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Faut-il défendre sa liberté ?

Publié le 19/01/2004

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  Pour cela, il décompose la société en ses éléments initiaux que sont les individus, ces « atomes de société » doués du pouvoir de persévérer dans leur être (« conatus »).  Les individus sont « libres », comme l'eau qui coule lorsqu'ils ne rencontrent pas d'obstacles pour développer leur propre puissance et satisfaire leurs aspirations.   Le problème vient de ce que le monde de l'homme est occupé par d'autres hommes qui, comme lui, poursuivent le même but.  Il faut alors renoncer à supposer une sociabilité naturelle de l'homme, et admettre que la condition naturelle des hommes est le conflit entre des êtres fondamentalement égaux.  Cette égalité non instituée par l'homme signifie que le plus faible est toujours assez fort pour tuer le plus fort, soit par ruse soit en s'alliant à d'autres.  La peur devant la mort violente définit l'égale condition naturelle des hommes.  Elle provient de l'interminable concurrence que se livrent les hommes avides de satisfaire leur propre intérêt.  Lorsque les individus ne connaissent d'autres limites que leurs forces naturelles, ils peuvent s'attendre à ce que pèse sur leur personne et sur leurs biens une menace permanente.  La condition naturelle des hommes définit ainsi une sorte de communauté de la peur qui sépare les hommes, mais les rend semblables aussi, en les plaçant dans une égale condition d'insécurité, de misère et d'incertitude.  Les hommes ne peuvent survivre isolément.

« L'intérêt de la philosophie de Hobbes (1588-1679) est de s'inscrire résolument dans la perspective d'une pensée sociale laïque, sans se laissertromper par l'idée d'état de nature.

Cet état de nature, Grotius le voulait révélateur de la sociabilité naturelle de l'homme, de la présence en l'hommed'un penchant inné à la bienveillance et à la concorde.

Mais une telle supposition sonne creux si l'on tourne son regard vers l'histoire humaine.

Témoin lucide d'une société vouée aux guerres et déjà livrée à la concurrenceimpitoyable du marché, Hobbes rappelle que nous fermons la porte de nos maisons à clé, alors que nous vivons dans une société où il y a des lois et desinstitutions répressives pour les faire respecter.

Qu'en serait-il alors s'il n'yavait point de lois ni de force publique ? C'est ce que Hobbes nous demande d'imaginer avec lui lorsqu'il présente la « condition naturelle des hommes » (Hobbes , « Léviathan », Sirey, chap.

13).

Hobbes n'envisage donc pas un chimérique état de nature où l'homme vivrait séparé des autres hommes.

Mais il ne prend pas la société pour une évidence.

Il veut comprendrecomment se forme la société, comment elle prend forme.

Pour cela, ildécompose la société en ses éléments initiaux que sont les individus, ces «atomes de société » doués du pouvoir de persévérer dans leur être (« conatus »).

Les individus sont « libres », comme l'eau qui coule lorsqu'ils ne rencontrent pas d'obstacles pour développer leur propre puissance et satisfaire leurs aspirations. Le problème vient de ce que le monde de l'homme est occupé par d'autres hommes qui, comme lui, poursuivent lemême but.

Il faut alors renoncer à supposer une sociabilité naturelle de l'homme, et admettre que la conditionnaturelle des hommes est le conflit entre des êtres fondamentalement égaux.

Cette égalité non instituée parl'homme signifie que le plus faible est toujours assez fort pour tuer le plus fort, soit par ruse soit en s'alliant àd'autres.

La peur devant la mort violente définit l'égale condition naturelle des hommes.

Elle provient del'interminable concurrence que se livrent les hommes avides de satisfaire leur propre intérêt.

Lorsque les individusne connaissent d'autres limites que leurs forces naturelles, ils peuvent s'attendre à ce que pèse sur leur personne etsur leurs biens une menace permanente.

La condition naturelle des hommes définit ainsi une sorte de communautéde la peur qui sépare les hommes, mais les rend semblables aussi, en les plaçant dans une égale conditiond'insécurité, de misère et d'incertitude.

Les hommes ne peuvent survivre isolément.

Mais la nature seule ne leurpermet pas non plus de survivre ensemble.

La condition naturelle des hommes ne trouve sa solution ni dans lanature, ni au-dessus d'elle, en Dieu.

La concorde ne s'impose pas d'elle-même parmi les hommes, comme c'est lecas dans les sociétés que forment les abeilles et les fourmis. La condition naturelle des hommes, qui ne trouvent de secours ni en Dieu, ni en la nature, est un état dedéséquilibre permanent et général.

Ce déséquilibre provient de l'imagination et de la raison qui multiplient à l'infini lesdésirs.

Seul de tous les animaux l'homme peut imaginer et raisonner.

Il peut ainsi présumer, prévoir, supputer.

Cesont là autant d'aptitudes qui l'arment contre ses semblables.

Loin d'incliner spontanément à la sociabilité, la raisonmultiplie les raisons de discordes entre les hommes.

Se crée ainsi parmi les hommes une situation d'interdépendanceinstable et menaçante.

Cette situation est complexe, les hommes ne cherchant pas seulement à survivre, mais àsurpasser leurs semblables.

Ce n'est pas seulement pour des motifs biologiques que « chacun est l'ennemi de chacun » (ibid., p.

124).

Les hommes se disputent « pour des bagatelles », pour une opinion, un mot, un sourire, pour un symbole.

Ils n'entrent pas en concurrence pour s'approprier' seulement des biens immédiatement utiles.

Excités par la jalousie, ils désirent s'accaparer ce que d'autres possèdent; poussés par l'ambition, ils luttent pourêtre reconnus comme les meilleurs.

Tous les coups sont permis, les concurrents n'étant limités par aucune règle. La condition naturelle des hommes définit l'état hypothétique de la société livrée à elle-même, constammentmenacée d'autodestruction.

Elle est un état d'instabilité et d'incertitude, le maximum de liberté dont disposent leshommes étant payé par un maximum d'insécurité.

Elle constitue le degré zéro de la société, les hommes sontrassemblés, mais placés en situation de compétition, sans qu'aucune règle ne garantisse que la concurrence sedéploie pacifiquement.

Dans un état où les hommes ne peuvent compter que sur leur propre force et sur leur propreingéniosité pour assurer leur sécurité, « il n'y a pas de société » (ibid., p.

124).

Cela ne signifie nullement que les hommes vivent les uns sans les autres, ni qu'ils sont insensibles à ce que les autres pensent d'eux, mais que lasociété n'existe pas comme structure d'ordre.

La société n'est pas constituée comme société civile, structurée pardes lois publiques et un pouvoir souverain.

Elle n'existe pas non plus comme société civilisée, car l'état de guerrepermanent fait qu'il n'y a « ni commerce ni navigation, pas d'arts, pas de lettres ».

Lorsque l'ordre ne règne pas dans la société, on ne peut espérer le progrès de la civilisation. Aristote avait donc vu juste lorsqu'il définissait l'homme comme un « animal politique », et non pas seulement comme un animal social, à l'instar des sociétés d'abeilles réglées par l'instinct (« Politique », Livre 1).

Car l'homme est capable d'exprimer aux autres ce qu'il juge profitable à l'intérêt commun.

Seulement, Aristote avait présenté la solution sans poser le problème, comme si la solution pouvait apparaître d'elle-même, naturellement.

Hobbes montre que l'homme n'entre pas naturellement dans une société politique.

L'homme n'est pas un animal politique, ildoit en quelque façon s'instituer lui-même comme sujet politique.

L'homme doit se faire humain, sans compter ni surDieu, ni sur la nature.

La condition de l'homme ne se réduit donc pas à sa « condition naturelle », car il doit résoudre. »

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