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Faut-il choisir entre être heureux et être libre?

Publié le 07/03/2005

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(GASTON BERGER. Philosophie de l'Éducation) Mais l'idée du sujet qui consisterait à « choisir » entre liberté et bonheur n'était peut-être que dans une approche immédiate et sensible. Au fond, le caractère inextricable des deux idées passe peut-être par une perception plus abstraite de leur contenu. Si le bonheur désigne la jouissance, il est clair que la liberté morale ne produit rien de tel. Mais, si le bonheur est dans le sentiment d'avoir fait ce qu'on devait faire, cette satisfaction semble d'une valeur infinie par rapport à la satisfaction des appétits que l'on a sacrifiés.
Il faut distinguer la plaisir et la joie : dans le plaisir, il y a le signe que la vie animale a réussi, la joie accompagne la réussite d'une vie humaine, l'activité libre menée à sa perfection. Il n'y a donc pas de vrai bonheur sans une part de renoncement, puisque celui-ci n'est pur que s'il renonce à l'instinct. "Le bonheur de l'homme n'est pas dans la liberté mais dans l'acceptation d'un devoir." Gide, Journal, 8 Février 1932.   Conclusion : Si la liberté est parfaite maîtrise de soi, si elle ne suit aveuglément ni les émotions ni les passions, n'exige-t-elle pas le sacrifice de la vie comme simple jouissance ?

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La question posée semble soulever une contradiction, car la notion de choix soulignée dans l'intitulé sous-entendrait que l'on ne pourrait pas obtenir les deux à la fois : être libre et être heureux. Pourtant, il paraît presque évident que l'un des deux concepts ne peut pas fonctionner sans l'autre. C'est-à-dire que l'on ne puisse pas envisager un aspect du bonheur qui se construirait dans l'asservissement à une autre personne, au contraire il semblerait que la liberté soit la condition même du bonheur.

« représentation, il est possible de donner d'abord son assentiment (j'admets cette mort), puis de s'élever jusqu'à lacompréhension (de la loi universelle qui veut le cycle de vie et de mort).

On voit que ce qui dépend de nous, cesont nos actions, nos oeuvres propres, celles que nous accomplissons en conformité avec notre nature.

Etconnaître sa propre nature, pour l'homme, c'est reconnaître « qu'on n'est ni chair, ni os, ni nerfs, mais le principe quise sert de ces instruments, le principe qui, à la fois, gouverne et comprend les représentations » (Épictète,Entretiens, IV, 7).

Connaître sa propre nature, pour l'homme, c'est reconnaître qu'il y â en lui-même une facultécapable « d'avoir conscience d'elle-même, de sa nature, de son pouvoir, de la valeur qu'elle apporte en venant ennous », c'est reconnaître l'existence de la Raison (Entretiens, I, 1).Ce qui ne dépend pas de nous, ce sont le corps « et ses parties, les biens, les parents, les frères, les enfants, lapatrie et en général tous les membres de notre communauté » (Épictète, Entretiens, I, 22, 10).

Plus généralement,l'ensemble des événements, qui, comme le nom l'indique, sont extérieurs à nous-mêmes.

Les choses qui nedépendent pas de nous ne sont pas des biens.Cette distinction faite, il est possible de reconnaître les biens, les maux, et les choses indifférentes.

Les biens sontliés à l'utile : la réflexion, la justice, le courage, la sagesse.

Les maux sont liés au nuisible : l'irréflexion, l'injustice, lalâcheté, la folie.

Et puis, il y a des choses indifférentes, qui ne sont ni des biens ni des maux : la vie, la mort ; lasanté, la maladie ; la beauté, la laideur.

Elles ne servent ni ne nuisent par elles-mêmes, mais l'homme peut se servird'elles pour nuire ou pour être utile.

Elles peuvent donc apporter le malheur, ou le bonheur, selon l'usage qu'on enfait.A partir de là se développe toute la pratique de la philosophie morale stoïcienne, qui vise non pas tant à supprimer ledésir (qui est un mouvement de rapprochement, conforme à la nature), ou à supprimer l'aversion (qui est unmouvement d'éloignement, conforme à la nature), mais à déterminer correctement ce sur quoi porte ce mouvement.Désir et aversion ne doivent s'appliquer que sur ce qui dépend de nous ; sinon, nous allons désirer ce qui ne dépendpas de nous (la réputation, la richesse, le pouvoir) et haïr ce qui ne dépend pas de nous (la maladie, la mort, lapauvreté).

C'est à ce prix que l'on peut faire la conquête progressive de la liberté — le bien suprême —, du moins dela liberté intérieure, totalement affranchie des circonstances extérieures.Il y a donc un principe d'action, aisé à comprendre, et dont nous pouvons maintenant saisir toute la portée :« Renoncer aux choses qui ne dépendent pas de notre volonté », principe qui est rappelé en tête de cet Entretien.Mais la leçon de philosophie, avec Épictète, est toujours très concrète, elle se nourrit d'exemples.

Celui qui estfourni, dans la suite du texte, est le suivant : « Aussi ne puis-je appeler travailleur celui dont j'entends direseulement qu'il lit ou qu'il écrit, même si l'on ajoute qu'il y passe des nuits entières.

»On peut deviner facilement quelle est la question décisive.

A quoi s'appliquent ce temps passé, ces lectures ou cesécrits ? « A quelle fin se rapporte ce labeur ? » L'action, en elle-même, n'est ni bonne ni mauvaise.

Ce qui lui donneson sens, c'est seulement sa finalité.

Et Épictète de se moquer ! Si la fin que tu poursuis est la gloire, « je t'appelleambitieux », si la fin que tu poursuis est l'argent, « je t'appelle avare, mais non pas travailleur ».A quoi faut-il donc appliquer ses lectures, ses écrits, son travail ? La réponse d'Épictète est conforme à la doctrine :« Si tu rapportes ton travail à ta faculté maîtresse, pour que ses dispositions et son activité soient conformes à lanature, alors seulement je t'appelle un travailleur.

»Autrement dit, le labeur véritable, celui auquel on doit appliquer son « esprit dès l'aurore, jour et nuit », c'estd'exercer la partie maîtresse de l'âme (hégémonikon), celle qui guide les autres, qui fait les représentations, lesconsentements, les sentiments, en bref la raison.

C'est en fonction de la raison que nous devons exercer notrefaculté de juger et de vouloir, et nous déterminer ainsi conformément à l'ordre universel.

Ainsi, et ainsi seulement,parviendrons-nous, selon l'expression de Sénèque, à la vie heureuse, ou selon la formule même d'Épictète, «à menerune vie tranquille ».Une telle conception du bonheur nous invite à nous replier sur nous-mêmes, dans une indifférence totale à l'égardde ce qui est extérieur à nous.

Elle ne saurait satisfaire notre époque tournée vers l'action plutôt que vers lacontemplation.

Inutile de préciser qu'il y a des choses qui dépendent de notre volonté et qu'on ne saurait doncrenoncer à tout.

Le bonheur n'est pas dans la rétention, ni dans une petite vie économe.

Il convient toutefois, et cesujet nous y invite, de réfléchir davantage sur les rapports entre le bonheur et le désir. 2.

Deuxième partie : La liberté comme condition du bonheur. »

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