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La faculté de penser est-elle sans limite ?

Publié le 27/02/2008

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Cette question ne peut se poser que sur le fond d'une prétention inouïe : celle d'une connaissance totale, absolue. Imaginons en effet que le concept d'une connaissance totale soit resté à jamais impensable, alors l'idée de limites pour la connaissance n'aurait jamais fait problème, tant la réalité de ces limites serait apparue évidente.

« démontrer la thèse et l'antithèse et nous avons là un exemple d'une de ces antinomies où se perd la raisonpure lorsqu'elle a la prétention de faire de la métaphysique, cad de poursuivre son effort d'unification etd'explication au-delà des données de l'expérience. Certes, les constructions métaphysiques sont pour la raison humaine une tentation irrésistible, sans cesserenaissante.

La raison invente le mythe d'une « âme-substance » parce qu'elle suppose réalisée l'unification complète de mes états d'âme, le mythe d'un Dieu créateur parce qu'elle suppose l'unification totale de ce quise passe dans le monde et qu'elle imagine un fondement absolu à l'univers.

Mais de telles ambitions dépassentles possibilités de la Raison.

Tandis que pour les innéistes ( Descartes & Platon ) la raison pouvait, grâce à ses intuitions et aux idées qu'elle trouvait en elle, atteindre la réalité profonde et penser l'absolu, pour Kant , la raison qui est constituée par des cadres a priori, mais qui n'a pas d'idées innées, peut seulement mettre enordre les matériaux fournis par l'intuition sensible. Si l'on veut restaurer la certitude de la science, il faut que sa méthode parvienne à concilier la nécessité rationnelle et le caractère toujours en partie contingent de l'expérience.

Ce sera l'une despréoccupation centrale de Kant .

Il s'efforcera de montrer comment les connaissances dignes de ce nom sot toujours le produit d'une rencontre entre les données de l'expérience sensible et le travail conceptuel del'entendement.

Ce dernier reçoit de l'extérieur, par le moyen de la sensibilité, une matière des connaissancessur laquelle il opère une mise en ordre conceptuelle dont la nécessité est interne à l'esprit.

Par exemple : lesrelations de causalité s'instaurant nécessairement entre les phénomènes de la nature ne renvoient pasforcément à un ordre des choses, mais à un ordre nécessaire de leur mode de manifestation à notre esprit.

Laconnaissance objective ‘est donc jamais connaissance des choses en soi mais connaissance de l'ordrenécessaire (rationnel) des phénomènes.

Très schématiquement, on peut donc dire que Kant échappe ainsi à l'idéalisme du rationalisme pur .

La connaissance ne peut exister que dans le domaine de l'expérience possible ; au-delà, la raison « ratiocine », cad qu'elle raisonne à vide, elle outrepasse ses droits, comme lemontre la « Dialectique transcendantale » de la « Critique de la raison pure » ; ainsi lorsqu'elle prétend démontrer l'existence d'un créateur qui ne peut être que postulée, car l'expérience n'en est pas possible.

Lesidées de la raison ont une fonction unificatrice et systématique ; la raison a également une fonction pratique ;mais c'est quand elle prétend connaître des objets transcendants (au-delà de l'expérience possible) qu'ellemérite de subir une critique. Mais Kant échappe aussi au scepticisme que semble entraîner l'empirisme : si la source matérielle de nos connaissances réside dans l'expérience, leur forme rationnelle les réinscrit dans l'ordre de lanécessité et de la certitude ; le savant ne produit pas des théories au gré de sa fantaisie.

Ces théoriesscientifiques rétablissent un ordre universel de la connaissance, car elles appliquent à la matière del'expérience la forme rationnelle de l'entendement ; il y a donc bien des lois de la nature.

Ni idéalisme, niempirisme, le Kant isme laisse cependant subsister un problème redoutable : peut-on se résoudre à ce que la connaissance ne porte que sur des phénomènes, sans que les choses en soi soient jamais accessibles ? Les limites de la raison. Dans le domaine de l'étude scientifique des phénomènes, rien ne saurait remplacer la raison et on peut mêmealler jusqu'à affirmer que « l'inexplicable » n'est qu'un provisoirement inexpliqué.

Mais comme Kant l'a montré, la raison est impuissante à rendre compte de l'Etre lui-même.

Nous ne pouvons connaître la réalité qu'àtravers les formes « a priori » de la sensibilité (espace & temps), sortes des structures mentales qui sont la condition de notre perception des choses, et les formes « a priori » de l'entendement (« catégories »).

C'est pourquoi, seuls les phénomènes (l'apparaître) nous sont accessibles.

Au-delà du savoir, il y a donc un mondedes noumènes (choses en soi) qui nous échappe.

Lorsque la raison tente de dépasser l'apparence pouressayer d'atteindre l'absolu, elle tombe dans d'inévitables contradictions, antinomies et paralogismes.

Unemétaphysique est impossible comme science.

En particulier, la raison ne saurait prouver la liberté de notrevolonté, l'immortalité de l'âme, l'existence de Dieu . Avec le grand rationalisme classique inauguré par Descartes , la raison apparaissait comme l'instrument infaillible d'une critique des illusions, généralement imputées aux sens ou à l'imagination. Or, avec Kant , l'illusion est portée au coeur même de la raison.

Le rationalisme fait place au criticisme, cad à une critique permanente des moyens de la connaissance, et à un incessant procès de la raison contre elle-même et ses prétentions abusives.

C'est le sens de l'illusion transcendantale : la raison prétend connaître au-delà des limites de l'expérience et déterminer des choses en soi, cad des objets qui ne sont pas donnés dansun phénomène sensible (le Moi, le monde, Dieu). L'illusion n'est plus seulement un déchet à éliminer ( Platon , Descartes ), mais elle est consubstantielle à l'instrument lui-même, la raison, qui se trouve empêtrée dans ses propres contradictions (antinomies :opposition d'une thèse et de son antithèse).

La « Dialectique transcendantale » est donc cette partie de la « Critique de la raison pure » où Kant examine comment la raison se contredit elle-même lorsqu'elle veut connaître au-delà de l'expérience. Et il est bien question ici d'illusion, et non d'erreur, car l'illusion transcendantale est inévitable, incorrigible, à. »

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