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Faut-il se demander si l'homme est bon ou méchant par nature ?

Publié le 27/02/2004

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N'existe-t-il pas quelques principes fondamentaux et universels (comme par exemple ceux qui sous-tendent les droits de l'homme), qui restent hors de portée d'une telle relativisation ? Prolongements * On connaît la fameuse diatribe de Rousseau contre Montaigne à ce sujet (l'Émile, livre IV). Critique du scepticisme qui se plaît à souligner le caractère variable des moeurs et de la morale pour en tirer argument. Thèse de Rousseau : «Il est donc au fond de nos âmes un principe inné de justice et de vertu, sur lequel, malgré nos propres maximes, nous jugeons nos actions et celles d'autrui comme bonnes ou mauvaises. « * On pourrait aussi, avec Kant, montrer comment l'idée de communauté humaine peut être fondée d'un point de vue cosmopolite. La confusion trop fréquente entre la critique épistémologique et éthique de l'ethnocentrisme et le relativisme obscurantiste où se perd la valeur universelle des droits de l'homme ne peut être efficacement critiquée qu'à partir d'une redéfinition rigoureuse des points de vue auxquels il est possible de se placer. Explicitation des présupposés de la thèse * Il s'agit de statuer sur la portée de l'expression : «Faut-il se demander «. C'est la nécessité d'une question qui est envisagée. Au regard de quoi cette nécessité sera-t-elle évaluée ? En référence à quel domaine concret peut-on poser la question?

L'homme est par nature un être moral, en ce sens qu'il ne se contente pas d'être ce qu'il est : en se représentant à lui-même sa propre existence, l'homme est capable de déterminer son devoir-être. Or, ce devoir-être peut être orienté dans son principe par la détermination d'une nature morale originaire de l'homme, à laquelle toute action devrait se conformer ou au contraire se soustraire, pour être dite bonne. Ainsi, en quoi la détermination d'une nature morale originaire de l'homme influe-t-elle sur cette moralité même ? Cette influence est-elle souhaitable, et est-elle même conforme à l'essence propre de la moralité ? Ne peut-on pas voir dans cette détermination a priori d'une nature morale de l'homme l'effet même d'une moralité a posteriori construite librement par l'homme lui-même ?

« méchant occasionnellement ? Qu'est-ce qui réglera, dans ce cas, le rapport contradictoire entre la dispositionnaturelle et le comportement occasionnel?La vision manichéenne qui sous-tend une telle question (les bons, les méchants ; le principe du bien, le principe dumal) ne doit-elle pas être discutée, dans la mesure où un même fait (par exemple tel ou tel comportement humain)est susceptible de plusieurs interprétations opposées.

La guerre relève-t-elle d'une agressivité naturelle ou d'unprocessus social qui conduit les hommes à s'affronter? Corrélativement, peut-on se satisfaire d'une conception quienvisage les déterminations humaines comme des données statiques ? En admettant la possibilité de définirrigoureusement ce qu'on entend par bonté ou méchanceté (cf plus loin), n'y a-t-il pas lieu de se demander si l'on aaffaire ici à des déterminations données une fois pour toutes, ou, au contraire, susceptibles d'évolution, detransformation, en raison du processus existentiel par lequel l'homme choisit son caractère (cf.

Kant et le rapportentre tempérament et caractère au début du texte de L'Anthropologie) ou se définit selon un projet (cf.

Sartre et laproblématique existentialiste exposée dans L'existentialisme est un humanisme) ? L'idée même de perfectibilité, telle que la développe Rousseau, signale la valeur toute relative d'une visionmanichéenne et innéiste.La question ainsi problématisée semble relever d'un certain type de conception de l'homme, sur la fonction duquel ilfaudra s'interroger (signification et portée idéologique, enjeux pratiques de la question).• «Bon ou méchant?» sont deux termes relevant des habituelles antinomies morales.

Les critères implicites ouexplicites d'évaluation au regard desquels un être est dit bon ou méchant doivent être étudiés afin de préciser laportée de la question.

Rappelons que Pascal soulignait la relativité des jugements humains en la matière (cf lesPensées) tandis que Rousseau, soucieux de dissocier le principe même de la conscience morale des normescorrompues propres aux sociétés humaines, en assignait l'origine dans la nature profonde de l'homme (cf.

l'Émile,livre IV, «Profession de foi du vicaire savoyard»).

En fait, il n'est guère possible de statuer sur la portée effective del'antinomie bon/méchant sans expliciter les conditions dans lesquelles un tel jugement peut être fondé.

Ainsi, parexemple, le refus de s'en tenir aux évaluations propres à une culture, que l'idéologie tend à hypostasier, peut releverd'une exigence élémentaire de tolérance.Mais la tendance au relativisme intégral qui peut prendre sa source dans une telle attitude (« tout se vaut»; «toutpeut se justifier»; «au nom de la diversité des cultures»...) est-elle acceptable? N'existe-t-il pas quelques principesfondamentaux et universels (comme par exemple ceux qui sous-tendent les droits de l'homme), qui restent hors deportée d'une telle relativisation ? Prolongements • On connaît la fameuse diatribe de Rousseau contre Montaigne à ce sujet (l'Émile, livre IV).

Critique du scepticismequi se plaît à souligner le caractère variable des moeurs et de la morale pour en tirer argument.

Thèse de Rousseau :«Il est donc au fond de nos âmes un principe inné de justice et de vertu, sur lequel, malgré nos propres maximes,nous jugeons nos actions et celles d'autrui comme bonnes ou mauvaises.

»• On pourrait aussi, avec Kant, montrer comment l'idée de communauté humaine peut être fondée d'un point de vuecosmopolite.

La confusion trop fréquente entre la critique épistémologique et éthique de l'ethnocentrisme et lerelativisme obscurantiste où se perd la valeur universelle des droits de l'homme ne peut être efficacement critiquéequ'à partir d'une redéfinition rigoureuse des points de vue auxquels il est possible de se placer.Explicitation des présupposés de la thèse• Il s'agit de statuer sur la portée de l'expression : «Faut-il se demander ».

C'est la nécessité d'une question qui estenvisagée.

Au regard de quoi cette nécessité sera-t-elle évaluée ? En référence à quel domaine concret peut-onposer la question? Quels sont les effets d'une telle question, et de ses réponses éventuelles dans ce domaine ? Lapertinence de la question ou, au contraire, son manque de pertinence, relèvent d'une analyse mettant en évidenceles critères et les enjeux implicites de sa formulation.

Pour donner à la problématisation envisagée des objectifs bienprécis, on pourra donc poser les questions suivantes : est-il pertinent, rigoureux, acceptable d'un point de vuethéorique de poser une telle question ? Est-il acceptable, légitime de le faire ? Les implications idéologiques de laquestion n'appellent-elles pas une explicitation critique méthodique? Etc.• Sur les enjeux du problème, on rappellera simplement le rôle que peut jouer une certaine conception de la naturehumaine (bonne ou mauvaise ou ni l'un ni l'autre...) dans les théories de l'éducation, du pouvoir, et de la vie socialeen général.

Le statut de la répression ou de la contrainte, par exemple, peut être examiné à la lumière des variationsd'une telle conception. Prolongements • Platon : «Nul n'est méchant volontairement.

».

Argumentation de Socrate dans la discussion avec Calliclès (leGorgias, troisième partie).• Saint Augustin : critique du manichéisme ; affirmation du déchirement interne à tout homme entre le bien et le mal; affirmation du libre arbitre de la volonté.

(Les Confessions, et notamment VIII, 9).

Thème du péché originel (De lacorrection et de la grâce, X, 28).• Spinoza : refus d'une approche normative de la nature humaine et critique des évaluations morales quil'accompagnent (Traité politique, § 1; L'Éthique, livre I, appendice).

Critique du dogme du péché originel et ducaractère difficilement intelligible du libre arbitre (Traité politique, § 6; L'Éthique, livre III, Préface).• Kant : distinction du tempérament et du caractère (dont l'homme est responsable) : «Ces dons de la nature(propres au tempérament) peuvent devenir aussi extrêmement mauvais et funestes si la volonté qui doit en faireusage, et dont les dispositions propres s'appellent pour cela caractère, n'est point bonne...» (Fondements de la. »

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