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Faut-il être sceptique pour être tolérant ?

Publié le 09/03/2004

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Car chaque chose est relative à toutes les autres et pour connaître le moindre objet il faudrait connaître son rapport avec tout l'univers. Nous ne connaissons le tout de rien, ce qui revient à ne connaître rien du tout. (c) La nécessité d'accepter des postulats invérifiables. Ne pouvant remonter de preuve en preuve à l'infini, l'esprit accepte toujours sans démonstration un point de départ qui est une simple supposition et dont la vérité n'est pas garantie. (d) Le diallèle (les uns par les autres). Il n'est pas possible de raisonner en évitant les « cercles vicieux «. Ainsi, je démontre que a est vrai en supposant b est vrai et je démontre que b est vrai en supposant que a est vrai. Je commets un cercle vicieux en démontrant les unes par les autres des propositions dont aucune n'est fondée a priori. Le cercle vicieux par excellence est celle-ci : pour prouver la valeur de ma raison, il faut que je raisonne, donc précisément que je me serve de cette raison dont la valeur est en question ! Nous voilà, comme dit Montaigne, « au rouet «. (e) Toute opinion est relative.

Le dogmatique croit détenir la vérité. Seul celui qui doute de ses propres certitudes peut accepter que les autres pensent différemment de lui. Etre tolérant c'est reconnaître qu'il n'y a aucune vérité absolue et éternelle. Mais, la tolérance n'est pas la lâcheté ou la résignation face aux opinions des autres. Etre tolérant ne doit pas conduire à penser que toutes les opinions se valent. Etre tolérant, ce n'est pas être sceptique, c'est affirmer la liberté de conscience et son esprit critique.

  • I) Pour être tolérant, il faut douter de la vérité.

a) La tolérance imlique le septicisme. b) On ne peut être tolérant que si l'on doute. c) Le dogmatique ne peut être véritablement tolérant.

  • II) La tolérance n'est pas à confondre avec le scepticisme.

a) La tolérance s'oppose au fanatisme. b) La tolérance n'est pas une lâcheté intellectuelle. c) La tolérance c'est le dialogue.

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« conditions historiques concrètes de son enracinement.

Dans nos opinions il y a d'une part une mentalité, qui n'estpas conforme à la vérité, qui reflète une époque et des données historiques, et d'autre part une visée quitranscende cette mentalité et se dirige vers la vérité.

C'est pour cette raison qu'il est nécessaire de respecter descroyances en apparence très diverses.

Au fond, à travers des vêtements différents elles visent la même vérité.

Latolérance, c'est le devoir qui nous incombe d'instaurer entre ces croyances un dialogue.

Chacun en dépouillant —grâce au dialogue — ce qui dans sa croyance est pure contingence et pure relation à l'histoire, se rapprocherapeut-être d'une visée spirituelle plus pure.

Sous la diversité des opinions on apprendra à reconnaître la diversité desépoques, des tempéraments.

L'échange des diversités — par la fécondité du dialogue — peut rapprocher les hommesde l'Unique Vérité, tout en leur enseignant à se respecter et à s'aimer.

Comme dit Saint-Exupéry : « Si tu diffères demoi, loin de me léser, tu m'enrichis.

» [Pour accepter que la vérité puisse être ailleurs et différente, il faut douter de ses propres convictions.

Latolérance consiste à penser que personne ne peut se considérer comme étant en possession de la vérité.C'est donc une attitude produite par l'absence de certitude et le manque de convictions du sceptique.] Être tolérant, c'est accepter la pluralité des vérités.D'après le Vocabulaire de Lalande, le devoir de tolérance c'est « la règle de conduite consistant à laisser àchacun la liberté d'ex-primer et de propager ses opinions alors même qu'on ne les partage pas ».La tolérancec'est accepter qu'autrui puisse avoir raison contre moi.

Cela implique que je ne sois assuré d'être le seuldétenteur de la vérité.

L'esprit tolérant ne peut être dogmatique.

Être tolérant, c'est donc affirmer qu'il n'y apas de vérité absolue, mais seulement relatives.

Être tolérant, c'est donc être sceptique. On ne peut être tolérant que si l'on est sceptiqueLe scepticisme absolu des pyrrhoniens et de leurs disciples affirme que l'homme ne saurait atteindre la vérité.Enésidème avait groupé les arguments sous dix titres ou « tropes que Sexus Empiricus réduisit à cinq.

Il fautconnaître ces arguments qu'on retrouve chez Montaigne, chez Pascal et chez Anatole France. (a) La contradiction des opinions. Les sophistes grecs frappés par la contradiction des opinions des philosophes (par exemple : Héraclite disaitque le réel n'est que changement, alors que Parménide niait le changement) aboutissent à la conclusionpessimiste que la vérité (qui devrait être universelle) est inaccessible.

Les sceptiques ont été parfois degrands voyageurs qui, à force d'avoir vu les gens les plus divers professer des opinions contradictoires,adopter des valeurs différentes, ne croient plus à rien.

Pyrrhon avait par exemple accompagné le conquérantAlexandre dans un grand nombre de ses expéditions.

Montaigne avait visité l'Allemagne, l'Italie, mais avaitsurtout dans sa « librairie » voyagé parmi des systèmes philosophiques innombrables et tous différents.

Pascalreprend les thèmes de Pyrrhon et de Montaigne : « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà.

» (b) La régression à l'infini. Une vérité ne peut pas être acceptée sans preuves comme telle car il n'existe pas un signe du vrai «comparable à la marque imprimée sur le corps des esclaves et qui permet de les reconnaître quand ils sont enfuite.

» Mais si je propose une preuve pour une affirmation, le sceptique me dira « Prouve ta preuve ».

ainsi lapreuve qu'on apporte pour garantir l'affirmation a besoin d'une autre preuve et celle-ci d'une autre à l'infini.Pour connaître la moindre chose je suis d'autre part contraint de remonter à l'infini, c'est-à-dire de mettre cedonné en rapport avec une infinité d'autres faits.

Car chaque chose est relative à toutes les autres et pourconnaître le moindre objet il faudrait connaître son rapport avec tout l'univers.

Nous ne connaissons le tout derien, ce qui revient à ne connaître rien du tout. (c) La nécessité d'accepter des postulats invérifiables. Ne pouvant remonter de preuve en preuve à l'infini, l'esprit accepte toujours sans démonstration un point dedépart qui est une simple supposition et dont la vérité n'est pas garantie. (d) Le diallèle (les uns par les autres). Il n'est pas possible de raisonner en évitant les « cercles vicieux ».

Ainsi, je démontre que a est vrai ensupposant b est vrai et je démontre que b est vrai en supposant que a est vrai.

Je commets un cercle vicieuxen démontrant les unes par les autres des propositions dont aucune n'est fondée a priori.

Le cercle vicieux parexcellence est celle-ci : pour prouver la valeur de ma raison, il faut que je raisonne, donc précisément que jeme serve de cette raison dont la valeur est en question ! Nous voilà, comme dit Montaigne, « au rouet ».. »

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