L'exploitation est-elle la condition de toute société ?
Publié le 21/07/2009
Extrait du document
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b) L'exploitation au sens restreint et marxiste du termeSi le phénomène de l'exploitation prend un sens plus restreint (extorquer une plus-value à partir d'un sur-travail), onpeut également, dans la perspective marxienne, y déceler un élément historique précis, dans telle société à unmoment de son développement.L'exploitation consiste alors en ceci : le producteur n'est pas toujours payé (à tel stade du processus historique)pour la totalité du travail fourni.
Il y a toujours une « plus-value » qui est extorquée à l'ouvrier.
L'exploitation prendcette signification : le sur-travail n'obtient pas une rétribution correspondante.
Ce sur-travail ne serait donc pasune condition éternelle, mais seulement un moment du devenir.
Dès lors, l'exploitation apparaît historique, non pointinhérente à la nature même de la vie.
Elle ne constitue nullement un prédicat du phénomène du vivant.
Elle est liéeà l'organisation de la société en classes.
3.
Synthèse
La question est de savoir si l'abus des personnes à son profit, quel que soit le moyen, fait partie de la structure durègne vivant, mais le problème est de comprendre si le règne humain peut échapper à l'emprise de l'égoïsme et de laviolence.
Il semble bien que la réponse (à la question et au problème) ne puisse raisonnablement surgir que d'unesynthèse globale.
Nous sommes amenés, en effet, à prendre en compte le phénomène biologique et l'histoire.
Ils nepeuvent être pensés l'un sans l'autre.
a) Vie et exploitationIl semble impossible de nier radicalement les bases biologiques des concepts de domination et de lutte pour laprééminence.
Il y a effectivement, au sein du vivant, un combat, un exercice « agonistique » (de lutte).
La fonctionorganique primordiale (conserver sa propre structure, la développer et l'accroître) est certainement impitoyable pourtout ce qui s'affaiblit.
De ce point de vue, on reconnaîtra avec Nietzsche que l'« exploitation » n'est pas le fait d'unesociété imparfaite, mais bien une modalité du vouloir vivre.
Le processus le plus élémentaire de la vie repose sur unecertaine violence (faite sur autrui).
b) L'homme et l'universalité de la loi moraleNéanmoins, il ne saurait être question de rendre compte de la réalité humaine dans sa spécificité à partir dubiologisme le plus sommaire.
Si l'exploitation est inhérente à la nature même du vivant, cela ne signifie pas qu'ellesoit constitutive de tout le projet humain.
La réalité humaine appartient, en effet, à deux règnes, celui du vivant etde l'organique (le règne de la nature), mais aussi à celui de la loi morale et de la liberté.
Reconnaître qu'il y a dans levivant une lutte biologique pour la prééminence, donc un fond favorable et prédestiné pour l'exploitation, ce n'estnullement réduire la totalité de l'existence humaine au règne du vouloir-vivre biologique (dominateur).
En tant qu'ilappartient à la sphère de la liberté et de la morale, l'homme construit une éthique universelle capable de soumettreles désirs organiques et biologiques à une législation : c'est le « tu dois », le devoir.Dès lors, dans le règne humain, l'intérêt égoïste et l'abus peuvent être domptés par la loi.
Même si l'exploitation estinhérente au vivant, l'homme n'y participe point totalement.
Il est, en effet, un être moral et législateur.
Etre moralet législateur, l'existant humain est également historique.
Les aléas de l'histoire peuvent partiellement rendre comptede son projet agonistique.
C.
Conclusion
Même si l'exploitation est inhérente à la nature du vivant, le règne humain échappe aux déterminations strictementbiologiques.
L'homme est, en effet, un être législateur et moral qui appartient au règne des fins et non pointseulement à celui de la nature.
Cet être éthique est aussi un être qui vit dans l'histoire, et celle-ci rend compte(partielle-ment) de l'actualisation ou de la non-actualisation de son projet éthique..
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