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Les fenêtres - Baudelaire: Dans le commentaire composé que vous ferez de ce poème en prose, vous étudierez en particulier comment la prose poétique s'adapte, comme le disait Baudelaire lui-même, « aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ».

Publié le 09/03/2011

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Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. 11 n'est pas d'objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu'une fenêtre éclairée d'une chandelle.  

Ce qu'on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir et lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie. Par delà des vagues de toits, j'aperçois une femme mûre, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais. Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j'ai refait l'histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant. Si ç'eut été un pauvre vieux homme, j'aurais refait la sienne tout aussi aisément. Et je me couche, fier d'avoir vécu et souffert dans d'autres que moi-même. Peut-être me direz-vous : « Es-tu sûr que cette légende soit la vraie? « Qu'importe ce que peut être la réalité placée hors de moi, si elle m'a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que je suis? Baudelaire.

 

• Le sujet indique : Dans le commentaire composé que vous ferez de ce poème en prose, vous étudierez en particulier comment la prose poétique s'adapte, comme le disait Baudelaire lui-même, « aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience «.

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« Baudelaire « Les fenêtres » Petits poèmes en prose 1869 Les fenêtres Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde unefenêtre fermée.

Il n'est pas d'objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissantqu'une fenêtre éclairée d'une chandelle.

Ce qu'on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui sepasse derrière une vitre.

Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie.

Par delà des vagues de toits, j'aperçois une femme mûre, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose,et qui ne sort jamais.

Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j'ai refait l'histoirede cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant.

Si c'eût été un pauvre vieux homme, j'aurais refait la sienne tout aussi aisément.

Et je me couche, fier d'avoir vécu et souffert dans d'autres que moi-même.

Peut-être me direz-vous : « Es-tu sûr que cette légende soit la vraie ? » Qu'importe ce que peut être la réalitéplacée hors de moi, si elle m'a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que suis ? Baudelaire, premier poète de la modernité, a considérablement élargi le champ de l’expérience poétique.

Il a développé la faculté de reconnaître dans la banalité du réel une mystérieuse beauté jusqu’alors inconnue, à l’image de la phrase « J’ai pétri de la boue et j’en ai fait de l’or » extraite des Fleurs du mal .

Dans ses poèmes, il s’est fait homme de la rue, voyeur et voyant et a exploré les voies qui peuvent transfigurer des objets quotidiens en éléments mystérieux qui ouvrent la voie vers l’idéal. Le poème « Les fenêtres », extrait des Petits poèmes en prose parus en 1869, est essentiel puisqu’il permet au poète de nous faire part du processus de la création poétique qui passe par l’identification et comporte un effet libérateur pour le poète. Tout d’abord, dans ce poème en prose se met en place un paradoxe : l’éloge des fenêtres fermées par opposition aux fenêtres ouvertes.

Par ailleurs, le poète explique cette préférence par le pouvoir bien plus évocateur et élévateur des fenêtres fermées. En premier lieu, Baudelaire fait l'éloge paradoxal des fenêtres fermées par opposition aux fenêtres ouvertes. Ce paradoxe se met tout d'abord en place dans le premier paragraphe : l'auteur y utilise les trois types de comparaisons : « autant...que », « plus...que » et « moins...que ».

Ces trois phrases présentent donc trois rythmes binaires qui suggèrent l'opposition entre comparant et comparé.

Paradoxalement, le poète affirme qu' « une fenêtre ouverte » est beaucoup moins évocatrice qu' « une fenêtre fermée » : « Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée.

» On trouve ensuite une accumulation de cinq adjectifs au comparatif eux-aussi quelque peu surprenants : « Il n'est pas d'objet plus profond , plus mystérieux , plus fécond , plus ténébreux , plus éblouissant ...

» En effet, une fenêtre est un objet plan et non « profond », « mystérieux » s'oppose à « fécond » et « ténébreux » à « éblouissant ».

Le message du poète apparaît donc mystérieux, inhabituel.

Il va à l'encontre de l'opinion communément admise : nous préférons généralement les fenêtres ouvertes, qui nous paraissent, elles, plus « intéressant[es] ».

Dans la troisième phrase, Baudelaire ajoute que « Ce qu'on peut voir au soleil est toujours moins interressant que ce qui se passe derrière une vitre.

» Le « soleil », qui produit une lumière extrêmement vive s'oppose ici à la lumière fragile et faible d' « une chandelle ».

Le rythme binaire « ce trou noir ou lumineux », dans lequel les deux adjectifs forment un oxymore,. »

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