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Faut-il établir une hiérarchie entre les désirs ?

Publié le 14/02/2004

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L'agréable n'est pas forcément bon ; il y a des plaisirs bons et des plaisirs mauvais. N'est souhaitable que la satisfaction de certains désirs.Plus précisément, souhaiter satisfaire certains désirs, nos passions par exemple, c'est ignorer qu'une telle satisfaction est impossible. Il y a des désirs sans limites, insatiables, qu'on ne peut pas plus contenter qu'on ne peut « remplir des tonneaux percés avec un crible troué de même» (ibid., p. 237). Celui qui ne renonce pas au désir de satisfaire tous ses désirs, loin d'être heureux, est un insensé perpétuellement tourmenté, qui mène «une existence inassouvie et sans frein ».A une telle existence, Socrate préfère «une vie réglée, contente et satisfaite de ce que chaque jour lui apporte ».La nécessité de limiter ses désirsSocrate esquisse là un idéal moral classique, que l'on retrouve dans toute l'histoire de la pensée occidentale. Le bonheur est bien le fruit d'une satisfaction des désirs ; mais pour y parvenir, le Sage sait qu'il est plus sûr de limiter ses désirs, puisque plusieurs sont nuisibles ou source d'inquiétude.

Le désir a longtemps été considéré négativement par la philosophie, notamment par les philosophes antiques. Les pythagoriciens y voyaient l’expression de l’attachement au sensible, faisant du corps un tombeau. En effet, l’équivalent du mot désir en latin est libido qui peut être l’énergie vitale mais qui est aussi marqué négativement comme le montre l’adjectif « libidineux « qui caractérise un homme qui n’est attaché qu’à la chair. Le désir est manque d’un objet que l’on sait ou que l’on imagine être source de satisfaction. Pour cela, tous les désirs se ressemblent et procèdent de la même manière. Pourtant, la valeur d’un désir ne dépend-il pas de l’objet désiré ? N’y-a-t-il pas de différence entre le désir de bien et le désir de nuire à quelqu’un ? Comment faire pour ne désirer que des choses bonnes ?

« La nécessité de limiter ses désirs Socrate esquisse là un idéal moral classique, que l'on retrouve dans toute l'histoire de la pensée occidentale.

Lebonheur est bien le fruit d'une satisfaction des désirs ; mais pour y parvenir, le Sage sait qu'il est plus sûr de limiterses désirs, puisque plusieurs sont nuisibles ou source d'inquiétude.

Ce thème est présent en particulier : – Chez les épicuriens: le bonheur, plaisir stable, exclut la satisfaction, tropincertaine, des désirs ni naturels ni nécessaires (ambition, vanité) et desdésirs naturels mais non nécessaires (bien manger, désirs sexuels, etc.

).

LeSage vise l'apaisement des désirs naturels et nécessaires, son hédonisme estascétique.Épicure constate que le plaisir, recherché par tous, est l'élément essentiel dela vie heureuse.

Conforme à la nature humaine, il procure un critère parfait detous les choix que nous avons à faire.

Il réside dans la sensation qui, nousmettant en rapport avec le monde, est la règle qui nous fait choisir ouexclure.

Ce bien est inné et personnel, puisque chacun est juge de ce qui luiconvient : c'est de notre propre point de vue sensible que nous jugeons dece qui est pour nous un plaisir ou une douleur.

Ainsi, nous ne recherchons pasles plaisirs qui engendrent de l'ennui, et l'on peut préférer endurer certainesdouleurs si elles sont le moyen d'accéder à un plus grand plaisir.

L'épicurismen'est pas une philosophie simpliste qui recherche le plaisir à tout prix et fuit ladouleur ; elle repose sur un principe de détermination, qui est la sensation,critère complexe d'estimation des valeurs, puisqu'il aboutit à un paradoxe :"Nous en usons parfois avec le bien comme s'il était le mal, et avec le malcomme s'il était le bien", (Épicure). – Chez les stoïciens: «Ne demande pasque les choses arrivent comme tu lesdésires, mais désire qu'elle arrivent comme elles arrivent, et tu couleras desjours heureux» (Épictète, Pensées, XIV).La source de tout bien et de tout mal que nous pouvons éprouver résidestrictement dans notre propre volonté.

Nul autre que soi n'est maître de cequi nous importe réellement, et nous n'avons pas à nous soucier des chosessur lesquelles nous n'avons aucune prise et où d'autres sont les maîtres.

Lesobstacles ou les contraintes que nous rencontrons sont hors de nous, tandisqu'en nous résident certaines choses, qui nous sont absolument propres,libres de toute contrainte et de tout obstacle, et sur lesquelles nul ne peutagir.

Il s'agit dès lors de veiller sur ce bien propre, et de ne pas désirer celuides autres ; d'être fidèle et constant à soi-même, ce que nul ne peut nousempêcher de faire.

Si chacun est ainsi l'artisan de son propre bonheur,chacun est aussi l'artisan de son propre malheur en s'échappant de soi-mêmeet en abandonnant son bien propre, pour tenter de posséder le bien d'autrui.Le malheur réside donc dans l'hétéronomie : lorsque nous recevons del'extérieur une loi à laquelle nous obéissons et nous soumettons.

Nul ne nousoblige à croire ce quel'on peut dire de nous, en bien ou en mal : car dans un cas nous devenonsdépendants de la versatilité du jugement d'autrui, dans l'autre nous finissonspar donner plus de raison à autrui qu'à nous-mêmes.

Enfin, à l'égard des opinions communes comme des théories des philosophes, ou même de nos propres opinions, il faut savoir garder unedistance identique à celle qui est requise dans l'habileté du jeu, c'est-à-dire qu'il faut savoir cesser de jouer entemps voulu.

Dans toutes les affaires importantes de la vie, nul ne nous oblige en effet que notre propre volonté.Ainsi le Sage souhaiterait-il satisfaire tous ses désirs, mais en désirant le moins possible.

Aux troubles de lajouissance, à ses ambiguïtés, il préfère l'absence de passion, un bonheur sans inquiétude, l'ataraxie. Le désir fondamental : l'aspiration au BienLa philosophie de Platon ne peut être confondue avec les sagesses qui n'invitent qu'à limiter, voire à supprimer lesdésirs, pour fuir l'inquiétude dont ils sont porteurs.

Dans Le Banquet, Diotime de Mantinée révèle à Socrate le sensphilosophique du désir, toujours déçu et toujours renaissant, de satisfaire tous nos désirs.

En effet :– L'amour est essentiellement désir de ce qui nous manque, aspiration à une satisfaction, mais totale, parfaite,absolue.– On comprend alors que l'amour, par exemple d'un beau corps, devienne si rapidement source de souffrance et dedéceptions.

A travers tous les objets désirables, l'amour vise une perfection qu'aucun d'entre eux ne peut donner.C'est pourquoi l'inquiétude du désir, si l'on sait en faire un bon usage, anime une dialectique philosophique : « Enpassant comme par échelons d'un beau corps à deux, de deux à tous, puis des beaux corps aux belles actions, puisdes belles actions aux belles sciences », celui qui désire est conduit peu à peu jusqu'à «la science de la beautéabsolue», la contemplation de l'Idée du Beau.

«de laquelle participent toutes les autres belles choses» (Le Banquet,211 a-b).En ce sens, selon Platon, le philosophe souhaiterait si ardemment satisfaire tous ses désirs qu'il serait soulevé par. »

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