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Faut-il se satisfaire de ses illusions ?

Publié le 21/02/2005

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Elle a donc le statut d'être à la fois la cure et la maladie en tant qu'elle peut être cause de dépit mais en même temps utile pour voiler un désespoir plus vaste et plus profond et cela en raison même du caractère décevant du réel. C'est bien ce que développe Freud notamment dans Malaise dans la culture en constatant simplement que si la satisfaction n'est pas assurée, « la souffrance semble être une expérience que chacun a connue, connaît ou connaîtra ». b) Or justement l'artiste n'est-il pas justement le paradigme de cette personne qui doit se satisfaire de ces illusion ? Comme le remarque Nietzsche dans le Crépuscule des Idoles, l'artiste particulièrement est celui a recherché cette profondeur, cette couche de sens qui aurait dû se rajouter à la réalité, or cette quête est un échec, il n'y a pas de profondeur, il n'y a pas de sens, que de la surface. Le sens est une valeur ajoutée au réel pour qu'il soit plus supportable mais rien n'indique que dans les choses elles-mêmes il y ait du sens. L'artiste doit se satisfaire de ses illusions car ayant été au fond des choses il a remarqué le manque de profondeur des choses et l'absence même de sens du réel. L'artiste crée alors des illusions dont il recouvre le réel pour lui donner sens. Il doit bien s'en satisfaire : il n'y a que cela. Et c'est en ce sens que l'art est une illusion consolatrice, un voile sur l'abysse du non-sens. c) L'art est donc un jeu sérieux.

L’illusion est l’état mental de celui qu’on abuse et qu’on trompe. L’illusion n’est pas l’erreur, c’est-à-dire d’un acte de l’esprit jugeant vrai ce qui en réalité est faux. La satisfaction peut être comprise comme une plénitude existentielle ou une certaine part de bonheur. Or l’illusion semble est l’apanage de l’ignorance. On pourrait alors se demander comment nous pourrions nous satisfaire de nos illusions ? Quelles sont-elles ? Pourtant, si l’on évoque la négativité de l’illusion il ne faut pas négliger l’existence d’une positivité de l’illusion. L’illusion est en effet consolatrice face la violence et la déception du réel, mais elle produit aussi du réel. Elle n’est pas une simple croyance et possède une fonction et un contenu positif. Elle possède notamment la puissance du désir et se révèle à travers lui. C’est pourquoi, même connue l’illusion peut se perpétuer sans vraiment se dissiper. Si l’erreur de jugement provoquée par l’illusion peut être corrigée, l’illusion, elle, persiste et n’est pas dissipée. Dès lors c’est face à cette valeur et cette puissance de l’illusion que se pose la question : « faut-il se satisfaire de ses illusions ? «

            En ce sens, si l’illusion paraît en contradiction avec la plénitude de la vie heureux et la recherche de la connaissance vraie (1ère partie), sans doute ne faut-il pas disqualifier trop vite l’aspect psychologique de la puissance de l’illusion comme consolatrice (2nd partie). Dans ce cas peut-être faudra-t-il envisager une possible valeur positive de l’illusion voire une nécessité vitale de s’en satisfaire (3ème partie).

 

« pas.

Pourtant n'y a-t-il pas un risque de « désenchanter le monde » selon l'expression de Max Weber ? N'a-t-on pasbesoin de l'illusion ? II – La puissance de l'illusion a) En effet, au-delà de la simple critique de la religion comme pourvoyeuse d'illusions, on peut adapter un deuxièmeniveau de lecture à la critique de Marx dans Pour une critique de la philosophie du droit de Hegel .

L'illusion a effectivement un rôle consolateur tant par rapport à la mort que par rapport à la misère.

Ainsi, bien que l'on puissecritiquer la religion il n'en reste pas moins qu'elle est le seul moyen qu'ont les ouvriers, exploités par le Capital, d'unlendemain meilleur.

A défaut d'autres choses, ils doivent bien se satisfaire de cette illusion d'un bonheur à venir.

Iln'y a que dans leurs illusions qu'ils peuvent atteindre un quelconque degré de satisfaction face à dureté de leuraliénation dans leur travail.

En ce sens, loin de condamner l'illusion, il faut chercher à la comprendre et en saisirtoute la puissance.b) Or, comme le montre Schopenhauer dans le Monde comme volonté et comme représentation l'illusion sert à nous masquer une réalité trop dure à affronter.

Schopenhauer a parfaitement mis à jour le processus psychologiquequi conduit à prendre une fiction pour une réalité.

Il y a en effet intégration de cette fiction dans une suited'évènements passés.

Ce processus consiste à remplacer un évènement réel souvent éprouvé comme insupportablepar un évènement entièrement feint, susceptible néanmoins de s'accorder avec le cours de ma vie passée : « Oncomble alors artificiellement la lacune ainsi produite ».

C'est une manière pour nous de ne pas admettre la véritéréalité ; une vérité qui nous dérange.

Il se produit alors une substitution entre la cause réelle et la cause imaginaire.Et ainsi nous nous satisfaisons de notre propre illusion.

Or on le voit très bien avec un exemple que raconte Primo Levi qui, de retour des camps, a tenté d'avertir une famille de la mort de leur fils, dont il avait été témoin.

Mais la famille, préférant qu'il soit toujours vivant, n'a jamais voulu le croire, échafaudant tous les scénarios possibles afind'expliquer son absence.

Nous avons donc tendance à nous satisfaire de nos illusions.c) Mais comment pourrions nous vivre sans nous satisfaire de nos illusions, comme celle de l'amour ? En effet,Schopenhauer met en exergue l'essence de l'amour et révèle alors toute l'illusion qu'il constitue.

Et l'exemple le plusfrappant nous est fourni par Schopenhauer lui-même dans son ouvrage : Métaphysique de l'Amour .

Développant une analogie entre un insecte recherchant une fleur et l'homme une femme pour faire son bonheur, Schopenhauermontre que l'homme sacrifie son réel bonheur par un mariage insensé, uniquement pour servir l'espèce de la manièrela plus appropriée et conformément à la volonté partout souveraine de la nature, même si c'est au détriment del'individu.

La nature implante donc dans l'individu des buts qu'il ne suivrait pas lui-même rationnellement comme celuid'avoir des enfants etc.

Ainsi pour Schopenhauer il s'agit d'un « mirage voluptueux ».

Ainsi l'amour n'est-il qu'unmirage en vue de la conservation de l'espèce.

Or ne nous satisfaisons-nous pas cette illusion ? Transition : Ainsi par la puissance de l'illusion on peut s'apercevoir du fait que nous avons tendance à nous satisfaire de nosillusions quand celles-ci nous rendent service, quand elles servent un but vital ou existentiel.

Bien souvent doncnous nous satisfaisons de nos illusions pour vivre.

Or est-ce du fait de la puissance de l'illusion ou plus radicalementfaut-il voir l'illusion comme vitale autrement dit comme nécessaire et inhérente à la vie humaine ? III – Positivité de l'illusion a) En effet, quelle est la portée de l'illusion ? Comme le remarque Nietzsche dans la Le Crépuscule des Idôles , l'illusion s'enracine dans l'affectivité.

L'illusion est en fait la condition même dela vie.

Grâce à elle, le poids des difficultés est amoindri.

En d'autres termes, lebonheur donne un sens à la vie humaine bien qu'il puisse être une illusion.L'illusion du bonheur console et protège du désespoir et de l'angoisse, elledonne une sens à ce qui n'en a sans doute pas.

L'illusion est donc positive.Elle nous arrache du néant et du désespoir.

Or comme Nietzsche le remarque dans la Volonté de puissance : « abolir les grandes illusions déjà complètement assimilées détruirait l'humanité.

» Autrement dit, nous devonsnous satisfaire de nos illusions afin de nous sauvegarder nous-mêmes.

En cesens, la croyance en l'existence de vérités éternelles est aussi une illusiondont nous nous satisfaisons très bien.

Elle a donc le statut d'être à la fois lacure et la maladie en tant qu'elle peut être cause de dépit mais en mêmetemps utile pour voiler un désespoir plus vaste et plus profond et cela enraison même du caractère décevant du réel.

C'est bien ce que développeFreud notamment dans Malaise dans la culture en constatant simplement que si la satisfaction n'est pas assurée, « la souffrance semble être uneexpérience que chacun a connue, connaît ou connaîtra ».b) Or justement l'artiste n'est-il pas justement le paradigme de cettepersonne qui doit se satisfaire de ces illusion ? Comme le remarque Nietzsche dans le Crépuscule des Idoles , l'artiste particulièrement est celui a recherché cette profondeur, cette couche de sens qui aurait dû se rajouter à la réalité,or cette quête est un échec, il n'y a pas de profondeur, il n'y a pas de sens,que de la surface.

Le sens est une valeur ajoutée au réel pour qu'il soit plus supportable mais rien n'indique que dansles choses elles-mêmes il y ait du sens.

L'artiste doit se satisfaire de ses illusions car ayant été au fond des choses. »

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