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Faut-il être moderne ?

Publié le 14/09/2005

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FAUT-IL : Ce genre de sujet interroge sur la nécessité. * Distinguez nécessité objective et nécessité subjective. * La nécessité implique soit un rapport logique, soit un rapport moral avec le sujet; parfois les deux.

« concept de la pensée grecque où le peuple ne saurait se commander à lui-même.

Vous objecterez néanmoins quec'est la Grèce qui a inventé la démocratie mais cela s'est fait sur un mode tout à fait différent de la modernité car,la rotation des dirigeants à Athènes obéissait à cette idée qu'il fallait choisir des citoyens pour décider mais, ceux-làne représentaient pas la masse des autres citoyens.

L'autarcie qui est ce mode de fonctionnement de la Grèce estprofondément différente de l'autonomie moderne car, si la loi est commandement, le commandement n'est pasforcément loi.

La démocratie athénienne ne vise à l'élaboration d'une loi humaine, bien au contraire, elle pensereproduire l'inégalité de fait entre les hommes faits pour gouverner et ceux faits pour être gouvernés. II.

Les impasses philosophiques et pratiques de la modernité 1.

L'historicisme ou la confusion entre réel et rationnel Il est ici intéressant d'évoquer les travaux de Léo Strauss, grand pourfendeur de la modernité philosophique, qui a cru déceler « trois vagues » dans la philosophie moderne qui la conduisirent dans cette impasse théorique qu'estl'historicisme et qui dissoudrait toute pensée politique.

L'historicisme commencerait avec Machiavel qui inaugure lanaissance du réalisme politique et trouverait sa meilleure incarnation, selon Strauss, dans la philosophie de Hegel quiopère la synthèse des conceptions précédentes en identifiant le devoir-être et l'être. Ces notions sont fortement séparées dans les pensées classique et médiévale qui, face à la Nature et à Dieu, prônent l'humilité car l'homme ne peut connaître véritablement le monde qui l'entoure ; il y a un mystère fondamental de la réalité. A l'inverse, la philosophie moderne, centrée sur l'homme, nie cette distance et considère qu'il y a un sens de l'histoire et que (c'est la théorie hégélienne) l'idéal, la Raison, a vocation à se réaliser dans la société des hommes. Ce processus revient donc à une sécularisation de l'utopie politique, de la providence. Cette vision est d'autant plus dangereuse chez Hegel que la réalisation de l'idéal politique se fait indépendamment de la volonté humaine et ainsi, la vertu n'est-elle plus du tout un critère déterminant ; c'est leconcept de « la Ruse de la Raison » selon lequel l'Esprit se réalise au travers des « grands hommes » en dépit du faitqu'ils agissent sous l'emprise de leur passion.

Rappelez-vous quel homme politique influença Hegel dans l'élaborationde sa théorie : Napoléon Bonaparte, un empereur belliqueux décrit comme « l'Esprit à cheval » ! C'est donc là l'impasse la plus importante de la philosophie rationaliste moderne : elle conduit à l'historicisme le plus radical qui s'avère la négation même de la Raison et de la Vertu car c'est le succès en tant que pérennisationd'un mouvement historique qui devient le seul critère (immanent) de jugement de la Réalité ; Léo Strauss résumeainsi cet abandon de la politique : « le cours du monde devient le Tribunal du monde ».

Au final, dit Léo Strauss, la modernité a aboutit à l'abaissement de l'idéal politique « dans la mesure où l'ordre providentiel [vient] à être considéré comme intelligible à l'homme » aussi, la nature déchoit-elle de ce cosmos hiérarchisé, signifiant et finalisé propre aux théories classiques et, quant à la conscience humaine, elle cesse d'êtreréceptive, c'est-à-dire qu'elle cesse de chercher à organiser le réel même s'il la dépasse, pour devenir l'instrumentde transformation d'une réalité essentiellement chaotique en un tout signifiant.

La vision de l'homme comme « maîtreet possesseur de la Nature » est donc fondamentalement moderne.

La nature qui était chez les grecs un étalon deréférence auquel les hommes devaient se conformer et qui donc laissait la place au « pouvoir inéluctable de lachance », devient un matériau à peu près sans valeur qu'il convient de transformer à sa guise, industriellementnotamment.

2.

Le totalitarisme, bâtard de la modernité ? Cette conception de l'homme comme « maître et possesseur de la nature » doit nous amener à réfléchir sur les conséquences politiques qu'il a eu et, au premier rang desquels figure « le totalitarisme ».

Il est relativement aisé detracer une filiation entre la Révolution Française et les régimes totalitaires.

En effet, la Révolution Française qui,dans ses excès, a accouché de la Terreur, a en fait inauguré l'arrivée de l'idéologie en politique. Mais, la théorie heideggérienne du rapport modernité/totalitarisme est à mon sens, encore plus intéressante parce qu'elle souligne le désir de totalitarisme engendré par la modernité.

En effet, Heidegger considère l'Etattotalitaire comme conséquence nécessaire du déploiement et de la domination de la technique car, selon lui, cetteorganisation politique est le stade ultime de la volonté exacerbée des hommes d'organiser la maîtrise et l'exploitationdu Réel. Le Führer est donc celui à qui on confit le pouvoir sur tous les domaines touchant à la vie sociale afin qu'il l'organise ; d'où l'idée, très attirante je trouve, d'un assentiment populaire à la base du totalitarisme.

Conclusion : Les dangers politiques d'un retour aux « Anciens » Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que, du point de vue politique, la vision classique de l'homme mène àdes régimes foncièrement anti-démocratiques car, l'imitation de la loi naturelle pousse les systèmes politiquesclassiques à reproduire et à institutionnaliser les inégalités naturelles ; de là notamment, l'éloge de l'esclavage parAristote et, de manière encore plus radicale, la philosophie élitiste des sophistes.

La société grecque est doncessentiellement hiérarchisée à l'inverse des sociétés modernes qui affirment que « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits [et que] les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune » , dixit la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 malgré cela, certains courants réactionnaires ou ultra-libéraux cherchent encore à sacraliser ces inégalités naturelles et parfois même à les inscrire. »

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