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Faut-il se méfier du progrès technique ?

Publié le 23/03/2009

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technique

Est-il légitime d'affirmer que la nature du progrès technique doit être soumise à notre propre défiance ? N'est-ce pas bien plutôt l'usage, parfois détourné, des progrès techniques qui doit faire l'objet de notre attention, voire de notre méfiance ? Dire que le progrès technique doit être objet de méfiance, n'est-ce pas mettre en doute la puissance de la raison, et par là la spécificité de l'homme ? Ou au contraire, n'est-ce pas le signe d'une vision responsable de l'homme sur lui-même et sur la nature qu'il transforme par la technique ?

 

I-                   Se méfier des progrès de la technique reviendrait à se méfier de ce qui fait la spécificité humaine (par rapport à l’animal)

 

 

II-                L’idée de progrès : une idée nécessaire à la pensée de l’humanité mais définie conformément à son essence problématique

 

III-             Faut-il respecter la nature ?

technique

« extension des pouvoirs naturels de l'être humain se poursuit avec la multiplication des objets artificiels, puisavec l'invention des machines.On s'aperçoit alors clairement que si la technique n'est pas à proprement parler possible chez l'animal (quirépète indéfiniment une tâche pour laquelle la nature la programmer à la perfection), cela montre que latechnique n'est qu'un symptôme, une conséquence de ce qui, en propre, distingue l'homme de l'animal.

Il fautdonc, pour retrouver l'origine première, la source légitime de la distinction entre animal et homme, encore faut-il remonter à ce qui rend, chez l'homme, et non pas chez l'animal, la technique possibleLa technique n'est pas, en tant que telle, ce qui permet de distinguer l'homme de l'animal.

En rester une telledistinction, c'est en rester à la surface de la distinction qui est bien plus fondamentale que cela.

En effet, latechnique, en tant qu'elle est proprement humaine et non animale, apparaît comme la figure de quelque chosede plus essentiel, à savoir la présence, en l'homme de la raison.

Se méfier des progrès technique serait, enréalité, plus profondément, se méfier de la raison humaine – ce qui apparaît a priori illégitime.Quand l'animal est en très peu de temps le même qu'il sera toute sa vie, et quand celui-ci possède unecertaine « technique », au sens faible, qu'il accomplit à la perfection, l'homme lui est capable de s'adapter etde multiplier les points techniques indépendamment d'une fin qui lui serait donnée une fois pour toute.

Ainsi, lapossibilité technique humaine apparaît en fait comme la conséquence de la présence en l'homme del'intelligence, de la raison, quand l'animal est régi par l'instinct.En effet, un poisson possède la nage dans toute sa technicité, il en est de même pour la danse des abeilles,etc.

C'est justement parce que l'animal est réglé, de manière définitive, vers l'accomplissement d'une certainefin, qu'il est régi par l'instinct.

L'animal reste semblable à lui-même au bout de quelques mois, il est ce qu'il seratoute sa vie et il accomplira toujours de la même façon la même tâche et avec la même perfection.

L'instinctne manque jamais son but.

Alors que l'homme lui n'atteindra jamais la perfection « technique » instinctive del'animal.

En réalité, il cherchera toute sa vie à s'approcher de cette perfection.

De la même manière, l'hommeest capable d'une très grande adaptation : il sait nager, voler, etc.

L'homme transforme le monde qui l'entourequand l'animal ne fait que se contenter de vivre dans le monde.

Et c'est en vérité parce que l'homme possèdela raison qu'il est un technicien au sens fort du terme. II- L'idée de progrès : une idée nécessaire à la pensée de l'humanité mais définie conformément à son essence problématique Pensons ainsi à la définition de ce qui fait la spécificité humaine pour Rousseau (cf.

Discours sur l'origine et lesfondements de l'inégalité parmi les hommes) : si à l'état de nature l'homme n'est rien de plus qu'une bêtenaturellement paresseuse, il reste que ce qui en fait la spécificité c'est sa faculté de se perfectionner :l'homme est ainsi infiniment perfectible – et c'est justement cela qui est la source de la distinction de l'hommeet de l'animal.

C'est cette capacité de perfectibilité qui a pour conséquent de rendre l'homme susceptible deproduire de la technique, c'est cette même capacité qui fait de lui un « homo faber ».Si l'on veut donc être rigoureux dans les termes, il faudra, pour que notre affirmation soit légitime, dire que cequi distingue en propre l'homme de l'animal c'est cette capacité d'infinie perfectibilité – à savoir l'intelligence, laraison en nous – et la capacité technique, qui appartient en propre à l'homme, n'en est qu'une résultante, uneconséquence.Notons pourtant que si la technique n'est qu'une conséquence, qu'une résultante du fait de la présence enl'homme seulement de l'intelligence, elle apparaît néanmoins comme un témoin privilégié parce qu'elle se situe, àproprement parler au carrefour entre l'homme producteur et l'homme savant.

En ce sens, la technique apparaîtcomme un concept synthétique capable de rendre compte de l'infinie complexité de la spécificité humaine.

Entant, en effet, que la technique suppose à la fois une certaine forme de connaissance et en tant qu'elle estproduction, la technique est la figure synthétique de l'humanité.Si les techniques les plus primitives impliquaient une somme considérable de savoirs, les techniques modernessont inséparables des savoirs, que l'on prenne technique au sens matériel d'outil et de matériau, ou au sensimmatériel de style ou procédé.Il existe en fait de moins en moins de savoir sans savoir-faire, et de moins en moins de savoir-faire sans savoir.Et en ce sens la technique apparaît bien comme un concept synthétique apte à nous faire saisir la spécificitéhumaine – relativement à la nature animale.Le réel est, au sens fort du mot, l'épreuve du savoir : il est ce qui permet au savoir de se mesurer, des'évaluer, de se valider ou au contraire de s'invalider.

Dessiner le plan d'une fusée et d'un pont, c'est déjàinduire une construction possible : en ce sens, il faut bien que le concepteur, le savant, est connaissance dela réalité, qu'il es déjà été confronter, pour que son projet aboutisse, aux obstacles réels (qu'il s'agira d'éviterou de contourner) ; en ce sens donc la technique est à la fois figurative de l'homme comme savant et del'homme comme producteur : il est ce concept qui nous permet de comprendre synthétiquement la spécificitéde l'essence complexe de l'homme.Les techniques du sportif, du cuisinier, qui venaient naguère de l'habitude et de l'expérience, sont désormaisexpliquées et légitimées par un ensemble consistant de savoirs théoriques.

Partout où cela était possible, l'êtrehumain a tendu a substituer la détermination de sa volonté aux hasards multiples : alors que les premiercolorants durent être trouvés « par hasard », les nouveaux colorants naissent de la science chimique inspirépar ceux découverts auparavant.

L'expérience d'un homme vient donc conforter son savoir, et son savoir vientlégitimer son savoir-faire.

Le technicien est bel et bien celui qui est à la fois expérimenté et celui qui estsavant : il comprend en lui synthétiquement l'essence de l'homme.

C'est en ce sens qu'il faut comprendre àquel point la technique est un paradigme fécond pour éprouver la spécificité humaine – notammentrelativement à l'animal.L'universel d'un savoir, loin d'être nié par la particularité de ses domaines possibles d'élection, se trouve réalisé. »

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