Devoir de Philosophie

Peut-on expliquer l'oeuvre d'art?

Publié le 04/01/2005

Extrait du document

.             Mais, bien que le symbole ne soit pas comme le signe simple, étranger à l'idée qu'il exprime, il ne doit pas non plus, pour rester symbole, la représenter  parfaitement ; car, si les deux termes s'accordent par une qualité commune, ils diffèrent sous bien d'autres rapports. D'abord, l'objet pris comme symbole renferme en lui même une foule d'autres propriétés qui n'ont rien de commun avec l'idée. De son côté, l'idée n'est pas toujours une qualité abstraite, comme la force, la ruse, etc. ; elle peut même être concrète et complexe. Par là elle renferme aussi beaucoup d'autres qualités que celle qui fait le fond du symbole [...].             Il suit de là que le symbole est de sa nature essentiellement équivoque. D'abord, à l'aspect d'un symbole, on peut se demander si c'est réellement un symbole ou non ; ensuite, en supposant qu'il en soit ainsi, qu'elle est entre toutes les significations qu'un symbole peut renfermer, celle qui est véritablement la sienne. Or, souvent, le rapport entre le signe et la chose signifiée peut être fort éloigné.

 

On accuse quelquefois les musées, notamment les musées d’art contemporain, de présenter seulement les œuvres, et non pas de les « expliquer «. On peut par exemple ressentir le besoin d’explication lorsque l’incompréhension domine. Pourquoi telle œuvre est-elle une œuvre d’art ? Quelles étaient les intentions de l’auteur ? En même temps, la question de l’explication d’une œuvre d’art ne concerne pas seulement celui qui ne comprend pas le statut artistique d’une oeuvre. Quelqu’un qui apprécie telle musique pourrait, à la question « pourquoi ? «, répondre que « cela ne s’explique pas «. La question concerne la possibilité même de l’explication à propos de l’œuvre d’art. Car cela ne va pas du tout de soi.

 

La définition de l’œuvre d’art est particulièrement problématique. L’art contemporain notamment a rendu quasiment impossible la tentative de donner des critères de ce qu’est une œuvre d’art. En même temps, certaines œuvres sont considérées comme artistiques et pas d’autres. On peut raisonnablement supposer qu’il y a des raisons pour donner ce statut à une œuvre.

Expliquer, c’est justement rendre raison de quelque chose, c’est rendre intelligible une chose, un phénomène, en dévoilant ses causes. L’explication apporte donc une forme de connaissance. Toutefois de quoi s’agirait-il à propos d’une œuvre d’art ? Expliquer une œuvre d’art, serait-ce donner les causes à l’origine de son statut artistique ? Quelles pourraient être ces « causes « ? Est-ce exposer les intentions qui ont précédés la réalisation de l’œuvre ? Mais même en saisissant ce qu’a voulu réaliser l’auteur, cela expliquerait-il ce qui rend l’œuvre artistique ?

« une telle maîtrise ne peut se communiquer, elle est dispensée directement à chacun par la main de la nature ; elledisparaît donc avec l'un jusqu'à ce que la nature confère à un autre les mêmes dons ; et il ne reste plus à celui-cique d'avoir un modèle pour laisser se manifester de semblable manière le talent dont il a conscience.

» Le génie est un don ; il ne s'explique pas, selon Kant.

Un artiste ne saurait rendre raison des mécanismes de la création. b) La beauté ne s'explique pas Sans vouloir réduire l'oeuvre d'art à ce qui a une beauté particulière, il n'en reste pas moins que la beauté est une caractéristique classique de l'oeuvre d'art.

Même si un artiste ne sait pas expliquer la production de l'oeuvred'art, il n'en reste pas moins que le secret de la beauté de l'oeuvre réalisée est peut-être, elle, explicable. A la lecture du texte de Kant qui suit, nous serons toutefois amenés à en douter, puisque Kant fait de la beauté l'objet d'un jugement « esthétique » (fondé sur le sentiment), et certainement pas d'un jugement « logique »(qui s'appuie sur une connaissance). KANT, Critique de la faculté de juger , §6 « §6.

Le beau est ce qui est représenté, sans concept, comme l'objet d'unesatisfaction universelle. Cette définition du beau peut être tirée de la précédente, qui en fait l'objetd'une satisfaction dégagée de tout intérêt.

En effet, celui qui a consciencede trouver en quelque chose une satisfaction désintéressée ne peuts'empêcher de juger que la même chose doit être pour chacun la source d'unesemblable satisfaction.

Car, comme cette satisfaction n'est point fondée surquelque inclination du sujet (ni sur quelque intérêt réfléchi), mais que celui quijuge se sent entièrement libre relativement à la satisfaction qu'il attache àl'objet, il ne pourra trouver dans des conditions particulières la véritable raisonqui la détermine en lui, et il la regardera comme fondée sur quelque chose qu'ilpeut aussi supposer en tout autre ; il croira donc avoir raison d'exiger dechacun une semblable satisfaction. Ainsi parlera-t-il du beau comme si c'était une qualité de l'objet même, etcomme si son jugement était logique (c'est-à-dire constituait par desconcepts une connaissance de l'objet), bien que ce jugement soit purement esthétique et qu'il n'implique qu'unrapport de la représentation de l'objet au sujet : c'est qu'en effet il ressemble à un jugement logique en ce qu'onpeut lui supposer une valeur universelle.Mais cette universalité n'a pas sa source dans des concepts.

Car il n'y a pas de passage des concepts au sentimentdu plaisir ou de la peine.

(...) Le jugement de goût, dans lequel nous avons tout à fait conscience d'êtredésintéressé, peut donc réclamer à juste titre une valeur universelle, quoique cette universalité n'ait pas sonfondement dans les objets mêmes ; en d'autres termes, il a droit à une universalité subjective.

» S'il n'y a pas de « concept » de la beauté, sur quoi une explication pourrait-elle reposer ? On pourrait également développer, dans cette partie, le problème inhérent à l'explication en oeuvre d'art.

S'il étaitpossible d'expliquer les oeuvre d'art, ne fournirait-on pas avec « l'explication » quelque chose comme la « recette »,si l'on peut dire, de la fabrication d'une oeuvre ? Expliquer une oeuvre d'art, est-ce que cela ne signifierait pas luiôter son statut, son mystère, sa dignité ? TRANSITION : Il semble vain de parvenir à l'explication de l'oeuvre d'art en interrogeant l'artiste.

En effet, il semble impossible de saisir le processus de création de l'artiste.

On peut certes interroger la finalité présente dans l'espritde l'artiste, on peut même connaître quel était son dessein, il n'en reste pas moins que l'oeuvre n'est artistique quedans sa réalisation, et non pas du fait de l'intention qui l'a produite.

Ne faut-il pas alors rester focaliser sur l'oeuvred'art ? ne peut-on pas, indépendamment du mystère de la création, expliquer, donner les raisons à la base du statutartistique d'une oeuvre ? Le fait est qu'en prenant l'exemple de la beauté de l'oeuvre d'art, on se rend comptequ'une fois encore l'oeuvre d'art échappe à l'explication.

Mais alors, si l'oeuvre d'art ne s'explique pas, de quois'occupent toutes les disciplines qui concernent l'oeuvre d'art ? Ne contribuent-elles pas d'une certaine manière àune « explication » ? Deuxième partie : Les contributions à l'explication Il faut inévitablement penser à interroger les diverses disciplines qui s'occupent de l'oeuvre d'art. Que vise l'histoire de l'art par exemple ? que vise la sociologie de l'art ? la philosophie de l'art ?. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles