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Qu'est-ce que faire le bonheur d'autrui ?

Publié le 12/01/2004

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Faire le bonheur d'autrui, cela implique déjà de savoir ce qui correspond, pour lui, au bonheur, l'idée qu'il s'en fait. De plus, la vision qu'on se fait du bonheur d'autrui, comme du notre d'ailleurs, peut différer de ce qu'il serait vraiment. Il faut également distinguer les sensations particulières de bonheur comme satisfactions de désirs ponctuels, du bonheur comme état général de bien-être, de plénitude. Arguments : a) plaisir + plaisir = Bonheur ? On peut être le moyen de réalisation des satisfactions d'autrui, et ainsi contribuer à son bonheur. En présupposant de ses désirs, on les anticipe et on contribue à leurs satisfactions en donnant à autrui les moyens de réaliser ses envies. Cela vaut notamment pour nos envies de base, qui sont communes à tous car ce sont des besoins : manger, boire, dormir...Ces désirs sont alors satisfaits et disparaissent par là même. Mais ces désirs éphémères sont différents de l'état plus diffus et global qu'on appelle bonheur. Celui-ci correspond-t-il à la somme de la satisfaction de tous ces désirs particuliers ? Est-il d'une autre nature ?

Le bonheur est un terme très général ; il se réfère à la sensation d’épanouissement, au fait d’être heureux. Ce sentiment est totalement personnel et subjectif, il est difficile de ressentir le bonheur de quelqu’un. Faire le bonheur d’autrui, cela implique déjà de savoir ce qui correspond, pour lui, au bonheur, l’idée qu’il s’en fait. De plus, la vision qu’on se fait du bonheur d’autrui, comme du notre d’ailleurs, peut différer de ce qu’il serait vraiment. Il faut également distinguer les sensations particulières de bonheur comme satisfactions de désirs ponctuels, du bonheur comme état général de bien-être, de plénitude.

« Introduction Il y a, semble-t-il, deux manières de faire le bonheur d'autrui : on peut faire le bonheur d'autrui par accident, etn'être alors que l'occasion de ce bonheur ; tel est le cas de tous ceux qui correspondent involontairement à l'imagedu bonheur qu'autrui portait en lui, parfois même à son insu.

Mais on peut aussi faire le bonheur d'autrui, ou en avoirl'intention, parce qu'on aura entrepris d'y travailler : on aura donc voulu être l'artisan du bonheur d'autrui.

Maispeut-on alors réaliser le bonheur d'autrui dès lors qu'il ne s'agit plus d'aider à la satisfaction instantanée d'unepassion particulière ? I- La puissance a) Il y a un moyen simple de faire le bonheur d'autrui : c'est de donner à chacun de ses désirs la satisfaction qui luicorrespond.

Le désir d'autrui est à chaque fois présupposé, il faut en être l'instrument.

Ce que l'imagination résumeen disant : pour faire le bonheur d'autrui, il faut lui fournir la lampe d'Aladin, qui figure une puissance illimitée auservice du désir.

La satisfaction du désir ne requiert donc de la part d'autrui aucun effort ni aucune attente : pourle désir, il n'y a pas d'épreuve de la médiation.

Il n'y a pas d'histoire du désir : tous se valent, et chacun n'est qu'uncaprice fugace qui se forme et disparaît aussitôt, car il est aussitôt satisfait.b) Le don de la puissance s'inverse alors en malédiction.

En effet, ce qui aurait rendu possible le bonheur, c'étaitprécisément cette attente, cette incertitude qui sont à l'origine du désir.

L'erreur consiste donc à croire que ce quifait le bonheur c'est la satisfaction immédiate du moindre désir.

D'une part parce qu'il est vrai que le désir assouvipeut être un désir nuisible, mais surtout parce que le bonheur se fonde sur une attente du bonheur.

Ce qui manqueà la toute puissance, c'est la connaissance de la conscience comme inquiétude et désir. II - La connaissance a) Si pour faire le bonheur d'autrui il faut le connaître, comment puis-je savoir ce qui le rendrait heureux ? Moi-mêmej'ai peine à faire mon bonheur et à déterminer les conditions de mon bonheur.

La tentative de faire le bonheurd'autrui implique-t-elle que j'aie déjà réussi à faire mon bonheur, et que je ne fais qu'étendre aux autres, parbienveillance, les procédés qui m'ont réussi ? Si autrui n'est pas moi, comment puis-je déterminer les conditions deson bonheur ? Certes, ce qui m'a réussi m'a réussi comme homme.

Je pense alors que ce qui m'a réussi réussira àtout autre.

Je prends ma particularité pour règle.b) Ou alors, puis-je faire le bonheur d'autrui en le connaissant comme tel ? Mais comment dois-je le connaître ?S'agit-il seulement de connaître ses désirs particuliers ? Ou faut-il connaître l'homme, et le bonheur de l'homme ? Laquestion est donc de savoir si l'on peut faire le bonheur d'autrui comme cet autre (que je connais et que j'aime), oufaire le bonheur d'autrui comme de tout autre, ce qui implique que l'on sache en quoi consiste le bonheur de l'hommecomme tel, indépendamment de sa particularité. III - L 'autorité a) Je ne suppose que la volonté « abstraite » d'autrui : il veut son bonheur, et je prétends faire « droit » à sonexigence.

Mais c'est en moi seul que s'effectuerait le lien entre sa volonté indéterminée et la particularité, ladétermination et le choix des moyens.

En autrui tomberait seulement la conscience d'un résultat.

J'usurpe donctoute la sphère de la réflexion, de la décision et de l'action.

Je tire pour lui et à sa place toutes les conséquencesde sa volonté du bonheur.

Je ne cesse du lui dire : « tu veux le bonheur, donc tu veux ou tu dois vouloir ceci oucela ».

Je le délivre donc de l'incertitude inhérente à l'impératif pragmatique, je fais comme si, grâce à moi, lebonheur d'autrui cessait d'être un idéal de l'imagination.Mais du fait que ce bonheur est à réaliser, il faut aussi qu'autrui y travaille ; mais sous mes ordres et en exécutantmes prescriptions.

Ainsi autrui devient-il esclave et moyen dans le programme d'un bonheur qui est pourtant le sien.b) C'est un des sens de l'utopie : le bonheur des hommes comme fins et le travail des hommes comme moyens sontposés simultanément, mais aussi séparés absolument.

En apparence, l'homme est toujours considéré et respectécomme fin, en réalité, il est toujours traité seulement comme moyen, et l'identité en lui de la fin et du moyen estindéfiniment reportée.

L'homme fait (produit) ce qu'il veut (le bonheur), sans décider jamais de ce qu'il fait.Contre cette perspective d'une société parfaitement organisée, l'homme réclame le droit de se tromper dans sarecherche du bonheur. Conclusion C'est le respect de la liberté d'autrui qui doit m'interdire d'essayer de faire son bonheur, en me substituant à lui nonseulement pour le produire, mais pour déterminer ce qu'il est.. »

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