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Fiche de lecture: le MANUEL d'EPICTETE.

Publié le 21/04/2009

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Epictète naquit en Phrygie, à Hiéropolis. La bassesse de son origine nous a dérobé la connaissance de son nom véritable. Epictète, en effet, n'est pas le nom propre de ce philosophe, c'est le nom de son état, esclave; car il naquit dans l'esclavage et fut acheté, dans la suite, par l'affranchi de Néron, Epaphrodite. On raconte qu'un jour, ce dernier, maître dur et cruel, s'amusait à torturer la jambe de son esclave, celui-ci l'avertit plusieurs fois qu'il allait la lui briser. Il la brisa, en effet, et Epictète se contenta de lui faire celle remarque : « Je vous avais bien dit que vous me la casseriez. « Rendu plus tard à la liberté, Epictète vécut assez longtemps, à Rome. Divers témoignages nous apprennent que sa sagesse était si connue que les gens les plus considérables avaient recours à ses conseils, et que, sans égard pour leur qualité ou leur dignité, il parlait à tous avec beaucoup de liberté et de franchise. Il vivait pauvrement, remplissait avec zèle les devoirs de l'amitié et se montrait fort compatissant pour les malheureux. Par suite de ledit de Domitien qui chassa de Rome tous les philosophes, Epictète se relira à Nicopolis, en Epire, où il continua d'enseigner avec succès. L'enthousiasme qu'il excita fut si grand qu'à sa mort, un de ses admirateurs paya trois mille drachmes, la lampe de terre qui avait éclairé ses veilles. Epictète n'a rien écrit par lui-même; son disciple, Arrien, nous a conservé son enseignement dans huit discours ou entretiens, qui résument les leçons d'Epictète à Nicopolis.

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« nous contenterons, maintenant que nous avons indiqué l'idée générale du livre, de rapporter les principales règlesqui y sont données sur nos devoirs envers nous mêmes, envers les autres, et envers Dieu. I.

Devoirs envers soi-même. La morale individuelle occupe la place la plus importante dans le Manuel d'Epictète. Si ce philosophe avait mieux compris la nature de la liberté, les préceptes qu'il donne seraient les plus propres àassurer le respect de notre dignité personnelle.

La constance dans le caractère, la réserve dans le langage, lagravité dans le maintien, la tempérance dans le boire et le manger, la modération et la simplicité dans les goûts,telles sont les principales vertus que le sage doit pratiquer dans toutes les occasions.

La pudeur et l'humilité surtoutdoivent dominer toute sa conduite.

La pudeur est l'ornement de la jeunesse et la source des plus grandessatisfactions.

La vanité et l'ostentation sont indignes du philosophe.« En nulle occasion ne te dis philosophe, et ne débite point de belles maximes devant les ignorants, mais fais toutce que ces maximes renferment.

» (XLVI) — « Si tu as bien réglé tes désirs et tes appétits, n'en tire pas vanité, etsi tu ne bois que de l'eau ne dis point à tout propos que tu ne bois que de l'eau.

» (XLVII) — « Dans le commerceordinaire, garde-toi bien déparier sans cesse de tes exploits et des dangers que tu as courus.» (XXXIII) — « Ne teglorifie jamais d'aucun avantage étranger ; si un cheval en se vantant disait : Je suis beau, cela serait supportable ;mais toi quand tu dis, en te glorifiant : J'ai un beau cheval, sache que c'est d'avoir un beau cheval que tu teglorifies.

» (VI)Le détachement des choses extérieures est recommandé par Epictète non moins fortement que la pratique del'abnégation.

« Les besoins du corps sont pour chacun la mesure des richesses, comme le pied est celle du soulier.

»(XXXIX) Les soins du corps ne doivent pas nous absorber, car « un signe certain d'un esprit lourd, c'est des'occuper longtemps du soin de son corps, de donner beaucoup de temps a toutes les nécessités corporelles.Toutes ces choses ne doivent pas être le principal, mais l'accessoire de notre vie : toute notre application et toutenotre attention ne doivent être que pour notre esprit.

» (XLI) II.

— Devoirs envers les autres. — Les devoirs que nous avons à remplir envers les autres hommes sont fondés sur les rapports qui existent entre eux et nous.

« C'est lui) père, il lest ordonné d'en avoir soin, de lui obéir en toutet de souffrir ses injures et ses mauvais traitements.

— Mais c'est un méchant père.

— Eh quoi! mon ami, la naturet'a-t-elle lié nécessairement à un bon père? — Non, mais à un père.

» (XXX) D'ailleurs, de quelque côté qu'ellesviennent, il faut supporter les injures.

« Lorsque tu abandonnes ton âme au premier venu, en lui permettant de latroubler et de l'agiter par ses injures, tu n'en rougis pas, et tu serais indigné si on livrait ton corps.

» (XXVIII) Il n'ya pas à s'inquiéter de ceux qui disent du mal de nous, car ils ne font tort qu'à eux-mêmes.

« Chaque chose présentedeux anses : l'une, qui la rend très aisée à porter, et l'autre, très mal aisée.

Si ton frère donc te fait injustice, ne leprends point par l'endroit de l'injustice qu'il le fait; car c'est par où l'on ne saurait ni le prendre ni le porter; maisprends-le par l'autre anse, c'est-à-dire par l'endroit qui te présente un frère, un homme qui a été élevé comme toi,et tu le prendras par le bon côté qui te le rendra supportable.

» (XLIII) S'il faut savoir souffrir les injustices desautres, il faut bien se garder d'en commettre soi-même.

On doit même s'abstenir de juger les actions d'autrui.

«Quelqu'un boit beaucoup de vin, ne dis point qu'il fait mal de boire, mais qu'il boit beaucoup ; car, avant que tu aiesbien connu ce qui le fait agir, d'où sais-tu qu'il fait mal? » (XLV)Il n'est pas jusqu'aux règles de la bienséance qui n'aient leur place dans la morale d'Épictète.

« Dans les festins, iln'y a rien de plus déraisonnable que de vouloir tout pour soi, sans aucun égard pour les autres.

Quand tu seras priéà un repas, souviens-toi de ne penser pas tant à la qualité des mets qu'on servira, et qui exciteront ton appétit,qu'à la qualité de celui qui t'a prié, et à conserver les égards et le respect qui lui sont dus.

» (XXXVI) III.

— Devoirs envers Dieu. — « Le principal fondement de la religion consiste à avoir des dieux des opinions droites et saines; à croire qu'ils sont; qu'ils étendent leur providence sur tout ; qu'ils gouvernent cet univers trèsparfaitement et avec justice; que tu es dans le monde pour leur obéir, pour prendre en bonne part tout ce quiarrive, et pour y acquiescer volontairement et de tout cœur, comme à des choses qui viennent d'une providencetrès bonne et très sage.

De cette manière, tu ne te plaindras jamais des dieux, et tu ne les accuseras jamais den'avoir pas soin de toi.

» (XXXI)Si l'on regarde les dieux comme la source de tous les biens, on aura de la piété, car « la piété envers les dieux semesure sur le bien qu'ils font.

» Le culte qu'on rend aux dieux doit être conforme aux coutumes du pays; il faut faireses offrandes « avec pureté, sans négligence, sans irrévérence, sans mesquinerie, mais aussi sans une somptuositéqui soit au-dessus de ses forces.

» (XXXI)On peut consulter les oracles, mais seulement lorsque ni la raison, ni les règles d'un autre art ne peuvent nous faireconnaître l'objet recherché.

Quel que soit l'oracle, il est facile d'en faire un bon usage.

« Présente-loi donc avecconfiance devant les dieux, comme si tu voulais leur demander des conseils.

» (XXXI)Les maximes que nous venons de citer ou d'analyser suffisent à faire connaître le Manuel d'Epictète.

Mais, lorsquel'on veut porter un jugement sur la doctrine de ce philosophe, il faut compléter le Manuel à l'aide des Discoursqu'Arrien nous a conservés.

« Les Entretiens, dit Martha, nous font voir le moraliste de plus près, plus au naturel,dans la familiarité de ses conversations philosophiques avec ses amis et ses disciples.

Au lieu d'imposer des loiscomme dans le Manuel, il discute, il cherche à persuader.....En lisant les Entretiens, on est tout étonné et charméde se trouver en face d'un homme, quand, jusque-là, on n'avait contemplé dans le Manuel que la statue en marbreou en bronze de l'idéal stoïcien.

». »

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