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Une fiction peut-elle être vraie?

Publié le 17/01/2005

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L'idea est la forme visible par l'oeil de l'esprit. Elle est ce qu'il y a de plus réel dans le réel, à la fois forme et structure de ce qui constitue les objets existants. Toute Idée génère la réalité sensible par participation : une action est juste quand elle participe de l'Idée de Justice, un corps est beau quand il participe de l'Idée de Beauté, mais les objets fabriqués par les artisans participent eux-aussi de l'Idée de Lit, de Maison, de Tunique, etc. Chaque être existant, qu'il soit naturel ou fabriqué, tire donc sa réalité vraie de la participation à l'Idée dont il procède. L'Idée est à la fois transcendante et immanente, origine et finalité : elle est l'essence des choses. Des rapports de l'être et du connaître Dans le livre VII de la République, Platon expose les rapports entre l'être et la connaissance à l'aide de l'allégorie de la caverne, représentation "illustrée" d'un exposé mathématique présenté au livre VI. Au monde sensible, composé de choses perçues et de leurs formes dégradées, ombres ou mirages, correspond la connaissance sensible, qui relève du domaine de l'opinion. Celle-ci se répartit en deux domaines : la croyance ou la perception pour les choses sensibles, l'illusion ou la conjecture pour les formes inférieures. Au monde intelligible, finalisé par l'Idée du Bien, qui éclaire toutes les autres Idées ou formes, correspond une connaissance intellectuelle par Idées. Les objets mathématiques appartiennent au monde intelligible et sont l'objet d'une connaissance discursive.

« La connaissance est unification.

Pas de connaissance sans données sensibles ; mais les formes a priori de la sensibilité (espace et temps) unifient déjà les données de l'expérience.

Puis cette expérience sensible estunifiée sous les catégories de l ‘entendement.

La raison, enfin, a pour destination d'unifier toute la connaissance en un système sous des idées, le moi, le monde et Dieu.

Ces idées ne sont donc que des formesorganisatrices, ou des « principes régulateurs ».

Il y a illusion dès lors que la raison nous induit, par son essence même, à prêter à ces idées une valeur objective, et à vouloir faire de la psychologie et de la théologie des sciences à part entière, alors que nous n'avons aucune expérience sensible de ces objets, et ne pouvons en aucune façon en avoir.La dialectique a pour tâche de nous prémunir contre cette apparence trompeuse qui consiste à prêter une valeur objective à ces pures formes de la raison.L'illusion de la psychologie rationnelle (ou paralogisme) consiste à transformer le « je pense », forme a priori d'unification de mes connaissances, en un être substantiel, à faire du pur sujet de la pensée un objet de la pensée.

L'illusion peut alors se développer en une pseudo-science de la nature, de l'origine et de l'immortalité du moi.L'illusion cosmologique objectivise l'idée du monde comme unité suprême de l'expérience externe.

L'illusion se révèle à travers les quatre antinomies qui permettent, concernant quatre « propriétés » du monde, de soutenir à la fois la thèse et l'antithèse.¨ Première antinomie : le monde a un commencement dans le temps et il est limité dans l'espace/ le monde n'a pas de commencement dans le temps et n'est pas limité dans l'espace. ¨ Seconde antinomie : tout ce qui existe est composé d'éléments simples / il n'existe rien de simple dans le monde (divisibilité à l'infini). ¨ Troisième antinomie : tout n'est pas soumis au déterminisme, il existe une causalité libre / il n'existe pas de causalité libre. ¨ Quatrième antinomie : il existe un être nécessaire, comme partie ou cause du monde / il n'existe pas d'être nécessaire, ni dans le monde, ni en dehors. En l'absence du critère de l'expérience, la raison démontre aussi bien le pour que le contre.

Surgit alors le fantôme du scepticisme.

Mais Kant pense échapper au scepticisme justement en mettant à nu le sophisme, qui fait glisser d'une idée de la raison à son existence comme chose en soi objective.

La raison est à elle-même son propre remède : c'est la démarche critique.Il en va de même, enfin, concernant la théologie rationnelle qui entretient l'illusion de preuves de l'existence de Dieu, preuves que Kant démonte une à une, montrant leur valeur purement spéculative. Avant Kant, Hume avait déjà soumis ces trois idées, le moi, le monde, Dieu, à une critique définitive en en montrant la connaissance illusoire.

Mais Hume , en sceptique, concluait à l'inutilité, voire au caractère néfaste de ces idées pour la science, Kant, au contraire, malgré leur charge d'illusion, leur accorde un rôle positif suprême comme pôle d'unification systématique de la connaissance humaine. Les idées de la raison n'ont pas de valeur transcendante (objective), mais uniquement une valeur régulatrice et organisatrice dans l'interprétation de l'expérience.

Sans elles, pas de système, mais une simplejuxtaposition de savoirs locaux (ce qui reproché à l'empirisme).Il reste que l'illusion interne à la raison et l'usage illégitime des facultés qu'elle provoque naissent d'un désir irrépressible, celui de faire connaître les choses en soi au-delà des limites de l'expérience (usagetranscendantal), ou pire, comme on vient de le voir, de constituer de simples conditions de la connaissance en objets de cette connaissance (usage transcendant ou constitutif).D'où vient ce besoin qu'a la raison de franchir les limites de l'expérience et d'engendrer ainsi, non des erreurs contingentes et accidentelles, mais des illusions structurelles, des faux problèmes inéluctables ?Pourquoi l'illusion transcendantale ne disparaît-elle pas, lors même qu'elle est dévoilée ?C'est que l'intérêt spéculatif trahit un intérêt encore plus haut de la raison, un intérêt qui la porte vers les choses en soi : l'intérêt pratique ou moral.L'intérêt pratique concerne trois objets : la liberté de la volonté, l'immortalité de l'âme et l'existence de Dieu.

Et c'est le besoin pratique de connaître les fins de l'action humaine qui pousse la raison à l'usagetranscendant des facultés.

« La métaphysique, cette science tout à fait à part qui consiste dans des connaissances rationnelles spéculatives et qui s'élève au-dessus des instructions de l'expérience en ne s'appuyant que sur de simples concepts (et non pas comme les mathématiques en appliquant ces concepts à l'intuition) et où par conséquent la raison n'a d'autre maîtresse qu'elle-même, cette science n'a pas encore été assez favorisée du sortpour entrer dans le sûr chemin de la science.

Et pourtant elle est plus veille que toutes les autres et elle subsisterait toujours alors même que celles-ci disparaîtraient toutes ensemble dans le gouffre de la barbarie.La raison s'y trouve continuellement dans l'embarras...

Quant à mettre ses adeptes d'accord dans leurs assertions, elle en est tellement éloignée qu'elle semble n'être qu'une arène exclusivement destinée à exercerles forces des jouteurs et où aucun champion n'a jamais pu se rendre maître de la plus petite place...

»Kant.COMMENTAIRE. Les premières pages de la préface à la deuxième édition de la « CRP » rappellent les conquêtes solides de la raison humaine au cours de l'histoire ; d'abord la logique inchangée depuis Aristote qui doit sa rigueur et sa certitude à ceci que « l'entendement ne s'y occupe que de lui-même et de sa forme ».

Puis les mathématiques qui travaillent sur un objet (par exemple la géométrie étudient des figures dans l'espace) mais de telle sorte que le mathématicien construit a priori son objet et n'en « dégage que ce que lui-même y fait entrer par la pensée » ; en fin la physique qui suppose l'expérience, mais une expérience ordonnée, rationalisée par des concepts de sorte que « la raison prend les devants avec les principes qui déterminent ses jugements selon des lois constantes et force la nature à répondre à ses questions ».

En logique, en mathématique, en physique tous les esprits compétents parviennent à un accord, aboutissent aux mêmes théorèmes ou aux mêmes lois ; et cet accord est un signe ou tout au moins une solide présomption devérité.

Mais que dire de la métaphysique ? · « ...

la métaphysique qui consiste dans des connaissances rationnelles spéculatives... » Expliquons ces termes qui cernent le champ de la métaphysique avec rigueur.

Bien que la métaphysique soit apparentée à la religion par son objet (il s'agit de l'âme, du monde comme totalité, de Dieu) elle en diffèrepar sa méthode.

La religion repose sur la révélation alors que la métaphysique prétend nous enseigner par les seules forces de la raison ce que sont l'âme, le monde et dieu.

Les prétendues connaissancesmétaphysiques sont des connaissances rationnelles.

C'est la prétention rationnelle à connaître l'absolu que Kant va soumettre à sa critique.

Précisons qu'il s'agit de connaissances spéculatives, théorétiques qui se proposent simplement de déterminer leur objet, tandis qu'une discipline pratique (et non spéculative) comme la morale veut réaliser son objet, traduire dans une action concrète une idée de la raison. · « ...

La métaphysique qui s'élève au-dessus des instructions de l'expérience en ne s'appuyant que sur de simples concepts (et non pas comme les mathématiques en appliquant ces concepts àl'intuition). » Rappelons que pour Kant il y a trois sortes de jugements : des jugements analytiques qui sont a priori (les corps sont étendus) ; des jugements synthétiques a posteriori (quand je dis cette boîte est rouge.

Le prédicat rouge ne saurait être tiré du concept général de boîte.

Ce jugement est synthétique et ne peut être posé qu'après l'expérience.) ; et enfin des jugements synthétiques a priori.

Par exemple, la somme desangles d'un triangle...

ou que l'âme est immortelle, j'attribue au triangle et à l'âme des propriétés qui enrichissent leur concept (synthétiques) et qui cependant ne sont pas données dans l'expérience (a priori).

Pouraffirmer que la somme des angles du triangle vaut deux droits, en effet, je n'ai pas eu besoin de consulter l'expérience, de mesurer.

Car j'ai démontré le théorème au lieu de constater un résultat empirique.

En cesens une proposition mathématique (la somme des angles...) et une proposition métaphysique (l'âme est immortelle) s'élèvent l'une et l'autre « au-dessus des instructions de l'expérience ».

elles sont des jugements synthétiques a priori.

Cependant elles différent sur un point qui suffit à fonder la légitimité des mathématiques et à montrer le vide de la prétendue connaissance métaphysique.

C'est que lesmathématiques supposent non seulement des concepts a priori, mais une intuition de l'espace qui est une « forme a priori de mon sensibilité » c'est-à-dire un cadre universel, et nécessaire de notre faculté humaine de perception.

Le géomètre, par exemple, qui construit à partir de concepts, de définitions des figures dans l'espace, « applique les concepts à une intuition ».

Or la métaphysique ne repose que sur des concepts. Nous ne connaissons le monde que réfracté à travers les cadres subjectifs de l'espace et du temps.

Nous ne connaissons que des « phénomènes ».

Le « noumène » échappe aux prises de notre connaissance spéculative.

Certes, l'entendement (Verstand) grâce à ses catégories peut « épeler les phénomènes », peut mettre de l'ordre dans les apparences et construire une science.

Mais au-delà , la connaissance est impuissante.

Si la raison (Vernumft) veut poursuivre son effort de liaison et d'unification au-delà de l'expérience sensible elle ne rencontre que le vide.

Le métaphysicien est pareil à une colombe naïve qui sentant dansson vol la résistance de l'air « pourrait s'imaginer qu'elle volerait bien mieux encore dans le vide ».

Ainsi Platon veut-il évacuer l'obstacle du sensible et voyager « sur les ailes des Idées dans les espaces vides de la raison pure ».

C'est là une ambition chimérique. · « ....

La métaphysique est plus vieille que toutes les autres sciences...

gouffre de la barbarie. » Il faut comprendre que la métaphysique est vouée à l'échec ; cet échec vient du fait que toutes nos intuitions sont des intuitions sensibles, que nous n'avons pas d'intuitions intellectuelles, que nous ne connaîtronsjamais que des phénomènes.

Mais dans le troisième partie de la « CRP », c'est-à-dire dans la « Dialectique transcendantale », Kant pose un autre problème.

Comment se fait-il que les hommes continuent toujours à faire de la métaphysique ? La critique Kantienne n'arrêtera pas l'essor de la métaphysique.

« La métaphysique subsistera toujours ».

Dans le paragraphe 4 des « Prolégomènes », Kant compare la métaphysique à l'écume qui se forme au-dessus de la vague, une écume qui se reforme toujours même si on veut l'épuiser.

Pour Kant, il ne s'agit donc pas seulement de réfuter les illusions métaphysiques, il faut rendre compte de leur persistance, en chercher la cause « dans les profondeurs ».

Il faut découvrir la racine de l'illusion métaphysique.

La métaphysique apparaît comme une disposition naturelle et invincible de la raison humaine.

Elle n'est pas d'origine affective (besoin de croire, de se rassurer).

La métaphysique est un besoin de la raison qui poursuit sans cesse au-delà de toute expérience possible son entreprise d'unificationdes concepts : elle cherche l'unité de toutes mes pensées dans l'idée de l'âme substance, elle cherche à unifier toute la série des conditions des phénomènes donnés dans l'idée de monde.

Elle veut déterminer tousles concepts par rapport à un concept suprême qui les contienne tous et qui est Dieu.

Ces trois idées de l'âme du monde et de Dieu, qui résultent de liaisons subjectives de nos concepts, le métaphysicien les prendpour des choses en soi.

D'une simple tendance de la raison, le métaphysicien fait un objet. · « ...

La raison se trouve continuellement dans l'embarras. » Cet embarras apparaît dans l'incurable diversité des systèmes métaphysiques (le champ de bataille).

Le désaccord des métaphysiciens est un indice d'erreur comme l'accord des savants un indice de vérité.Mais l'embarras de la raison apparaît avec une évidence particulière lorsque le métaphysicien essaie de concevoir le monde dans son unité (cosmologie rationnelle) car ici on peut également démontrer le pour et lecontre (démontrer que le monde a eu un commencement, car « l'infini en arrière est impossible ») et qu'il n'a pas eu de commencement car la raison demande la cause de la cause et l'origine de l'origine).

La raison pure, privée du point d'appui de l'expérience se perd dans les antinomies. CONCLUSION.Ces quelques lignes extraites de la préface de la deuxième édition de la « CRP » nous ont permis de dégager quelques idées fondamentales de Kant. Ø L'opposition entre la validité de la science qui certes suppose les synthèses a priori de notre entendement, mais s'appuie dans son effort de rationalisation sur le donné intuitif ; et la vanité de lamétaphysique qui opérant en dehors de toute intuition ne rencontre que le vide.Ø La persistance de l'illusion métaphysique qui exprime une tendance à l'unification invincible dans la raison humaine.

C'est la raison qui invente le fantôme de l'âme comme substance parce qu'elle supposeréalisée l'unification complète de mes états d'âme dans le temps ; c'est la raison qui non contente de découvrir dans les phénomènes du monde l'occasion d'appliquer son exigence de causalité invente unecausalité du monde, un fondement unique (Dieu) à tout ce qui se passe dans l'univers.

La métaphysique n'est pas une illusion du coeur, mais une illusion de la raison.

Donc la vérité est universelle et dépasse l'individu.

Utilisez des exemples : Le père Goriot, de Balzac, Madame Bovary, de Flaubert, Dorian Gray, de Wilde, sont des personnages devenus universels et sont « vrais ».

Ils se sont,d'ailleurs, incarnés dans le réel.ConclusionUn certain imaginaire (en art, littérature, etc.) est universel et susceptible d'être appelé vrai.. »

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