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Que faut-il entendre par le mot réalité ?

Publié le 19/03/2004

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D'abord, sans doute et avant tout, les objets du monde inanimé : normalement, en effet, nous ne faisons pas entrer les animaux ni même les végétaux parmi les choses. Mais dans le De natura rerum, LUCRÈCE traite de l'origine des vivants aussi bien que de la formation des astres, et, lorsque nous attribuons à Dieu la formation de « toutes choses », l'homme lui-même est compris dans ces choses. De plus, les mots « chose » et « res » servent à désigner des actions, des événements ou des situations : « On ne fait pas de grandes choses sans passion », disons-nous, ou encore, rencontrant le témoin d'un incident qui nous intéresse, nous demandons : « Racontez-moi la chose »; nous parlons des « choses humaines », de la « chose publique ». Enfin, le mot « chose » nous sert à désigner jusqu'à des pensées : d'une dissertation pauvre d'idées, je dirai qu'elle ne contient pas grand chose, tandis que d'une autre je dirai qu'elle est pleine de choses. Il ne semble donc pas que l'étymologie puisse nous aider à préciser la signification des mots « réel » et « réalité ». Mais peut-être est-ce déjà un service appréciable que de nous préparer à nous contenter d'une certaine imprécision. B. Acceptions diverses. - En effet, comme les substantifs « res » et « chose », le mot « réalité » est pris en divers sens, et parfois il est difficile de préciser, dans un contexte donné, sa signification exacte. a) Dans son acception abstraite, qui est l'acception primitive, « réalité » désigne, non pas des choses ou des faits, mais le caractère de ce qui est réel, c'est-à-dire existe.

« elles sont, sans faire abstraction de rien, et tient compte de toutes les données de l'expérience, tandis quel'idéaliste vit au moins en partie dans le rêve. II.

— OÙ EST LA RÉALITÉ ? Ayant défini la réalité par l'existence, il pourrait sembler que notre tâche est terminée.

Mais on peut poser unenouvelle question et demander ce qu'on entend par existence. A.

Conception réaliste de la philosophie classique. — a) Le sens commun suivi par la philosophie classique n'en doute pas : exister c'est être en soi, indépendamment de la connaissance que peuvent avoir des être conscients;l'existence ou la réalité sont dans les choses.

Sans doute, le fait d'être connues donne aux choses un nouveaumode d'existence, une existence intentionnelle ou mentale, mais de là il résulte que le réel est connu; il n'en résultepas qu'il est; l'existence et la réalité précèdent la connaissance. b) La réalité, dans cette conception, englobe tout ce qui est ou existe en soi, mais il y a divers degrés de réalité :un arbre, par exemple, est plus réel que son ombre; deux maisons sont plus réelles que la distance qui les sépare,bien que l'ombre et la distance fassent elles aussi partie de la réalité.Le réel nous est connu par les impressions qu'il fait sur nous : la pierre, par exemple, par la sensation d'une certaineforme et d'un certain grain, d'une certaine dureté et d'un certain poids, etc.

Mais ces qualités perçues par les sensne constituent pas la chose même qui est perçue; elles varient d'ailleurs quand se modifient les circonstances de laperception.

Elles constituent moins une réalité au sens plein du mot que des propriétés de la réalité véritable quenous sommes amenés à concevoir.

On reconnaît la distinction aristotélicienne de la substance et des accidents :ces derniers ne sont, disaient les scolastiques, que ens entis.Mais les substances elles-mêmes ne représentent pas le plus haut degré de réalité.

En effet, lorsque nouscherchons leur origine, nous sommes amenés à nous représenter, au sommet de la série des causes, un être qui estleur source, qui ne dépend lui-même de rien d'autre.

Le Monde des Idées, de PLATON, le Dieu de la philosophieclassique, est l'ens realissimum, la réalité absolue.Nous sommes ainsi amenés à la hiérarchie suivante de la réalité :1° Au sommet de l'échelle, la réalité absolue qui existe par elle-même et fait exister toutes les autres réalités;2° Au-dessous, viennent les réalités qui n'existent que par participation de la réalité absolue, celles que nousappelons communément les "créatures";3° Au dernier degré se placent les propriétés de ces créatures, ce que les philosophes appellent les accidents(couleur, chaleur, forme, etc.). B.

Conceptions idéalistes. — Au réalisme classique, on fait cette objection fondamentale : nous ne pouvons parler de réalité qu'autant que nous la connaissons; par suite, la réalité n'est pas indépendante de la connaissance quenous en avons; être réel, c'est exister, non pas dans un en soi inaccessible, mais pour un être conscient.

Par suite,la réalité est essentiellement phénomène.a) Pour certains, le phénomène se suffit à lui-même et on n'a pas à chercher au-delà un noumène qui le supporte enquelque sorte et l'explique : c'est la théorie phénoméniste d'un HUME et de l'idéalisme absolu.b) II y a plus de réserve dans l'attitude phénoménologique : les phénoménologues ne nient pas l'existence de chosesen soi, seulement ils les considèrent comme inexistantes, tant qu'elles n'existent pas pour nous.

L'existence, poureux, est le passage de l'obscurité de l'en soi à la clarté du pour nous.

Dans cette conception, la réalité véritable estdans l'apparence. DISCUSSION ET CONCLUSION. — Que l'apparence présente une certaine réalité qu'il convient d'étudier en elle- même et en faisant systématiquement abstraction de tout au-delà, il faut l'admettre.

Une telle étude méthodiqueapprofondit notre connaissance de l'homme et même de cet en soi, qu'on déclare, par méthode, mettre, comme ditHUSSERL, « entre parenthèses ».

Mais c'est déformer le sens naturel des termes et contredire l'attitude spontanéede l'esprit que de considérer l'apparence comme la vraie réalité.

C'est bien la chose en soi que nous entendons par «la réalité » et la réalité de nos représentations n'est fondée que dans la mesure où elles correspondent à des chosesen soi.. »

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