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Faut-il se passer de tout maître ?

Publié le 01/02/2004

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Il lui faut donc un maître qui batte en brèche sa volonté particulière et le force à obéir à une volonté universellement valable, grâce à laquelle chacun puisse être libre. Mais où va-t-il trouver ce maître ? Nulle part ailleurs que dans l'espèce humaine. Or ce maître, à son tour, est tout comme lui un animal qui a besoin d'un maître. De quelque façon qu'il s'y prenne, on ne conçoit vraiment pas comment il pourrait se procurer pour établir la justice publique un chef juste par lui-même." (Kant, Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, sixième proposition). L'horizon à questionner est celui de la liberté, qu'elle soit politique, morale ou de pensée, métaphysique. Il s'agit de passer d'une relation hiérarchique à une relation d'égalité. Cela convient-il à tous les domaines, politique, de la connaissance (voir Descartes et la nécessité de remettre en question ce qui nous vient du maître, pour parvenir à la connaissance) ? Les enjeux de ce sujet sont également politiques, relatifs à la question de la liberté.

  • Parties du programme abordées :

- Autrui. - La société. - Le pouvoir. - La personne. - La liberté.

  • Analyse du sujet : Un sujet très ouvert. Est-il possible de ne jamais avoir recours à quelqu'un qui exerce une domination, une fonction de direction ou d'enseignement directif ?
  • Conseils pratiques : Jouez avec intelligence sur les différents sens du mot maître : celui qui possède ; celui qui commande ; celui qui enseigne.

« Les enfants, grands imitateurs, essayent de tout dessiner :je voudrais que le mien cultivât cet art, non précisémentpour l'art même, mais pour se rendre l'oeil juste et la mainflexible ; et, en général, il importe fort peu qu'il sache tel outel exercice, pourvu qu'il acquière la perspicacité du sens etla bonne habitude du corps qu'on gagne par cet exercice.

Jeme garderai donc bien de lui donner un maître à dessiner, quine lui donnerait à imiter que des imitations, et ne le feraitdessiner que sur des dessins : je veux qu'il n'ait d'autremaître que la nature, ni d'autres modèles que les objets.

Jeveux qu'il ait sous les yeux l'original même et non pas lepapier qui le représente, qu'il crayonne une maison sur unemaison, un arbre sur un arbre, un homme sur un homme,afin qu'il s'accoutume à bien observer les corps et leursapparences, et non pas à prendre des imitations fausses etconventionnelles pour de véritables imitations.

Je ledétournerai même de rien tracer de mémoire en l'absencedes objets, jusqu'à ce que, par des observations fréquentes,leurs figures exactes s'impriment bien dans son imagination; de peur que, substituant à la vérité des choses des figuresbizarres et fantastiques, il ne perde la connaissance desproportions et le goût des beautés de la nature. Rousseau 1) a) Pourquoi, selon Rousseau, les enfants doivent-ils cultiver l'art du dessin ?b) Quelles sont les étapes de son argumentation ? 2) a) Expliquez : "prendre des imitations fausses et conventionnelles pour de véritables imitations".b) Analysez la distinction entre l'imagination dans laquelle "s'impriment" des "figures exactes" etl'imagination productrice de "figures bizarres et fantastiques". I - LES TERMES DU SUJET Il s'agit ici pour Rousseau de montrer que l'éducation artistique de l'enfant doit se régler sur la nature.Ainsi, en matière de dessin, c'est par un travail d'observation directe des beautés naturelles que l'élèvepourra progressivement se rendre maître de ce savoir-faire. II - UNE DÉMARCHE POSSIBLE 1/ a) Pourquoi, selon Rousseau, les enfants doivent-ils cultiver l'art du dessin ? Si le dessin consiste à représenter une réalité de manière conforme à celle-ci, alors il doit s'effectuer àpartir du modèle original que constitue la nature plutôt que de se borner à imiter les dessins d'un maître.Ce savoir-faire qu'est le dessin doit être cultivé non pas d'abord pour lui-même mais parce qu'il permet àl'enfant d'apprendre à observer en même temps qu'il exerce l'habilité de la main. 1/ b) Les étapes de l'argumentation 1) Du début du texte jusqu'à "par cet exercice", Rousseau énonce un principe relatif à l'éducationartistique.

A travers le dessin, il s'agit non seulement d'exercer le sens de la vue (et par son entremisecelui de l'observation) mais aussi de développer sa maîtrise de cet organe du corps, particulièrementsouple et adaptable, qu'est la main. 2) De "Je me garderai donc [...]" jusqu'à "véritables imitations", Rousseau tire une première conséquencede ce principe : le dessin ne doit pas être une imitation au second degré (c'est-à-dire une imitationd'une première imitation, c'est-à-dire une représentation) mais doit être une imitation d'un modèleoriginal -la nature ou un objet réel. 3) De "Je le détournerai [...]" jusqu'à "beautés de la nature", Rousseau tire une seconde conséquence duprincipe énoncé.

C'est la vision, l'observation qui devra guider le dessin plutôt que l'imagination, au moinsle temps que celle-ci puisse mémoriser les modèles que lui offre la nature. 2/ a) Explication de l'expression "prendre des imitations fausses et conventionnelles pour de véritablesimitations Rousseau fait ici la distinction entre la mauvaise et la bonne imitation.

Tandis que la première n'est qu'unsimulacre qui travestit son modèle et ne parvient pas à se dégager d'un certain conformisme (cf."conventionnelles"), la bonne imitation est celle qui est réalisée à partir de l'original.. »

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