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Faut-il être cultivé pour apprécier l'art ?

Publié le 24/02/2004

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Il admet donc quand il dit : le vin des Canaries est agréable, qu'un autre corrige l'expression et lui rappelle qu'il doit dire : il m'est agréable ; il en est ainsi non seulement pour le goût de la langue, du palais et du gosier, mais aussi pour ce qui plaît aux yeux et aux oreilles de chacun. L'un trouve la couleur violette douce et aimable, un autre la trouve morte et terne ; l'un préfère le son des instruments à vent, l'autre celui des instruments cordes. Discuter à ce propos pour accuser d'erreur le jugement d'autrui, qui diffère du nôtre, comme s'il s'opposait à lui logiquement, ce serait folie ; au point de vue de l'agréable, il faut admettre le principe : à chacun son goût (il s'agit du goût des sens). Il en va tout autrement du beau. Car il serait tout au contraire ridicule qu�un homme qui se piquerait de quelque goût, pensât justifier ses prétention en disant : cet objet (l'édifice que nous voyons, le vêtement qu'un tel porte, le concert que nous entendons, le poème que l'on soumet à notre jugement) est beau pour moi. Car il ne suffit pas qu'une chose lui plaise pour qu'il ait le droit de l'appeler belle ; beaucoup de choses peuvent avoir pour lui du charme et de l'agrément, personne ne s'en soucie mais quand il donne une chose pour belle, il prétend trouver la même satisfaction en autrui ; il ne juge pas seulement pour lui mais pour tous et parle alors de la beauté comme si elle était une propriété d�objets ; il dit donc : la chose est belle, et s'il compte sur l'accord des autres avec son jugement de satisfaction, ce n'est pas qu'il ait constaté diverses reprises cet accord mais c'est qu'il l'exige. Il blâme s'ils jugent autrement, il leur dénie le goût tout en demandant qu'ils en aient ; et ainsi on ne peut pas dire : chacun son goût. Cela reviendrait à dire : il n'y a pas de goût, c'est-à-dire pas de jugement esthétique qui puisse légitimement prétendre l'assentiment universel." KANT Certaines oeuvres paraissent hermétiques, il faut donc bien apprendre leur langage De nombreuses oeuvres restent totalement incompréhensibles pour la grande majorité du public. Elles ne leur apportent aucun plaisir pour la seule raison qu'ils n'ont pas appris a les apprécier.

Pour apprécier pleinement une oeuvre, il faut pénétrer dans l'univers personnel et culturel de l'artiste. Le sens de l'art ne se livre pas immédiatement, il exige un apprentissage, une initiation. Mais, apprendre à voir ou à écouter ne sert à rien. Une connaissance encyclopédique de l'histoire de l'art ne permet pas d'apprécier ou d'être touché par la beauté d'un tableau ou d'une musique. Le goût est naturel et ne peut être éduqué.

« [Etendre ma connaissance de l'art me permet de saisir avec plus de finesse la richesse, les qualités d'une oeuvre.

C'est ainsi que le plaisir esthétique peut atteindre a la plénitude.] L'art exige un public qui soit apte le comprendrePour entrer dans l'univers de l'art, il faut pénétrer dans l'univers de chaque artiste et l'effort est toujoursrefaire, car l'accès a l'un des univers ne nous dispense pas du travail nécessaire pour entrer dans l'autre.

Toutartiste se révolterait à l'idée que son oeuvre soit réduite par un public inculte à un spectacle produisant desimpressions aussi subjectives que fausses.

Il faut donc récuser la subjectivité d'un amateur dont l'appréciationserait réduite a l'alternative: j'aime ou je n'aime pas.

Il est indispensable, pour apprécier l'art, de savoir faire ladifférence entre ce qui est beau et ce qui n'est qu'agréable. "Pour ce qui est de l'agréable chacun se résigne ce que son jugement,fondé sur un sentiment individuel, par lequel il affirme qu'un objet luiplaît, soit restreint à sa seule personne.

Il admet donc quand il dit : levin des Canaries est agréable, qu'un autre corrige l'expression et luirappelle qu'il doit dire : il m'est agréable ; il en est ainsi non seulementpour le goût de la langue, du palais et du gosier, mais aussi pour ce quiplaît aux yeux et aux oreilles de chacun.

L'un trouve la couleur violettedouce et aimable, un autre la trouve morte et terne ; l'un préfère le sondes instruments à vent, l'autre celui des instruments cordes.

Discuter àce propos pour accuser d'erreur le jugement d'autrui, qui diffère dunôtre, comme s'il s'opposait à lui logiquement, ce serait folie ; au pointde vue de l'agréable, il faut admettre le principe : à chacun son goût (ils'agit du goût des sens).

Il en va tout autrement du beau.

Car il seraittout au contraire ridicule qu�un homme qui se piquerait de quelquegoût, pensât justifier ses prétention en disant : cet objet (l'édifice quenous voyons, le vêtement qu'un tel porte, le concert que nousentendons, le poème que l'on soumet à notre jugement) est beau pourmoi.

Car il ne suffit pas qu'une chose lui plaise pour qu'il ait le droit del'appeler belle ; beaucoup de choses peuvent avoir pour lui du charmeet de l'agrément, personne ne s'en soucie mais quand il donne unechose pour belle, il prétend trouver la même satisfaction en autrui ; ilne juge pas seulement pour lui mais pour tous et parle alors de la beauté comme si elle était une propriété d �objets ; il dit donc : la chose est belle, et s'il compte sur l'accorddes autres avec son jugement de satisfaction, ce n'est pas qu'il ait constaté diverses reprises cet accordmais c'est qu'il l'exige.

Il blâme s'ils jugent autrement, il leur dénie le goût tout en demandant qu'ils en aient ;et ainsi on ne peut pas dire : chacun son goût.

Cela reviendrait à dire : il n'y a pas de goût, c'est-à-dire pasde jugement esthétique qui puisse légitimement prétendre l'assentiment universel." KANT Certaines oeuvres paraissent hermétiques, il faut donc bien apprendre leur langageDe nombreuses oeuvres restent totalement incompréhensibles pour la grande majorité du public.

Elles ne leurapportent aucun plaisir pour la seule raison qu'ils n'ont pas appris a les apprécier.

Certes, les traitéstechniques et les commentaires ne sont pas une fin en soi, mais ils sont le tremplin indispensable sans lequell'amateur ne sera jamais dans l'état propice a l'appréciation dune oeuvre d'art.

Gouter, c'est toujours juger; etsi je veux juger Molière, Mozart ou Mondrian, il faut d'abord que j'apprenne à comprendre leur langage et leurunivers. LES LIMITES DU SENTIMENT. Il y a quelque chose de profondément subjectif dans le rapport à l'art.

Avoir un rapport à l'art, c'est êtrecapable de ressentir quelque chose devant une oeuvre.

C'est se laisser gagner par l'émotion qu'elle suscite.Cet aspect subjectif du rapport à l'art est d'autant plus important qu'il est conforté par deux éléments :l'art, comme le disait Hegel, c'est de l'idéal devenu sensible.

Le génie de l'artiste n'est pas d'avoir des idées.

Ilréside dans le fait de les matérialiser.au départ, nous avons tous aimé avant de connaître.

La connaissance est l'effet de l'amour, qui seulconstitue l'origine sensible du plaisir.

L'amour est donc bien la condition de possibilité de la connaissance.Ceci dit, si il ne suffit pas de connaître pour aimer, quand on aime l'art, on cultive ce goût et donc, oncherche à le connaître en s'informant.

En ce sens, la connaissance historique et érudite est l'aboutissementnormal du sentiment.. »

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