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Expliquez et appréciez ce mot de Brochard : « Il n'y a rien qui ne soit plus à nous que nos erreurs. » ?

Publié le 19/06/2009

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INTRODUCTION. - Pour l'homme cultivé, ses opinions et son savoir constituent un élément essentiel de sa personnalité et il se montre aussi fier de ses idées que de son énergie ou de la délicatesse de ses sentiments. Mais cette fierté serait sans fondement s'il est vrai, comme l'a dit BROCHARD, qu'« il n'y a rien qui soit plus à nous que nos erreurs ». Expliquons d'abord cette assertion du philosophe de L'erreur; nous verrons ensuite ce qu'il faut en penser. I. — EXPLICATION BROCHARD lui-même, dans un passage d'où semble extrait le jugement soumis à notre appréciation, nous marque la différence qu'il y a, selon lui, entre la vérité et l'erreur : « On peut concevoir et on a conçu que l'homme, lorsqu'il connaît la vérité, la reçoive toute faite et sans y rien mettre du sien. Se tromper (au contraire) est une action qui suppose l'intervention du sujet dans ses propres états de conscience; il n'est rien qui soit plus véritablement à nous que nos erreurs. » (De l'erreur, p. 214.) a) Dans la vérité, il n'y a rien de nous ou, pour parler comme les philosophes, rien de subjectif : vérité est synonyme d'objectivité. Qu'est-ce à dire ? Que dans la représentation qui mérite le qualificatif de vraie, tout vient de l'objet connu et que le sujet connaissant n'y ajoute rien de son fond. Aussi, l'objet étant le même pour tous, une représentation vraie ne contient rien de nous. Sans doute, la connaissance de l'objet est un acte du sujet, et la représentation est, si l'on veut, un fait subjectif. Mais dans cette action le sujet se dépouille en quelque sorte de toutes les particularités qui l'individualisent; il se conduit en intelligence pure, il ne fait intervenir que cette intelligence qui est commune à tous les hommes et, par suite, aboutit à ces pensées impersonnelles qui seules sont vraies. Impersonnelles, et donc pas à nous.

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