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Faire de l'histoire, est-ce le passé ?

Publié le 08/02/2004

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histoire
Les historiens d'aujourd'hui sont donc eux aussi, différemment de ceux d'hier, tributaires de jugements de valeur.Mais c'est plutôt dans le rapport que l'historien entretient avec le passé en général que l'on peut peut-être découvrir les véritables jugements de valeur qui orientent sa démarche.B. Une évaluation générale du passéa) L'idéalisation du passéFaire de l'histoire, c'est se tourner vers le passé. Mais qu'est-ce qui peut pousser à se détourner ainsi du présent ? N'est-ce pas une fuite devant les exigences de ce présent ? Il se pourrait que la pratique de l'histoire soit solidaire d'une nostalgie du passé, d'un passé que l'on valorise en tant que passé parce qu'il n'est plus et que, devant être reconstruit et imaginé, il se prête mieux à nos désirs que la réalité à laquelle nous sommes chaque jour confrontés. Les temps anciens ont souvent plusde prestige que la morne actualité ; les romantiques ont exalté cette poésie des ruines. C'est d'ailleurs souvent quand le présent ressemble au passé qu'il s'étoffe et revêt de l'importance aux yeux de ses contemporains. Ainsi, les révolutionnaires de 1789 n'ont-ils pu accomplir leur tâche historique qu'en se donnant l'illusion de renouer avec le passé glorieux de la République romaine, considérée par eux comme l'âge d'or du politique.
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« Mais n'est-il pas toujours superficiel et arbitraire de juger l'histoire ? N'est-il pas possible de porter sur le passé unregard détaché, objectif et impartial ? 2.

L'histoire, par-delà le bien et le mal Le propre de l'histoire contemporaine est de s'être complètement libérée des schémas de lecture globale du devenirhistorique.

L'objet de l'historien n'est plus l'histoire de l'humanité et son propos n'est plus de juger moralement lesévénements, ni de mettre en évidence un progrès ou une décadence.

Même si, comme nous l'avons vu, il est sansdoute impossible de s'abstraire complètement de la culture de son temps et si le choix des périodes ou des aspectsdu passé étudié en portent la marque, il faut reconnaître que le projet de l'histoire contemporaine exclut toutjugement de valeur. A.

L'histoire comme savoir critique a) Construire le passéL'historien cherche précisément à reconstituer le passé sans se laisser piéger par le témoignage toujours partial etorienté de ceux qui font l'histoire.

Il ne se contente pas de recueillir les souvenirs pour constituer une mémoirecollective, il veut aller au-delà de cette conscience souvent illusoire du passé pour rétablir ce qui s'est vraimentpassé.

Le recoupement de sources, nombreuses et variées, permet de reconstruire un passé qui, comme tel, n'ajamais été vécu par personne.

Le degré d'objectivité, dans l'établissement de l'événement, se mesure à lamultiplicité de ces recoupements, au croisement rationnel et méthodique des sources. b) Expliquer le passéL'historien ne se propose pas seulement de reconstruire le passé, il s'efforce aussi de l'expliquer.

Il s'appuie pour celasoit sur des lois que lui offrent les sciences humaines, soit sur des schémas explicatifs plus grossiers, relevant de lapsychologie ou du bon sens.

Dans tous les cas, l'objectif n'est jamais de porter un jugement de valeur mais de saisirl'enchaînement des circonstances qui a donné naissance à la conjugaison des causes estimées responsables d'unévénement déterminé.

Expliquer la montée du nazisme dans l'Allemagne de l'entre-deux-guerres ne revientévidemment ni à le justifier ni à le condamner mais consiste seulement à repérer les facteurs qui durant cettepériode l'ont rendu nécessaire. B.

La relativité de l'histoire ne signifie pas sa partialité a) Rationalité de l'histoirePar le choix de l'événement étudié et par celui de l'hypothèse explicative, le travail de l'historien ne propose jamaisqu'une approche partielle, qu'une perspective sur un événement déterminé.

Cette nécessaire relativité du savoirhistorique ne fait pas de celui-ci une production subjective et partiale.

Tout savoir se fonde sur des principes et deshypothèses de travail clairement formulés ; ses conclusions sont donc toujours conditionnelles et relatives.

L'histoiren'est donc pas moins rationnelle que n'importe quel autre savoir. b) L'objectivité critique de l'histoireOn pourrait objecter que, par rapport aux sciences de la nature dont l'objet est tout à fait étranger à l'observateur,l'histoire implique directement la subjectivité de l'historien par la matière proprement humaine sur laquelle elle porte.Il est plus facile de porter un jugement désintéressé sur la trajectoire d'une particule matérielle que sur celled'un homme politique.

Est-ce à dire que l'homme est incapable de poser un regard objectif sur lui-même ?Cet argument revient à invalider toute science humaine et est encore plus fort en ce qui concerne le savoirhistorique dans la mesure où il s'attache à des événements, certes souvent chronologiquement lointains, maistoujours individuels et concrets, vivants et colorés, proches par conséquent du vécu quotidien.

Le jugement quel'homme porte sur l'humain, fût-il celui d'hier, n'est sans doute pas indifférent ; mais la confrontation critique desmultiples points de vue et approches concurrentes permet à l'historien de repérer les diverses opinions en présence,ce qui lui permet de s'en libérer.

L'objectivité historique se gagne dans la confrontation critique des diverseshypothèses des différentes écoles, dans la prise de conscience de la diversité des manières d'écrire l'histoire et ducaractère partiel de chacune d'elles.L'histoire contemporaine a donc renoncé à juger le passé et s'est donné comme objectif de se constituer en savoirobjectif par l'exercice méthodique d'une démarche critique aussi bien vis-à-vis de ses sources que vis-à-vis d'elle-même.

Pourtant, si l'histoire renonce à juger l'histoire en juge, sa fonction essentielle est bien de poser le passé enobjet de discours, donc de jugement de connaissance.

Si on entend par « juger » le fait d'exercer son jugement,alors faire de l'histoire revient bien en effet à juger le passé.

Mais l'histoire nous conduit peut-être plus loin encore :elle nous aide aussi à juger le présent.. »

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