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l'expérience est-elle la seule source de nos pensées ?

Publié le 18/11/2005

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L'expérience est bien alors, non seulement un point de départ, mais aussi un point d'arrivée, de retour. Ainsi l'empirisme ne fait-il pas seulement de l'expérience l'origine de notre connaissance, mais aussi ce qui la justifie. En ce sens, il ne répond pas seulement à la question de fait que demeure la question de l'origine ; mais il pose dans toute son ampleur la question de droit.   Dans « Essais philosophiques sur l'entendement humain », Hume affirme que les « idées » ne sont d'abord que des copies affaiblies des « impressions » d'origine externe et qu'elles sont ensuite liées suivant les lois mécaniques de l'association. Ainsi, par exemple, nous observons qu'un phénomène donné est suivi d'un autre phénomène donné. Rien ne nous permet d'affirmer qu'il existe entre eux une relation causale nécessaire sinon l'habitude que nous avons acquise, sous l'influence d'une association souvent répétée, de nous attendre à les voir se suivre. Le principe de causalité est donc acquis par expérience. Il en est de même pour les autres principes.   La pensée empiriste anglaise distinguera avec insistance vérités logiques et propositions induites de l'expérience. Hume analyse ainsi ce qui sépare relations d'idées et relations de faits : si l'opération « 2+2=4 » n'exige nul recours à l'expérience, l'affirmation « le soleil se lèvera demain » ne peut être proférée que parce que j'ai l'expérience quotidienne de la levée du soleil.

On vous interroge ici sur la réduction de l'origine de nos idées à l'expérience. On peut comprendre " expérience " de trois manières : l'expérience, c'est d'abord l'impression que les choses font sur notre sensibilité, impression par laquelle une réalité nous est donnée à saisir. Ensuite, l'expérience, c'est, dans les sciences, la possibilité de conduire une expérimentation visant à infirmer ou à confirmer une théorie. Enfin l'expérience c'est le savoir et le savoir-vivre acquis au fil du temps et à partir de l'existence humaine. A chacun de ses sens peut correspondre une définition de " pensée " : penser, c'est mettre en forme le donné sensible par des concepts , c'est observer, calculer et comparer pour former une théorie scientifique , c'est enfin avoir l'intelligence de la vie et en comprendre le sens. Or dans ces trois cas, la conscience (entendement, imagination , mémoire) intervient, ce qui indique bien que l'expérience pour être parlante doit être construite par la conscience elle-même, de sorte qu'elle n'est jamais immédiate. Qui plus est je peux penser quelque chose sens en avoir l'expérience sensible (pensez à la religion ou même aux mathématiques).

« Je découvre en moi une connaissance implicite : pour pouvoir affirmer que la cire demeure alors que les sensationsqu'elle m'offrent différent radicalement, il fallait que je sache qu'elle « n'était pas ni cette douceur du miel, ni cetteagréable odeur des fleurs, ni cette blancheur (...) mais seulement un corps qui, un peu auparavant, me paraissaitsous ces formes et qui maintenant se fait remarquer sous d'autres ».La question est donc maintenant de savoir d'où vient cette connaissance si la sensation est incapable de la donner.Une première réponse est avancée : l'imagination, permettant de se représenter les choses de façon sensible mêmeen leur absence, serait la faculté par laquelle je penserais les différentes figures que ce morceau de cire peutprendre.

Cette réponse s'avère rapidement insuffisante : ce morceau de cire, essentiellement muable et flexible, secaractérise par la capacité à assumer une infinité de formes possibles ; or l'imagination ne peut embrasser l'infinitédes formes.

Il faut pour cela une faculté qui n'ait pas à se représenter le dessin de chacune des formes les unesaprès les autres, mais qui puisse se former l'idée générale d'une infinité de formes possibles : seule la faculté deconcevoir peut accomplir cela.Ainsi, lorsque nous disons que nous voyons, il serait plus juste de dire que nous jugeons : notre vision est toujoursdéjà construite par l'esprit. 2.

Sentir et inventer- L'expérience comme fondement à toutes nos pensées (thèse de l'empirisme) L'expérience suppose la sensibilité.

Dire que nos idées proviennent de l'expérience, comme le fait Locke (Essai surl'entendement humain), signifie qu'elles sont le résultat de ce que nous sentons ; mais c'est dire aussi que nous nepensons qu'en vertu de ce que l'expérience nous a permis d'observer.

Notre pensée ne doit pas s'écarter des faits. Une solution consiste à affirmer que toutes les connaissances de l'homme, y compris les principes de la raison dérivent de l'expérience. C'est ainsi que pour Locke , il n'existe ni connaissance ni principe inné.

Dans « Essai sur l'entendement humain », critiquant l'innéisme de Descartes , Locke avance la thèse de la « table rase » : l'esprit de l'être humain, avant toute expérience et éducation (celui du nouveau-né par exemple), est comme une tablette de cire, vierge de touteécriture.

Nos idées simples viennent de la sensation et de la réflexion.

Les idées complexes et en particulier lescatégories de substance, de mode et de relation sont le produit de la combinaison des idées simples.

Pour Humeaussi les principes de la raison ne sont pas innés mais acquis par l'expérience. Comme philosophie générale, l'empirisme affirme avec Locke que nos idées ne sont pas, comme le pensait Descartes , innées, mais qu'elles proviennent de l'expérience.

On peut décomposer la philosophie empiriste de la connaissance en trois moments. 1.

L'origine des idées .

L'esprit, dit Locke , est d'abord une page blanche, une « table rase » (tabula rasa).

« Comment vient-il à recevoir des idées ? Par quels moyens en acquiert-il cette prodigieuse quantité que l'imagination de l'homme, toujours agissante et sans borne, lui présente avec une variété presqueinfinie ? D'où puise-t-il tous ces matériaux qui sont comme le fond de tous ses raisonnements et de toutesses connaissances ? A cela je réponds d'un mot : de l'expérience.

C'est le fondement de toutes nosconnaissances, c'est de là qu'elles tirent leur première origine .

» (« Essais sur l'entendement humain »). L'expérience est donc d'abord pour l'empirisme une réponse à la question de l'origine des idées.

Ainsi, uncertain nombre d'idées naissent dans l'âme des « observations que nous faisons sur les objets extérieurs et sensibles » (idem).

C'est le cas d'idées comme « dur », « mou », « blanc », « jaune »...

Locke les appelle des « idées de sensations » : nous nous les représentons que parce que nous avons eu l'expérience sensible du mou, du blanc, du jaune....

Pour un empiriste, un aveugle de naissance ne saurait avoir aucune idée descouleurs.

Les autres idées viennent non de l'expérience externe, mais de l'expérience interne ; cad desobservations que nous faisons sur « les opérations intérieures de notre âme ».

Telles sont les idées de « joie », de « peine », de « plaisir », de « douleur »...

Ce sont des idées de réflexions.

Dans les deux cas, les idées sont, comme dit Hume , des « copies » des impressions sensibles. 2.

La composition des idées .

En faisant naître les idées de l'expérience sensible, comment pourrions- nous rendre compte de l'infinité des idées que l'esprit peut concevoir, alors que est toujours limitée ? Je peuxme représenter une montagne d'or, ou un centaure : comment est-ce possible ? La réponse est : grâce à lapossibilité de combiner ou d'associer les idées, que Locke comme Hume attribut à l'imagination.

L'empirisme distingue entre les « idées simples », cad inanalysables en éléments et immédiatement dérivées d'expériences sensibles élémentaires (telles les idées de « rouge », « chaud »...) et les « idées composées », qui, elles, sot des résultats d'une combinaisons d'idées simples. 3.

La signification des mots .

L'expérience comme contrôle.

L'expérience n'est pas seulement une origine ; elle est aussi ce à quoi il faut retourner pour éprouver la valeur de nos pensées ou plus exactementde notre langage.

Les mots dépendent des données sensibles particulières, aussi généraux et abstraitssoient-ils.

De quoi suffit-il donc pour savoir si un mot possède un contenu réel de signification ou si ce n'estqu'un mot creux ? Il suffit que le mot représente effectivement une idée.

Pour établir la signification d'unmot, il suffit de rechercher de quelle(s) impression(s) sensible(s) dérive l'idée dont il est supposé être lesigne. L'expérience est bien alors, non seulement un point de départ, mais aussi un point d'arrivée, de retour.

Ainsil'empirisme ne fait-il pas seulement de l'expérience l'origine de notre connaissance, mais aussi ce qui la justifie.

En. »

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