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FAUT IL ÉDUQUER À LA LIBERTE?

Publié le 17/10/2011

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   Éducation et liberté semblent, au premier abord, être deux termes tout à fait contradictoires. En effet, les représentations communes de ces deux concepts amènent l'homme à penser que l'un ne dépend pas de l'autre, et même plus, que l'un entrave, voire paralyse l'autre. La liberté est parfois vue comme une indépendance, une faculté d'agir selon sa volonté, supposant une absence d'obstacle et de règles. L'éducation, quant à elle, entend un enseignement, une intégration des lois sociales ainsi qu'une dépendance de formation du maître à élève. De même, la liberté est tantôt exprimée comme une satisfaction totale de ses désirs tandis que l'éducation attends une maîtrise de soi qui passe par la maîtrise de ses passions.  Néanmoins, et si l'opinion souvent trop commune de rattacher au terme de « Liberté « celui d'indépendance totale persiste, une telle approche se heurte bientôt au fait que l'homme ne soit pas un être capable d'une indépendance absolue. En effet, seul un homme apte à se suffire à lui même pourrait prétendre à une telle indépendance, or, il n'existe personne à part Dieu qui puisse se détacher ainsi des lois naturelles. La liberté s'explique alors comme une puissance de choix raisonnés par une réflexion critique, comme une détermination autonome et spontanée d'un sujet rationnel. L'autodétermination suppose un exercice de raisonnement de son libre arbitre ainsi qu'une capacité de réflexion critique sur la nature des objets vis-à vis desquels on choisit. Cependant, cette liberté s'établit au sein d'une soumission consciente et autonome aux lois. L'homme ne se rend non pas dépendant au sens négatif du terme, mais qu'il s'autodétermine dans ce qu'il choisit de se soumettre de manière autonome aux lois communes afin de préserver sa liberté. Agir librement devient alors une volonté d'obéissance à une règle d'action prescrite par la raison, ce qui nécessiterait une annihilation de ses passions, dans la mesure où ce sont elles qui amène la perte partielle de la raison.

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« pourra se terminer que si et seulement si l'enfant est en mesure de déduire des ronces que les autres plantes avecdes épines piquent également, et de s'en protéger personnellement.

Il est effectivement évident que l'éducation nepeut s'étendre à chaque objet qui pique, qui brûle, qui empoisonne.

Dans le même temps, la formation de l'enfant àla connaissance de la nature se développe grâce à son professeur, qui lui donne les ustensiles intellectuels luipermettant de la comprendre partiellement.

L'enfant, sans cesse sollicité par une expérience sensible du monde,l'apprécie par ses sens, incertains.

Cette imprécision ne lui permet pas de saisir parfaitement le monde dans lequel ilvit et le rend souvent victime de visions qui ne sont en fait que des reproductions illusoires du monde réel.

Or,penser que tout ce qui apparaît dans la nature est réellement comme cela apparaît, fait subir à l'enfant lesdéformations de la réalité par cette nature.

L'éducation fournie par le maître d'école accorde à l'élève desconnaissances qui l'aide à appréhender cette nature d'une vision la plus juste qu'il soit.

Comme le montrel'expérience que Rousseau fait avec Émile au sein d'Émile ou de l'éducation, seul l'enfant connaissant le phénomènede réflexion pourra anticiper qu'un bâton dans l'eau apparaisse brisé alors qu'il ne l'est pas.

Ainsi, c'est grâce à sesparents, à son professeur, mais également grâce aux découvertes de la société que l'enfant, devenant homme, vapouvoir, par le biais de ses nombreuses connaissances empiriques et intellectuelles, s'approprier partiellement lanature, ou tout du moins ne plus la subir, afin de pouvoir s'en libérer.

La démonstration de cette éducation n'est iciqu'un exemple, nous permettant d'affirmer qu'il est dans certain cas nécessaire d'éduquer l'homme à la liberté, dansla mesure où l'homme n'ayant pas fait ce chemin serait inévitablement un homme aliéné à sa faible condition,dépendante, à travers cet exemple, de toutes les actions de la nature.

Cependant, il apparaît nécessaire d'ajouterque l'éducation à la liberté vise tout d'abord la maîtrise de ce qui aliène non pas le corps de l'homme, mais bel etbien son esprit.

Au delà d'un aspect simplement « matériel » du monde tangible, l'éducation est également ce quipermet à l'homme d'apprendre à se connaître lui même, et à se maîtriser.L'homme est fondamentalement un être possédant des passions.

Ces pulsions passionnelles sont une des parties del'être humain qui l'assouvissent et l'aliènent.

En effet, nous ne pouvons considérer un homme qui ne peut contrôlerses passions comme libre, dans la mesure où, n'étant pas maître de lui, il peut être amené à effectuer des actes surlesquels il n'a aucune emprise.

Se laisser dominer par une pure spontanéité, c'est se soumettre à des passions quel'on n'a pas choisies.

Par conséquent, être libre, ce serait agir en s'arrachant à ce déterminisme passionnel.L'éducation à la liberté paraîtrait ici être représentée dans l'éducation à la libération des passions.

Elle semble tout àfait nécessaire à l'homme, dans la mesure où ce n'est que par elle qu'il peut se libérer de ces mauvaises passions.L'éducation, en particulier l'éducation philosophique, est ce qui paraît pour Platon, être la seule chose capabled'amener l'homme à s'en délivrer.

En effet, un apprentissage philosophique consisterait à délivrer l'âme du corps, enlui permettant d'évoluer, au delà des pulsions physiques de l'être humain, au sein du monde des Idées.

Cettedélivrance semblerait venir pour Platon qu'une fois une conversion de l'âme aux Idées effectuée.

Pour parvenir àcette conversion, Platon discerne dans la République trois sortes d'éducations nécessaires: l'éducation proprementphilosophique (paideia) représentée dans le mythe de la caverne (livre VII), qui doit permettre à l'homme d'accéderau monde des idées pour pouvoir ensuite briser les liens qui le retiennent au monde tangible à son retour, l'éducation« mathématique » (livre VI et VII) ainsi que l'éducation érotique, expliquée à travers les différents personnages LeBanquet.

« Éduquer l'homme à la liberté » reviendrait alors à lui procurer un désir de sagesse, qui engendrerait unrefus de rechercher la satisfaction du désir proprement humain dans les plaisirs sensibles.

Cela signifierait dès lorsélever son âme vers le bien, afin qu'il puisse faire des choix vertueux guidé par sa raison.L'homme est également sollicité à contrôler ses pulsions à travers l'éducation du « savoir vivre ».

Cette éducation,qui est parallèle à l'éducation morale, vise à faire « ce qui devrait être fait » et ne pas faire ce qui « ne devrait pasêtre fait » en accord avec des codes sociaux variables d'une cité à l'autre.

En l'absence de toute éducation morale,le conditionnement de l'individu est naturel et son intérêt reste personnel.

En n'éduquant pas l'homme à l'obéissanceaux codes sociaux, celui-ci ne participera pas de manière bénéfique à la « volonté générale », essentielle à la surviede la cité humaine comme elle est décrite par Rousseau au sein Du Contrat Social.

En effet, lorsqu'on éduque unhomme moralement, son intérêt personnel doit être transposé à celui de tous.

La nécessité d'une éducation à laliberté se manifeste en tant que l'homme doit se soumettre de manière autonome aux lois sociales, car il a comprisleur utilité pour la liberté commune, et non parce qu'il se sent oppressé cette l'autorité.

La difficulté de ce contratsocial étant, pour Rousseau, de « trouver une forme d'association qui défende et protège de toute la forcecommune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun, s'unissant à tous, n'obéisse pourtantqu'à lui-même, et reste aussi libre qu'auparavant ».

En effet, éduquer à la liberté apparaît dans Du contrat Social,comme la base de toute société qui se veut libre.

Si je souhaite être libre à l'intérieur de la société dans laquelle jevis, il sera nécessaire que les autres le soient, afin qu'ils puissent faire des « choix préférentiels » orientés par lesprincipes de leur raison.

Cela signifierait alors qu'il est nécessaire, pour chacun et pour moi, d'éduquer mon prochainà la liberté, dans la mesure ou prenant part à la volonté générale, il décide également pour moi.

Un homme aliéné àses passions et ne faisant que des choix arbitraires n'est pas en mesure de savoir ce qui est bon pour lui, et ne serapas en mesure, lorsqu'il devra participer à la volonté générale, de manifester des choix qui seront bon pour moi.Outre cela, l'homme n'ayant reçu aucune éducation à la liberté ne saura point qu'il doit respecter celle d'autrui etsera soumis à toutes sortes d'opinions qu'il ne pourra pas soumettre à une réflexion critique exercée.

Ceci pourraengendrer des désaccords entre les individus, dans la mesure où cet homme fera « comme bon lui semble » et non« comme chacun devrait le faire en respect de l'autre ».

Ainsi, la liberté commune revendiquée par les lois sociales,permettant seule la liberté individuelle au sein de la cité, passe par une éducation morale montrant à l'homme sondevoir de citoyen et un éducation de la raison, l'exerçant à choisir seulement après réflexion critique.

Le choix queje fais envers la société est guidé, car en jugeant de ce qui me serait étranger, je n'aurais aucun principe d'équitéqui me guide.

Or, seul l'homme libre, capable de s'autodéterminer, peut choisir pour lui même, mais égalementpartiellement pour autrui.

Ainsi, Platon affirme que chaque homme doit accepter « sa tâche terrestre ».

Il faut quele philosophe, qui est l'homme le plus apte à faire les bons choix, redescende dans la caverne pour organiser laconduite de l'individu et de la cité.

Il apparaît alors comme nécessaire d'éduquer à la liberté pour l'esprit de homme,pour le bien- être d'autrui, mais aussi pour le bon fonctionnement de la société.

À l'état de nature,« L'homme est un. »

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