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Fiche de lecture: Le Bourgeois gentilhomme de Molière

Publié le 22/06/2011

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Analyse. — Molière ridiculise dans cette pièce la manie d'un bourgeois, dont le père a fait fortune en vendant du drap, et qui veut jouer au gentilhomme. Tant que M. Jourdain se borne à porter des habits extravagants, à danser le menuet, à prendre des leçons d'armes et de philosophie, sa folie n'atteint que lui-même. Mais Molière, en excellent moraliste, nous montre les conséquences funestes de ce travers dans la famille tout entière. M. Jourdain refuse de donner sa fille en mariage à Cléonte, l'honnête bourgeois qui l'aime, et veut en faire une marquise (de même Orgon veut marier sa fille à Tartuffe : Philaminte, Henriette à Trissante Argan, le malade imaginaire, Angélique à un médecin). A l'aveuglement de M. Jourdain, Molière oppose le bon sens robuste de Mme Jourdain. C'est surtout au point de vue de cette lutte de caractères qu'il faut étudier la scène suivante. — Pour triompher de la résistance de M. Jourdain, le valet Covielle imaginera de faire passer Cléonte pour le fils du Grand Turc, — et M. Jourdain consentira au mariage.

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« pièce, « à qui la voudra ».Madame Jourdain est un personnage particulièrement intéressant et original.

Pleine de bon sens et d'énergie, sanspour autant être bornée comme l'était Mme Pernelle, elle est une digne représentante de ces familles de drapiersenrichis par leur travail, leur sens de l'épargne et une certaine austérité qui interdisait le gaspillage.

Elle n'a pashonte d'être une bourgeoise et veut pouvoir être à l'aise avec son gendre.Lucile, la fille de M.

et Mme Jourdain, n'a pas hérité de la forte personnalité de sa mère.

C'est une des plus pâlesjeunes premières du théâtre de Molière.Nicole est une servante classique, au langage direct et savoureux, mais elle est moins active dans l'intrigue que sonamoureux, Covielle.Cléonte ne veut pas usurper le titre de gentilhomme, quoique de bonne famille et pouvant espérer un anoblissementpour avoir servi six ans dans les armes.Covielle, le valet, est surtout remarquable par ses dons pour la mise en scène et pour la comédie.Dorante, le comte, est un personnage assez ambigu.

C'est un cynique et, pour ainsi dire, un escroc lorsqu'ilextorque de l'argent à M.

Jourdain.

D'autre part, il aime sincèrement Dorimène et il a le charme et l'esprit du beauparleur et du gentilhomme raffiné.Dorimène, la belle marquise, est plus délicate et plus désintéressée que Dorante.

Elle est choquée en apprenant lerôle qu'on lui a fait jouer auprès de M.

Jourdain et recommande à Dorante de ne pas se ruiner pour elle. 3.

Le style de l'écrivain L'originalité de l'oeuvre Le Bourgeois gentilhomme est une pièce de théâtre par excellence, si l'on se réfère à l'étymologie du mot théâtre, «ce qu'on donne à voir ».

Le spectacle a une grande importance dans cette œuvre de l'auteur-comédien-metteur enscène qu'était Molière.L'importance de la musique et de la danse a déjà été signalée plus haut à propos de la structure de la pièce.

Onobserve aussi la grande place que tiennent dans de nombreuses scènes les mouvements et les mimiques despersonnages.

On peut citer l'essayage de la robe de M.

Jourdain, ses exercices de danse, dé révérences, d'armes, ladispute des maîtres, les faux départs dans la scène du dépit amoureux.Un certain nombre d'accessoires sont indispensables pour la représentation : instruments de musique, fleuret dumaître d'armes, la table servie de l'acte IV.Le déguisement est aussi un thème central de la pièce.

Jourdain prend le costume d'un homme de qualité, Cléonteet Covielle sont en Turcs.Quand M.

Jourdain essaie son habit à la cadence de toute la symphonie, quand les tailleurs ou les cuisiniers semettent à danser, on se croirait déjà dans une comédie américaine, dans cette atmosphère joyeuse et un peuirréelle de fête.

Le spectacle est d'ailleurs le sujet même de l'oeuvre.

M.

Jourdain joue la comédie du gentilhomme ;pour utiliser cette comédie, Dorante joue un jeu plus subtil : celui d'admirateur de M.

Jourdain.

Les amoureuxfeignent d'être fâchés.

Enfin, Covielle et Cléonte jouent les Turcs magnifiquement, seuls capables de s'élever à lahauteur de la comédie de M.

Jourdain et d'y faire échec.Les personnages qui ont gardé la tête froide soulignent à plusieurs reprises ce mensonge perpétuel.

Mme Jourdain nese gêne pas pour dénoncer les manœuvres de Dorante et se moque de son mari déguisé en mamamouchi.Covielle met en scène lui-même devant le spectateur (III, 13) toute la comédie qu'il va jouer.

Même la timide Luciles'exclame à la scène 5 de l'acte V devant la mascarade de son père.Le Bourgeois gentilhomme est donc une pièce fondée tout entière sur l'apparence, la vanité, l'illusion, la grimace quedénonçait aussi, à la même époque, Pascal. Les formes du comique 1.

La satire a/ Le Bourgeois gentilhommeM.

Jourdain est un bourgeois qui rêve d'ascension sociale.

Sa richesse ne lui suffit pas, il veut avoir des relations àla Cour, être connu du roi et être anobli.

C'est cette vanité que dénoncera plus tard Montesquieu (Lettres persanes,xxiv), en feignant d'admirer ce roi qui sait trouver de l'argent sans « autres fonds que les titres d'honneur à vendre».Par l'intermédiaire de Cléonte, Molière rappelle que l'anoblissement devrait se mériter autrement que par l'argent (III,12) et il nous montre comment le garçon tailleur voit son pourboire grossir au fur et à mesure qu'il décerne à M.Jourdain des titres de plus en plus prestigieux (II, 5).Nicole signale par ailleurs (III, 12) que le titre de gentilhomme n'est pas toujours un brevet d'honnêteté oud'intelligence.

Mme Jourdain, dans sa sagesse, souligne les dangers d'un mariage entre une fille de drapier et ungentilhomme, mariage qui mettrait toute la famille dans une situation humiliante de dépendance.. »

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