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L'expérimentation sur le vivant est-elle légitime ?

Publié le 22/02/2012

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La loi morale nous ordonne de faire de l'homme une fin, non un moyen Kant formula le premier, de la façon la plus simple, la loi morale à laquelle nul être ne peut se soustraire. Cette loi nous ordonne de faire de l'humanité une fin en soi, c'est-à-dire de respecter la liberté en nous et hors de nous : « Je dis : L'homme, et en général tout être raisonnable, existe comme fin en soi, et non pas simplement comme moyen dont telle ou telle volonté puisse user à son gré. L'impératif pratique sera donc celui-ci : agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien en ta personne que dans la personne de toute autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen » (Fondement de la métaphysique des moeurs, II). Être libre, c'est en effet être à soi-même sa propre fin, non le moyen d'un autre.

« sont défendues, tandis que celles qui lui sont indifférentes sont permises, et que celles qui sont bénéfiques sontcommandées.

C'est par la fin, le but visé, qu'il faut juger, du moyen utilisé.

C'est son principe de légitimité.

L'idéeque le savant, c'est-à-dire l'hypothèse qu'il cherche à vérifier, est par suite le critère permettant de juger de lalégitimité d'une expérience.

Le savant ne doit donc écouter que sa conscience, conclut Claude Bernard ; il n'a decompte à rendre qu'à la communauté scientifique parce qu'elle seule peut comprendre cette idée et juger ainsi de lavaleur de son travail.

« Dans la science, c'est l'idée qui donne aux faits leur valeur et leur signification.

Le chirurgienet Néron se livrent également à des mutilations sur des êtres vivants.

Qu'est-ce qui les distingue, si ce n'est l'idéequi dirige leur bras ? Le physiologiste ne voit plus le sang couler, il ne voit que son idée.

Le savant ne doit avoir desouci que de l'opinion des savants qui le comprennent et ne tirer de règle de conduite que de sa conscience »(Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, II, II, 3).Mais tout est-il permis lorsqu'il s'agit de connaître ? N'est-il pas d'autres lois que celles de la science, qui soientobjectives et universelles comme elle, c'est-à-dire rationnelles, mais qu'il s'impose pourtant à elle ? Le désir desavoir et d'expérimenter n'admet-il pas des limites ? Que nous dit vraiment notre conscience ?La loi morale nous ordonne de faire de l'homme une fin, non un moyenKant formula le premier, de la façon la plus simple, la loi morale à laquelle nul être ne peut se soustraire.

Cette loinous ordonne de faire de l'humanité une fin en soi, c'est-à-dire de respecter la liberté en nous et hors de nous : «Je dis : L'homme, et en général tout être raisonnable, existe comme fin en soi, et non pas simplement comme moyendont telle ou telle volonté puisse user à son gré.

L'impératif pratique sera donc celui-ci : agis de telle sorte que tutraites l'humanité aussi bien en ta personne que dans la personne de toute autre toujours en même temps commeune fin, et jamais simplement comme un moyen » (Fondement de la métaphysique des moeurs, II).

Être libre, c'esten effet être à soi-même sa propre fin, non le moyen d'un autre.

Cette capacité à disposer de soi-même de façonautonome, que l'on appelle le libre arbitre ou la volonté et qui est pour Kant la raison pratique, c'est-à-dire la raisonelle-même en tant qu'elle nous dicte des principes d'action et non plus de connaissance, distingue radicalement lespersonnes des choses et permet ainsi d'établir une hiérarchie entre eux.

Tandis qu'il faut reconnaître une valeurabsolue aux personnes, parce qu'elles sont douées du libre arbitre et sont donc à elles-mêmes leur propre fin, leschoses n'ont qu'une valeur relative parce qu'elles sont dénuées de raison et de libre arbitre et ne sont que lesmoyens des précédents.

Cette distinction a pour effet de rendre l'homme entièrement responsable non seulement deses actions, puisqu'agissant de façon libre et autonome il en est la cause, mais aussi du reste de la création dont ildispose comme d'un moyen à ses fins.

On comprend ainsi comment la loi morale peut limiter les prétentions de lascience et définir entièrement a priori, c'est-à-dire indépendamment de l'expérience, le cadre d'une l'expérimentationlégitime sur le vivant.

Toute expérience doit avoir.

pour fin le bien commun de l'humanité.

Aucun être raisonnable nepeut en faire l'objet sans avoir préalablement donné son libre consentement, puisque la liberté est un bien communde l'humanité et que c'est elle et la raison qui doivent ici légiférer.

Les intérêts de la science s'accordent alors avecceux de la moraleet nul ne peut en entraver le progrès. Conclusion On peut donc expérimenter sur le vivant.

On le doit même, dès que la survie de l'humanité en dépend.

Mais celan'autorise pas tout, car l'homme dont il s'agit de préserver la vie n'est pas qu'un organisme.

Pour Kant, c'est aussiun être' moral, et il serait donc absurde de vouloir garantir son existence biologique au prix de cette moralité qui faitsa grandeur et sa dignité, en l'élevant infiniment au-dessus de l'animal dont il devient alors responsable.

Il s'en suiten outre que l'animal ne doit jamais être considéré comme un simple objet d'expérience, mais comme un sujet dedroit.

Bien qu'il soit dénué de raison, il a en effet des droits en tant qu'être sensible, car on peut fonder le droit surla sensibilité à la façon de Rousseau.

S'il faut, en outre, reconnaître avec Claude Bernard que la médecine ne peutprogresser qu'en devenant une science expérimentale et qu'un physiologiste qui fait une vivisection n'est pas unbourreau parce qu'il suit une idée et cherche à vérifier une théorie, on aurait cependant tort de donner tout pouvoirà la science.

Le savant ne doit écouter que sa conscience, mais celle-ci lui fait entendre la loi du devoir a laquelle larecherche du vrai est elle-même subordonnée.

La sagesse est l'unité du savoir et de la vertu et l'homme, rationnelet raisonnable, demeure le principe et la fin de la science.

Il n'est donc ici nulle antinomie, car il n'est qu'une seuleraison qui commande à tous.

C'est elle qu'il faut écouter dès que l'on expérimente sur le vivant, directement en soisi l'on est suffisamment sage, ou en la reconstituant sous la forme d'un « comité », pour éviter l'erreur et ne pasdonner tout pouvoir à un seul.. »

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