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Faut-il vouloir se transformer soi-même ou faut-il vouloir transformer le monde ?

Publié le 26/08/2005

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La morale des stoïciens donne comme « solution « un retrait orgueilleux dans la maîtrise de la pensée, un désinvestissement du monde. Ce n'est pour Descartes qu'une étape, qu'une règle de la morale provisoire, celle qui est nécessaire pour conjuguer la prudence et la rigueur intellectuelle avec l'urgence de la vie. Le dernier mot de  Descartes réside dans ce qu'il nomme « générosité «, et qui permet à chacun de gagner l'estime de soi-même. L'homme est généreux quand « il sent en soi-même une ferme et constante résolution de bien user (de son libre-arbitre) cad de ne jamais manquer de volonté pour entreprendre et exécuter toutes les choses qu'il jugera être les meilleures : ce qui est suivre parfaitement la vertu. « 2) Critique Le stoïcisme que prône Descartes est certes une exaltation de la volonté humaine et non une destruction de ce qui fonde la dignité humaine, comme l'épicurisme et le bouddhisme. Mais c'est une bien étrange volonté qu'il prône : une volonté qui ne veut rien, ou au moins qui ne veut rien d'autre que ce qui est. Il s'agit d'une volonté creuse, vide ou encore abstraite. Car l'essence de la volonté humaine n'est-elle pas de souhaiter ce qui n'est pas de s'opposer à l'ordre parfois ingrat de la Nature ? L'attitude du stoïcisme exclut toute lutte pour la transformation et l'amélioration des choses, toute recherche du progrès technique, bref tout ce qui fait la spécificité et la grandeur de l'homme.En outre, ce n'est pas une sagesse « efficace «.

« fait, il s'agit là d'une maxime d'inspiration stoïcienne, quasi directement recopiée d' Epictète , et qui nous invite à faire le départage entre : · d'une part ce qui dépend de nous, ce sur quoi nous avons un pouvoir ; · d'autre part ce qui ne dépend pas de nous, et dont nous devons nous exercer à ce qu'il ne nous touche en aucune façon. Le but que poursuivent les stoïciens, et Descartes ici, est de nous rendre les plus indépendants possibles des coups du sort, d'assurer au sujet la plus grande autonomie possible.

Or pour cela il faut NOUS vaincre, plutôt que denous en prendre à la fortune (au mode, au hasard) et changer nos désirs plutôt que de sombrer dans l'illusion deremodeler le mode suivant nos projets.

Comme le déclare Epictète : « Ce n'est pas en satisfaisant nos désirs que l'on se fait libre, mais en détruisant les désirs. » On voit ici naître l'opposition entre le sujet et la fortune, ses désirs et le monde.

En fait, il faut d'abord savoir faire ladifférence entre ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas, compter nos propres forces, et les mesurer àcelles du monde qui nous fait face. Ce qui m'appartient en propre et sur quoi j'ai un pouvoir, c'est moi-même, mes désirs, mes pensées, l'initiative demes actes. Par contre, les choses extérieures, ce qui prend pour moi la forme du hasard, l'action des autres, les conséquencesde mes actes, tout cela échappe à mon contrôle, dépasse mon pouvoir. Or, aussi évident que cela paraisse, les hommes n'ont pas conscience de cette opposition.

Comme le fait remarquerDescartes , nous ne désirons que ce qui nous semble possible.

Seuls les fous, c'est-à-dire ceux dont la raison est égarée, voudraient avoir des corps de diamant ou des ailes pour voler.

De même, je ne désire pas devenir roi duMexique, parce que j'ai clairement conscience que cela est impossible.

Par suite je ne souffre pas de ne pas pouvoiraccéder à la royauté.

Comment se fait-il alors que je désire être en bonne santé étant malade, ou libre étant enprison ? C'est que je continue à croire possible la santé et la liberté qui ne dépendent pas entièrement de moi.

Jesouffre donc inutilement, dans la mesure où je ne comprends pas que ce que je désire est en fait impossible et horsde mon pouvoir. C'est pourquoi Descartes déclare qu'il lui a fallu : « [s'] accoutumer à croire qu'il n'y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos pensées, en sorte qu'après que nous avons fait de notre mieux, touchant les choses qui noussont extérieures, tout ce qui manque de nous réussir est, au regard de nous, absolument impossible. » Une fois que j'ai fait au mieux, par exemple, que j'ai adopté toutes les règles d'une vie saine, si mon objectif n'estpas atteint, la santé, je dois considérer qu'il n'était absolument pas possible de l'atteindre.

Cela n'était pas en monpouvoir.

Je ne suis pas responsable des conséquences non voulues ou non prévisibles de mes actes.

Cela relève del'intervention du hasard, ou des actions des autres, sur lesquels je n'ai aucune prise.

Il est donc vain de continuer àespérer, ou à me faire des reproches, cela est impossible pour moi. Il s'agit d'une reprise de la maxime d' Epictète : « Ne désire pas que les choses arrivent comme tu le désires, mais désire qu'elles arrivent comme elles arrivent, et tu seras heureux . » Cela ne signifie pas qu'il faut ne rien faire ou ne rien entreprendre ; il faut à l'inverse, comme le dit Descartes « faire de notre mieux ».

Mais il faut comprendre qu'une fois que j'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir, je ne peux plus rien désirer. L'inverse serait croire que le destin ou le monde peuvent s'ordonner selon mes désirs, serait demander que leschoses arrivent comme je le désire, ce qui est absurde.

C'est demander l'impossible ou se prendre pour un Dieu quiaurait tout pouvoir sur le monde.

J'ai tout pouvoir sur mes pensées, mais le résultat de mes actions ou de mes actesne dépend pas entièrement ni absolument de moi, il dépend de l'ordre entier de l'univers qui m'échappe. Appliquer cette règle difficile, c'est selon Descartes parvenir à ce que « nous ne désirons pas davantage être sains, étant malades ou être libres, étant en prison, que nous ne faisons maintenant d'avoir des corps d'une matière aussiincorruptible que les diamants [...] Mais je crois qu'il est besoin d'un long exercice et d'une méditation souventréitérée, pour s'accoutumer à regarder de ce biais toutes les choses. » La maxime de Descartes reprend des stoïciens : « Changer ses désirs plutôt que l'ordre du monde » s'est vue opposer en mai 68 le fameux « désirez l'impossible ».

Soucieux de mettre l'individu à l'abri des coups du sort, de lui épargner les désirs et les remords inutiles, Descartes tend à nous dire qu'il faut « aimer le réel » ou du moins l'accepter, une fois qu'on a fait ce que l'on pouvait.

Cette règle de conduite extrêmement exigeante doit d'abordnous rappeler que les conséquences de nos actes et de nos décisions nous échappent, ne dépendent pasentièrement de nous, que nous sommes pris dans un réseau d'actions qui modifient nos initiatives, nos projets, nosdésirs. La morale des stoïciens donne comme « solution » un retrait orgueilleux dans la maîtrise de la pensée, un. »

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