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Faut-il redouter la technique ?

Publié le 11/02/2005

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technique

Le progrès, en tant qu'amélioration, ne semble pas à craindre. Ce que l'on peut craindre dans le progrès, c'est le changement de mentalité qu'il peut engendrer, et le risque de voir nos certitudes ébranlées et dépassées par les nouvelles découvertes. Ce que l'on doit craindre, en revanche, c'est un progrès départi de toute conscience morale, un progrès tout puissant qui ferait fi des enjeux humains qui en dépendent, et conduirait de surcroît l'homme à rechercher la puissance au détriment de toutes les valeurs qui font son humanité.

1ère partie : Le progrès en soi est positif.

 

2ème partie : Mais le danger réside dans l'utilisation que l'on fait du progrès technique et scientifique.

3ème partie : Craindre le progrès technique et scientifique serait ne pas estimer l'homme.

4ème L'avenir de nos sociétés dominées par la technique dépend de nous.

technique

« pour qu'il l'exploite et s'en rende « comme maître & possesseur ».Or, non seulement la compréhension de la science se voit transformée, mais dans un même mouvement, celle de latechnique.

Si la science peut devenir pratique (et non plus seulement spéculative), c'est qu'elle peut s'appliquerdans une technique.

La technique n'est plus un art, un savoir-faire, une routine, elle devient une science appliquée.D'une part, il s'agit de connaître les éléments « aussi distinctement que nous connaissons les métiers de nosartisans ».

Puis « de les employer de même façon à tous les usages auxquels ils sont propres ».

Il n'est pasindifférent que l'activité artisanale devienne le modèle de la connaissance.

On connaît comme on agit ou ontransforme, et dans un même but.

La nature désenchantée n'est plus qu'un matériau offert à l'action de l'homme,dans son propre intérêt.

Connaître et fabriquer vont de pair.D'autre part, il s'agit « d'inventer une infinité d'artifices » pour jouir sans aucune peine de ce que fournit la nature.La salut de l'homme provient de sa capacité à maîtriser et même dominer techniquement, artificiellement la nature.Ce projet d'une science intéressée, qui doive nous rendre apte à dominer et exploiter techniquement une naturedésenchantée est encore le nôtre.Or la formule de Descartes est aussi précise que glacée ; il faut nous rendre « comme maître et possesseur de lanature ».

« Comme », car Dieu seul est véritablement maître & possesseur.

Cependant, l'homme est ici décrit commeun sujet qui a tous les droits sur une nature qui lui appartient (« possesseur »), et qui peut en faire ce que bon luisemble dans son propre intérêt (« maître »).Pour qu'un tel projet soit possible, il faut avoir vidé la nature de toute forme de vie qui pourrait limiter l'action del'homme , et poser des bornes à ses désirs de domination & d'exploitation.

C'est ce qu'a fait la métaphysiquecartésienne, en établissant une différence radicale de nature entre corps & esprit.

Ce qui relève du corps n'estqu'une matière inerte, régie par les lois de la mécanique.

De même en assimilant les animaux à des machines,Descartes vide la notion de vie de tout contenu.

Précisons enfin que l'époque de Descartes est celle où Harveydécouvre la circulation sanguine, où le corps commence à être désacralisé, et les tabous touchant la dissection, àtomber.Car ce qu'il y a de tout à fait remarquable dans le texte, c'est que le projet de domination technicienne de la naturene concerne pas que la nature extérieure et l'exploitation des ressources naturelles.

La « philosophie pratique » estutile « principalement aussi pour la conservation de la santé ».

Le corps humain lui aussi, dans ce qu'il a de naturel,est objet de science, et même objet principal de la science.

« S'il est possible de trouver quelque moyen qui rendeles hommes plus sages et plus habiles qu'ils n'ont été jusqu'ici, je crois que c'est dans la médecine qu'on doit lechercher.

»La véritable libération des hommes ne viendrait pas selon Descartes de la politique, mais de la technique et de lamédecine.

Nous deviendrons « plus sages & plus habiles », nous vivrons mieux, en nous rendant « comme maîtres &possesseurs de la nature ».

La science n'a pas d'autre but. - En fait, ce dont on peut avoir peur dans le progrès, c'est du changement qu'il implique.

Platon a montré à traversl'allégorie de la caverne dans le livre XII de La République , que les hommes préféraient rester dans le confort de leur croyances plutôt que d'être éblouis par la vérité qu'on les obligerait à contempler.

Cette illustration montre quel'homme a peur de voir ces croyances anéanties, quand bien même on lui montre la vérité.

Le progrès scientifique ettechnique risque de la même manière de mettre à mal ce qu'on tenait pour vrai en affirmant de nouvelles thèses, etchanger ainsi une certaine vision du monde chez les individus, qui sont déstabilisés.

Platon met en garde contrecette attitude renfermée qui consiste à se satisfaire des opinions que l'on s'est approprié au détriment de la vérité.Il ne faut donc pas avoir peur d'être « secoué » dans ses certitudes, donc ne pas craindre le progrès, car il estporteur de vérité, et nous élève. On ne doit donc en aucun cas avoir peur du progrès, mais il est humain de redouter le bouleversement qu'il vaproduire et la difficulté que l'on risque d'avoir à l'accepter.

En effet, Galilée n'a pas réussi à faire admettre parl'opinion publique, comme Copernic avant lui, que la terre tourne autour du soleil et qu'elle n'est pas le centre del'univers, car cette découverte opérait une véritable révolution dans la vision ethnocentriste des hommes du 16 ème siècle.

Pour progresser, il faut donc accepter d'être perturbé et de remettre en cause ces certitudes donc ne pasavoir peur du changement.

2ème partie : Mais le danger réside dans l'utilisation que l'on fait du progrès technique et scientifique. - « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme », disait déjà Rabelais en son temps.

En effet, si le progrès àd'emblée une connotation positive, tous dépend ensuite de l'utilisation que l'on fait de la science acquise, et del'exploitation des nouvelles découvertes.

La peur du progrès peut alors s'inscrire dans une méfiance à l'égard dessavants eux-mêmes, ou de puissants qui se réapproprieraient les nouvelles découvertes à des fins néfastes ouimmorales.

On voit par exemple ce qu'a donné la découverte de l'énergie atomique quand elle est utilisée à des finsguerrières et destructrices. - En effet, le progrès incessant dont témoigne l'évolution des techniques et des sciences jusqu'à ce jour peutprocurer à l'homme une sensation de toute puissance, et un désir de s'améliorer toujours plus, et d'accroître saforce toujours davantage.

Cette dérive entraîne l'homme au vice, c'est-à-dire à l'excès dans la recherche inassouviede bien et de puissance.

Parce qu'il sait que le progrès est possible, alors plus rien ne résiste au désir de l'homme,qui laisse aller à rechercher l'inaccessible, et révèlent ses penchants les plus vils, tels que le désir de domination.Platon explique ainsi au livre II de La République , à travers le mythe de l'anneau de Gygès qui rend son porteur invisible, qu'un homme qui aurait la puissance de faire ce qu'il veut en étant garanti de son impunité ne se priveraitpas de faire le mal.

Le progrès, tout comme l'anneau de Gygès, peut parfois jouer ce rôle de puissance capable derépondre à tout problème, et c'est parce que l'homme a une puissance absolue et aveugle dans la puissance du. »

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