du télescope qu'on utilise).• Les instruments eux-mêmes ne sont pas «donnés»: le scientifique lesconstruit lui-même pour tester une théorie qu'il a élaborée avant même queles «faits» qu'il décrit n'aient été rendus sensibles.

D'où l'idée que l'instrument«matérialise» une théorie: pour l'inventer, il fallait que la théorie ait déjàprévu la possibilité des données qu'elle voulait tester. SUPPLEMENT: Supposez qu'un homme, pourtant doué des plus puissantes facultés de réflexion, soit soudain transporté dans cemonde ; il observerait immédiatement, certes, une continuelle succession d'objets, un événement en suivant unautre ; mais il serait incapable de découvrir autre chose.Il serait d'abord incapable, par aucun raisonnement, d'atteindre l'idée de cause et d'effet, car les pouvoirsparticuliers qui accomplissent toutes les opérations naturelles n'apparaissent jamais aux sens ; et il n'est pasraisonnable de conclure, uniquement parce qu'un événement en précède un autre dans un seul cas, que l'un est lacause et l'autre l'effet.Leur conjonction peut être arbitraire et accidentelle.

Il n'y a pas de raison d'inférer l'existence de l'un de l'apparitionde l'autre.En un mot, un tel homme, sans plus d'expérience, ne ferait jamais de conjecture ni de raisonnement sur aucunequestion de fait ; il ne serait certain de rien d'autre que de ce qui est immédiatement présent à sa mémoire et à sessens.

HUME I - LES TERMES DU SUJET Le texte comporte deux registres de termes.

D'un côté, "réflexion" et "raisonnement" indiquent des activitésspontanées, qui procèdent de soi.De l'autre "observation", "sens", "expérience" indiquent ce que nous devons aux données sensibles, à l'extérieur,dans nos connaissances. I - ANALYSE DU PROBLEME Le problème est un problème classique dans la philosophie de la connaissance : la relation de causalité peut-elleêtre connue par simple observation ? Nos sens peuvent-ils nous faire connaîtreun fait ? Quelles sont les limites du pouvoir de la raison, s'agissant de la connaissance des questions de fait ? Peut-on s'enremettre à la raison seule pour connaître ? De telles questions sont au coeur du débat entre empirisme et rationalisme. III - LES GRANDES LIGNES DE REFLEXION. »

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