Devoir de Philosophie

Fais ce que dois, advienne que pourra

Publié le 09/02/2012

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Démontrer, à l'aide d'une ou deux tragédies de Corneille, que ses héros semblent avoir pris cette maxime pour devise.

Fais ce que dois, cela signifie : en toute rencontre, n'écoute que ta conscience, méprise les suggestions trompeuses de l'amour-propre, de l'intérêt, de la passion, du respect humain. Advienne que pourra, cela veut dire : avant d'accomplir ton devoir, en l'exécutant, ne te laisse pas troubler par la prévision des conséquences qu'il entraînera, si pénibles qu'elles puissent être. Ton devoir rempli, acceptes-en courageusement toutes les suites, ne regrette rien.

« Puis le devoir vrai, plus difficile, plein de périls : Je dois tout à mon père, avant qu'à ma maîtresse.

Le monologue dans lequel il délibère et se résout est du plus haut intérêt.

Aucun des héros de Corneille ne s'engage, en effet, à l'étourdie.

Il se demande d'abord : « Où est mon devoir? » C'est que souvent, dans la vie, il est plus difficile de le connaître que de l'accomplir.

Dans le premier moment, ce jeune homme amoureux croit le découvrir dans la fidélité à ses serments.

Incontestablement il y a là pour lui un devoir réel; il a promis sa foi à Chimène, il se doit de l'épouser.

Puis la raison, la reconnaissance, l'honneur, la nature parlent à leur tour.

Rodrigue, âme bien née, se rend à leurs pressants appels.

Oui, il doit tout à son vieux père : la vie, une vie heureuse et honorable, un nom respecté de tout un peuple, une carrière qui promet d'être glorieuse, une valeur à laquelle le comte· t'end hommage, et qui semble héréditaire : tout, jusqu'à l'espoir d'un hymen que le vieillard agrée.

A Chimène il ne doit, en somme, qu'une yromesse de bonheur, que l'avant-goût d'un amour jeune, v.ur, honnête.

I n'y a pas à balancer.

Le devoir filial doit l'emporter sur l autre.

Et, honteux d'avoir hésité, Rodrigue court à la vengeance: l'amour est un plaisir, l'honneur est un devoir.

Ici, arrêtons-nous, et demandons-nous, à notre tour, si le devoir est bien là où le placent don Diègue et son fils.

«L'honneur est un devoir.» Belle affirmation! Encore faut-il s'entendre sur les exigences de cet honneur.

La morale éternelle réprouve les conceptions de ces hommes d'un âge lointain et encore un peu barbares; elie ne peut adopter cette cruelle formule: Ce n'est que dans le sang qu'on lave un tel outrage.

Le duel est un crime; les duellistes s'exposant au suicide ou à l'ho­ micide.

Comment l'honneur - qu'un soumet ne saurait entacher -sera-t-il restitué par un crime? Non, le devoir authentique n'était pas là.

II était ou dans un pardon magnanime, ou dans une poursuite.légale, dans un recours à l'autorité souveraine, offensée en la personne du gouverneur choisi par le Roi.

Mais don Diègue et Rodrigue sont de bonne foi.

Ils se conforment sim­ plement aux idées reçues en leur temps, en leur pays, en leur milieu; ne les en détachons pas, faisons,..nous, pour les bien juger, une âme d'ancêtre.

Sûr de connaître son vrai devoir, décidé à le remplir totalement, Rodrigue en a-t-il envisagé les suites? Oui.

Sans cela il ne serait pas un héros cornélien authentique.

Il sait pertinemment qu'on lui donne à combattre un homme à redouter, qu'il risque sa vie dans ce duel; Il n'a point peur de mourir.

Il sait que, vainqueur ou vaincu, il perdra Chimène.

Cette perspective, autre­ ment douloureuse pour lui que la mort, ne l'arrête pas davantage.

Il sait enfin - encore qu'il n'en parle pas expressément dans la pièce -que, s'il tue le comte, sa situation dans le royaume devient impossible.

Sans doub, ayant privé le roi de son }>lus vaillant capitaine, subira-t-il un châtiment sévère : le bannissement, selon toute vraisemblance.

Alors il devra quitter le manoir de Bivar; il sera pour toute une vie .Peut-être, un chevalier errant.

«Advienne que pourrat » C'est bien sa devise; les menaces d'un avenir chargé de sombres nuages n'influent en rien sur sa décision.

Voyons-le maintenant dans l'accomplissement même de son devoir.

II y apporte les mêmes dispositions.

Il ne gémit plus sur la dureté de son 11ort, comme il l'a fait dans l'aba~tement des premiers instants.

Il s'y porte avec une sorte d'allégresse.

La certitude de remplir un devoir sacré le rend indomptable.

Pas l'ombre d'une crainte, ni d'un regret.

Certains mots du comte eussent pu l'amollir.

Mon âme avec plaisir te.

destinait ma fille ...

Mais le comte, quoique brutal, sait rendre justice à son agresseur.

La gran- deur de son geste l'émeut : · Je sais ta passion et suis ravi de voir Q«e tous ses mouvements cèdent à ton devoir.. »

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