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Faut-il travailler ?

Publié le 13/03/2004

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Pourquoi travailler ?Le " pourquoi " désigne la recherche de cause(s). Celles-ci peuvent être multiples (voir sur ce point la distinction aristotélicienne entre cause matérielle, cause formelle, cause efficiente et cause finale dans la Physique II, ch3). L'énoncé postule donc que l'on travaille en vue de quelque chose, pour quelque chose. Le travail ne serait donc pas une activité que l'on pratiquerait sans raison extérieure, sans être mû par un motif extérieur, de façon gratuite. On ne travaillerait pas pour rien, juste pour travailler ; la finalité du travail est extérieure à elle-même. On travaillerait donc pour satisfaire ses besoins nécessaires, pour gagner de l'argent, pour s'intégrer et se faire un réseau... pour des raisons extérieures au travail lui-même. Derrière ce postulat pointe l'idée d'un travail laborieux et pénible, d'un travail contraignant que l'on n'exerce pas pour le plaisir mais en vue d'autre chose. Il est possible d'adopter un point de vue critique sur ce postulat en se demandant si le travail ne possède pas un attrait intrinsèque, s'il n'est pas lui-même source de joie.

« Le travail représente un « asservissement à la nécessité » : l'homme est dépourvu de tout à l'état naturel et doitproduire ses conditions d'existence, trouver les moyens de ses nourrir, de se protéger, etc.

Il est donc soumis à desimpératifs biologiques auxquels il ne peut se soustraire, et qui se transforme en nécessité sociale, tout aussiasservissante et nécessaire. L'homme naît dans un état originaire de manque.

C'est un être de besoin, et ce sont ces besoins qui le contraignentà travailler pour les satisfaire.

Pour vivre, il doit se procurer sa nourriture, assurer sa protection, engranger desprovisions pour prévoir les risques à venir.

Le personnage de Protagoras raconte au moyen d'un mythe dans ledialogue éponyme de Platon la genèse de ce caractère démuni de l'homme.

A l'origine, Zeus chargea les deuxtitans, Prométhée et son frère Épiméthée de répartir les différentes capacités entre les différents vivants.Épiméthée se charge de la distribution, en prévoyant d'abord la préservation de chaque espèces pour qu'elles ne sedétruisent pas mutuellement (Il essaie d'établir un équilibre.

ex : il donne aux uns la force sans la vitesse …), puis ilrépartit l'équipement naturel (griffes, crocs, pinces, dards, etc), la préservation des rigueurs du climat (fourrures,écailles, etc.), puis les modes d'alimentation et les taux de natalité, toujours en vue du maintien de chaque espèce.Mais l'homme, oublié, reste « nu, sans chaussures, sans couvertures, sans armes ».

Prométhée vole alors chez lesdieux le savoir technique d'Héphaïstos et d'Athéna, ainsi que le feu, et les donne à l'espèce humaine.

Mais leshommes n'ont pas le savoir politique, et ils ne parviennent toujours pas à se protéger des agressions extérieures.Zeus intervient alors et demande à Hermès d'apporter aux hommes la Vergogne et la Justice, qu'il répartit entre tousles hommes.

Le mythe montre ainsi que, contrairement aux animaux, les hommes ne possèdent pas de protections,mais possèdent les moyens de se protéger.

De même la Vergogne et la Justice permettent aux hommes de fonder etde maintenir l'ordre de la cité.

Le mythe de Protagoras présente l'homme dans un état initial de détresse et associeson devenir au travail, à la production et à la fabrication, qu'elle soit matérielle (artisanat, agriculture, etc) outhéorique (sciences et techniques, politique, etc.).

L'homme est donc contraint de travailler d'abord pour assurer sasurvie, et ensuite pour mener une vie bonne, paisible, en société. En effet, on pourrait penser que l'on n'est pas obligé de travailler si d'autres le font à notre place.

C'est l'argumentdu « passager clandestin », qui calcule que si tout le monde coopère pour le bien de la société toute entière, alorssi un seul décide de ne pas coopérer, il profite quand même du bien produit par tous les autres, et se soulage quantà lui d'une besogne dont la part est si petite en comparaison de la totalité que son absence passera inaperçue.

Cetargument, néanmoins, ne fonctionne que pour une seule personne, et l'on s'aperçoit que si toute une société s'enempare, alors plus rien ne fonctionne.

En conclusion, il faut contraindre tous les hommes à travailler, pour leurpropre bien et celui de tous.

C'est ce que Rousseau déclare dans le Contrat Social en stipulant qu'une société doit être fondée sur un engagement tacite qui stipule que « quiconque refusera d'obéir à la volonté générale y seracontraint par tout le corps », c'est-à-dire toute la société. Donc l'homme, qu'il soit seul ou en société, est obligé de travailler pour satisfaire ses besoins. 2ème partie : Le travail est ce qui caractérise l'homme.

(Travailler est un impératif catégorique) Dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes , Rousseau souligne ce dénuement originel de l'homme, et insiste sur la capacité essentielle de l'homme à se perfectionner.

Cette « perfectibilité »ne se développe que dans l'œuvre des hommes, dans leur travail, leurs effortsà transformer le monde, à le construire, à exploiter la nature à leur profit.L'action pratique de l'homme apparaît ainsi comme essentielle à l‘homme, quidoit travailler pour réaliser sa nature même d'être humain. Par sa nature perfectible l'homme a besoin de transformer les choses, deprogresser, et ne se réalise dans l'action.

L'homme est un être d'action, pourAristote.

L'éthique aristotélicienne nous enseigne en effet que toute action del'homme vise un bien, et que l'homme, qui recherche naturellement le bien estpar conséquent porté à l'action.

L'homme par excellence pour Aristote n'estpas le stoïcien qui adopterait l'attitude du « sage cosmopolite », c'est-à-direconforme à la nature, ne cherchant pas agir sur elle mais s'y soumettantparesseusement sans bouger.

Au contraire, l'homme ne se découvre bon, nese réalise pleinement que dans sa capacité à faire un bon usage de la nature,à travailler pour le bien, en agissant en vue du bien pour toutes choses.

Letravail pensé comme l'action spécifiquement humaine est donc essentiel àl'homme car il qui lui permet de s'accomplir pleinement et d'atteindre au bien. - Le travail est une activité consciente, car volontaire et décidée par l'homme.

L'homme n'obéit pas à un déterminisme, il s'affirme donc dans le travail, et témoigne de sa volontédélibérée à agir.

Hegel, dans Phénoménologie de l'esprit , montre que le travail libère l'esclave, qu'il est formateur, qu'il correspond à une extériorisation du pour-soi, de la conscience, dans les choses. - Karl Marx développe cet aspect volontaire et pensé du travail.

Le travail résulte d'une représentation « idéale »que l'homme se fait, et qui le conduit à se mettre à l'œuvre.

Le travail est une finalité humaine.

L'homme qui travaillese représente ses fins de manière consciente et réfléchie.

S'il agit sur la nature, c'est de façon délibérée, ensoumettant son libre vouloir à un dessein déterminé par lui.

Le travail témoigne donc de l'activité intellectuelle etconsciente de l'homme, qui réfléchit à son action.

Pour Karl Marx, une vie sans travail n'est plus humaine, et l'homme. »

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