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Faisons-nous l'histoire ? Sommes-nous les acteurs de l'histoire ?

Publié le 27/02/2008

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histoire
Ainsi s'expliqueraient les destins tragiques de Napoléon, Alexandre ou César...             L'histoire serait donc une série d'événements soumis à un principe, une idée telle la nature ou bien la raison. Ces deux conceptions et principalement celle de Hegel partage le même postulat, celui de l'idéalisme: l'idée, l'esprit déterminerait la nature; la nature serait soumise à l'idée. Ce mouvement n'apparaît-il pas comme absurde? Ne va-t-il pas dans le sens inverse de notre intuition d'homme libre ayant conscience certes de la causalité naturelle mais aussi de notre rôle fondamental par le biais de notre causalité efficiente. L'homme ne serait-il qu'une douille vide? N'est-il pas plutôt celui qui doit tenir le fusil et tirer? L'homme n'est pas comme le disent Marx et Engels dans l'Idéologie allemande celui qui fait son histoire? Il y a une base réelle de l'histoire qu'il ne faut pas mépriser. Cette base réelle est celle du développement du procès réel de la production de la vie immédiate qui permet de concevoir sans se référer à « l'Idée » la société civile au sens hégélien du terme comme fondement premier de toute l'histoire.

    Le manuscrit Apologie pour l'histoire ou Métier d'historien s'ouvre sur la question d'un enfant: "Explique-moi à quoi sert l'histoire? M. Bloch y répond de la manière suivante: "Un mot, pour tout dire, domine et illumine nos études: comprendre." C'est justement ce que dans une certaine mesure nous allons tenter d'entreprendre. Comprendre non pas ce qu'est l'histoire en tant que telle mais ce que c'est que faire l'histoire. L'ambiguïté, la tension au travail de cette expression est manifeste. Faire l'histoire, est-ce rassembler de façon organisée des événements passés et donc être historien ou, est-ce être celui qui produit ces mêmes événements, à moins que ce soit être ces dits-événements? D'où question:     Dans quelle mesure la question "faisons-nous l'histoire?" nous amène-t-elle au travers d'une conception épistémologique d'une part puis d'une conception proprement philosophique de l'histoire d'autre part à nous interroger sur la relation dialectique de l'homme à l'histoire? Si l'homme est sujet de l'histoire, l'est-il dans le sens de support nécessaire à l'effectivité de cette dernière ou bien dans celui du pion face à sa reine? Ceci nous poussant à nous poser trois interrogations non moins éclairantes. L'histoire en tant qu'elle appartient au monde des histoires, donc à l'homme en tant qu'il est détenteur du logos, ne s'en différencie-t-elle pas fondamentalement comme science? En tant que lois, constantes et chaîne de causalité, l'histoire identifiable à ses événements ne risque-t-elle pas de s'auto-engendrer, de se faire indépendamment de l'homme? Puis finalement de quelle manière est-il légitime de poser le paradoxe intenable de l'histoire et  comment par conséquent le dissoudre?

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« Nous n'avons pas la prétention de clore le débat: "histoire, science ou discipline?", néanmoins noustâcherons à notre échelle de voir dans quelle mesure on peut dire de l'histoire qu'elle est science et dès lors qu'ellene peut être faite que par l'homme, du moins par l'historien; autrement dit lançons-nous dans une épistémologie del'histoire! Lois, modèles, objet et principalement méthode pour reprendre le "bon mot" de Descartes représentent lesclés essentielles permettant de savoir si oui ou non nous avons affaire à une science.

Le cas de l'histoire en tantqu'elle est science "molle", disons plutôt humaine, nécessite qu'on s'arrête plus sur son objet et sa méthode que surle dégagement possible ou non de lois.

En effet, si l'on concède au sociologue historien qu'est Weber que l'histoireest une science idiographique et non nomothétique, il est nécessaire de montrer que l'histoire au sensépistémologique du terme n'est pas simple succession d'événements mais plutôt regroupement organisé de faitshistoriques.

Pourquoi cette distinction? Cette dualité peut être rapprochée, analogiquement, n'en déplaise auxnouveaux courants de logiciens, à la conception kantienne de l'objet.

L'objet n'est pas le simple fruit des datasensibles, il est issu d'une objectivation du sujet transcendantal par le biais des catégories et des formes a priori dela sensibilité du sujet que sont le temps et l'espace.

Si l'objet nécessite un sujet, de même le fait historiquenécessite un historien pour le construire.

Car si l'événement qui est au sens large ce qui arrive est indépendant del'historien, le fait historique lui est la créature, si je puis dire, de ce dernier.

Ce fait est donc issu de la recherche del'historien motivé par un intérêt déterminé, intérêt le poussant à une investigation plus poussée tel Pierre Brûlé etson enquête originale sur les femmes grecques.

La recherche historique fait donc pour cela appel aux corollaires desdata sensibles en physique: les documents historiques.

Ainsi, il est évident que l'histoire comme toutes sciences nepeut se faire indépendamment de l'homme et en l'occurrence l'homme (la femme?) étonnant(e?) et particulier(ère?)qu'est l'historien(ne?) Néanmoins, si l 'histoire parvient à dégager des lois, des constantes comme dans les sciences de la nature, ne peut-on pas considérer l 'histoire non plus strictement comme science (ce qui était notre approche jusqu 'à présent) mais bien plutôt comme une série d 'événements passés ayant une finalité déterminée et indépendante de l'homme et donc de l 'historien par voie de conséquence.

La question qui s 'impose est donc la suivante: quel serait le principe à la tête de ce déterminisme historique ? Si l 'homme ne fait pas son histoire, qui la fait? L 'histoire outre son sens épistémologique peut être comprise comme un effort orienté, comme une progression continue.

L 'histoire se dirigerait vers quelque chose de grand, ce serait pour reprendre l 'expression de Herder, dans Une autre philosophie de l 'histoire « le théâtre d 'une intention directrice sur terre.

» Si cette intention n 'est pas humaine, quelle est-elle? L‘histoire selon Kant, dans Idée d 'une histoire universelle au point de vue cosmopolitisme , serait un vaste plan de la nature.

Dans l 'esquisse d 'une logique de l 'histoire possible, Kant mobilise le concept de nature à la fois comme mécanisme ( Critique de la Raison Pure ) et comme finalité ( Critique de la Faculté de Juger ).

Ainsi « quel que soit le concept que l 'on se fait, du point de vue métaphysique, de la liberté du vouloir, ses manifestations phénoménales, n'en sont pas moins déterminées, exactement comme tout événement naturel, selon les lois de la nature.

» L 'histoire serait donc soumise à la causalité naturelle dans la mesure où les hommes sont des organismes intelligents entranten interaction avec d 'autres organismes.

De ce point de vue l 'action de l 'homme est identifiable à un comportement lui-même issue d 'une motivation.

Si sa conception de l 'histoire se base d 'un point de vue méthodique sur une conception mécaniste, il n 'en présente pas moins un postulat métaphysique accentuant l 'impression déterministe par une hypothèse anthropologique, selon laquelle les actions humaines sont déterminées au départ par des penchantségoïstes immédiats, analogues à des causes naturelles physiques.

Le monde social dans ce cadre subit uneréduction physique: les interactions humaines deviennent intelligibles selon les schèmes de la nature.

Ceci lui permetde développer l 'idée que les actions de l 'homme serait le fruit d 'une certaine ruse de la nature.

Association, guerre ne serait au final que le résultat des principes de répulsion et d 'attraction, de l 'insociable sociabilité.

L 'homme serait au sein même du processus qu 'est l 'histoire une victime du jeu des forces de la nature. Même si le reproche naïf d 'une conception anthropomorphique de la nature chez Kant n 'est pas légitime dans la mesure où il la considère lui-même comme étant à la fois la résultante d 'une hypothèse métaphysique et méthodologique, comprendre la nature comme principe de l 'histoire peut néanmoins nous interpeller car si l 'histoire est un plan de la nature, pourquoi est-il si difficile de la fonder comme science, et pourquoi n 'est-elle pas dès lors une simple branche de la physique? Tout simplement parce que la régulation mécaniste n 'est qu 'un temps de l'histoire universelle qui doit laisser place à un modèle technique de régulation politique, laissant apparaître l 'histoire comme un mouvement de moralité.

Cette identification entre moralité et histoire dans la pensée kantienne posecependant elle-même problème dans la mesure où on ne comprend plus alors comment expliquer en raison tous cessacrifices, ces horreurs qui sont la scène quotidienne du théâtre qu 'est l 'histoire.

C 'est ainsi qu 'il faut voir, à la manière des Leçons sur la philosophie de l 'histoire hégéliennes , l'histoire comme un mouvement de l 'Esprit du monde se servant des passions humaines, des grands hommes (« les hommes historiques ») pour parvenir à sa fin. »

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