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Y a t-il un faux bonheur ? Y a-t-il de faux bonheurs ?

Publié le 03/01/2010

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Y a t-il un faux bonheur ? Y a-t-il de faux bonheurs ?

 

Le bonheur est un état de satisfaction durable recherché par les êtres humains. La vérité ou la fausseté constituent des critères théoriques objectifs d’adéquation ou d’inadéquation avec une chose. Or en tant que sentiment du sujet, le bonheur ne semble pouvoir être évalué que d’un point de vue subjectif. Aussi même si le bonheur d’un sujet résulte d’une inadéquation entre son idée et la chose, il ne serait pas possible de distinguer un faux bonheur d’un vrai bonheur : le bonheur en tant que sentiment subjectif se suffit à lui-même en constituant sa propre norme. Par conséquent si l’on ne peut juger le bonheur que du point de vue subjectif, l’idée d’un faux bonheur parait devoir constituer un non sens.

Cependant si le critère du bonheur est le caractère durable d’une satisfaction, le sentiment de bonheur résultant d’une erreur ou d’une illusion finit par révéler son inconsistance : la fausseté de certains bonheurs se distingue des vrais en ce qu’ils ne sont pas durables si bien qu’il est possible après coup de connaître l’erreur qui nous a précipité dans le malheur. Par conséquent il y aurait bien un faux bonheur résultant de notre illusion sur les objets et la sagesse consisterait alors à privilégier les objets susceptibles de nous apporter le vrai bonheur. Cependant si le bonheur est un état de satisfaction durable résultant du choix des objets adéquats, ne faudrait-il pas alors affirmer qu’il n’y a que des faux bonheurs ? Nous sommes confrontés à ce problème : un bonheur qui repose sur une idée fausse constitue t-il un faux bonheur ou bien la fausseté de l’idée n’influe t-elle en rien sur le sentiment subjectif de bonheur ? 

 

« des maladie susceptibles d'enlever tout désir de vivre.

Ainsi il y aurait un type de bonheur qui révèlerait sa faussetélorsque l'on prendrait conscience de son caractère précaire et non durable.

Le faux bonheur se manifesterait commeun bonheur immédiat provoquant lui-même le malheur._ La sagesse consisterait justement à éviter de sombrer dans ce faux bonheur précaire entraînant un malheur plusgrand en distinguant les désirs.

Il s'agirait de ne choisir que les désirs qui permettent un bonheur véritable parce quedurables et d'écarter ceux qui provoquent le malheur.

Contre l'intempérant qui cherche à satisfaire tous ses désirssans distinction, le sage opère un tri par le moyen de la raison, ce que l'on appelle la métriopathie, c'est-à-dire lecalcul des plaisirs et des peines qu'engendrent tel désir : « la raison vigilante recherche minutieusement les motifsde ce qu'il faut choisir et de ce qu'il faut éviter et rejette les vaines opinions par lesquelles le plus grand troubles'empare des âmes ».

Le vrai bonheur se fait alors non plus dans l'ignorance du sujet, mais pour et par saconscience.

Ainsi le faux bonheur est caractérisé par l'inconscience qui ne sait ce qu'elle fait; par opposition, le vraibonheur est un état de satisfaction durable obtenu par la conscience du sujet vivant et la connaissance des chosestelles qu'elles sont.

La sagesse est une médecine de l'âme qui consiste à apporter la connaissance aux hommes dontla peur et l'inquiétude résultent de leur ignorance.

Ainsi la connaissance dissiperait les faux bonheurs porteurs demalheurs futurs.

Par conséquent c'est parce que le sentiment du bonheur repose parfois sur une idée fausse que lebonheur lui-même est faux et nous entraîne dans le malheur.

Il suffirait donc de se défaire de ses idées fausses pourobtenir un véritable bonheur.

Cependant si le faux bonheur résulte d'une ignorance dans les choix des désirs, est-il certain que la connaissancedes choses comme elles sont entraîne nécessairement le bonheur ? Tout bonheur n'est-il pas de ce point de vue unfaux bonheur ? III Le bonheur est faux en lui-même du point de vue de la condition humaine; _ Lorsque nous avons des idées vraies sur le monde, il ne s'ensuit pas nécessairement un vrai bonheur.

En effet lalucidité qui désigne la connaissance des choses comme elles sont provoque bien plus le malheur que le bonheur.Pourquoi ? C'est que la condition humaine est intrinsèquement malheureuse.

Aussi vaut-il mieux ne pas y penser etnourrir l'illusion volontaire par le divertissement.

Le divertissement est une occupation qui, étymologiquement nousdétourne de notre chemin.

Or quel est-il notre chemin sinon le néant résultant de la mort ? Il s'agirait alors par ledivertissement comme le dit pascal au fragment 133 de ne pas y penser : « les hommes n'ayant pu guérir la mort, lamisère, l'ignorance, ils se sont avisés pour se rendre heureux de n'y point penser ».

Se divertir, est donc unenécessité pour les hommes afin de ne penser à leur condition : comme l'explique Pascal au fragment 136 de sesPensées en édition Lafuma : « le malheur naturel de notre condition faible et mortelle et si misérable que rien ne peut nous consoler lorsque nous y pensons de près ».

Avec le fragment 137, on voit que c'est l'illusion dudivertissement qui provoque le bonheur, et non pas la connaissance vraie des choses : « un roi sans divertissementest un homme plein de misères »._ Or le bonheur que nous procure le divertissement est nécessairement un faux bonheur puisque il résulte d'uneillusion.

L'illusion du divertissement est similaire à celle de l'intempérance : elle consiste à croire que ledivertissement peur en lui-même apporter le bonheur.

Aussi c'est sur ce point précis que Pascal au fragment 136condamne les hommes qui se divertissent et non le divertissement en lui-même nécessaire pour ne pas penser à lacondition misérable des hommes : « on se prend mal pour les blâmer ; leur faute n'est pas en ce qu'ils cherchent letumulte.

S'ils ne le cherchaient que comme un divertissement mais le mal est qu'ils le recherchent comme si lapossession des choses qu'ils recherchent les devait rendre véritablement heureux ».

En effet lorsque les hommeschassent, ils ne cherchent que la chasse et non la prise du lapin lui-même qui ne peut leur apporter le bonheur.

Aufond, les hommes ne se divertissent que pour oublier ce fait : il n'y a pas de bonheur possible pour les hommes surterre.

Aussi l'on peut affirmer que tous les bonheurs sont faux en eux-mêmes dans la mesure où ils résultent tousd'illusion.

Comme l'explique pascal au fragment 148, tous les hommes recherchent d'être heureux jusqu'à ceux quivont se pendre, mais personne n'y a accède sur terre du fait du péché originel qui laissé vide une place infinie dansle cœur humain que les hommes cherchent à combler avec des biens finis : « il y a eu autrefois un véritable bonheurdont il ne lui reste plus maintenant que la marque et la trace toute vide ».

Le vrai bonheur pour l'homme consistaitdans la présence de Dieu qui s'est caché à lui lorsque Ève a péché avec Adam; depuis ce jour, tous les bonheurssont devenus faux : « la vraie nature étant perdue, tout devient sa nature; comme le véritable bien étant perdu,tout devient son véritable bien » (fragment 397)._ Non seulement il y a un faux bonheur, mais l'idée de bonheur est fausse en elle-même du fait de la conditionhumaine.

En effet, le bonheur est un état de satisfaction durable.

Or la condition humaine est traversée parl'inconsistance et la précarité de notre existence.

Aussi il ne peut y avoir pour nous de satisfaction durable : toutesatisfaction est provisoire et soumise au changement comme le reste du monde.

Et c'est la raison pour laquelle lebonheur est souvent considérée au à titre de béatitude comme une propriété de la vie éternelle après la mort dansles doctrines religieuses des monothéismes.

Mais si le bonheur est inaccessible sur terre, ce n'est pas le cas de lajoie qui est le sentiment de notre existence éprouvé dans toute son intensité et sa précarité.

La joie contrairementau bonheur est adaptée à la précarité de la condition humaine car elle est une disposition intérieure que laperspective de la mort ne fait pas disparaître, mais avive au contraire.

Ainsi Montaigne dans ses Essais III, 13 affirme : « pour moi donc j'aime la vie et la cultive telle qu'il a plus à Dieu de nous l'octroyer ».

Or qu'est-ce que lavie ? « La vie est un mouvement matériel et corporel, action imparfaite de sa propre essence et déréglée, jem'emploie à la servir selon elle » ( Essais III, 9 ).

La sagesse véritable consiste alors à ne pas rechercher un bonheur inaccessible sur terre, mais la joie qui résulte simplement d'une vie vécue selon la vie elle-même.

Conclusion :. »

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